Réméré vs viager : quelles différences ?

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
16 September 2025

Dans l’univers de l’immobilier et des solutions alternatives de financement ou de cession, deux mécanismes attirent particulièrement l’attention : la vente à réméré et la vente en viager. Bien que souvent cités dans les mêmes discussions, ces dispositifs présentent des particularités très différentes — tant en termes d’objectifs, de modalités, de risques que d’avantages. Pour situer d’emblée les atouts et limites du réméré, vous pouvez aussi consulter « Vente à réméré : avantages et inconvénients ».

Qu’est-ce que la vente à réméré ?

Définition et cadre juridique

La vente à réméré — ou « vente avec faculté de rachat » — permet à un propriétaire de céder un bien immobilier à un acquéreur, tout en conservant la possibilité de rachat du bien dans un délai défini. Selon le site de l’étude notariale à Niort : « Le cadre de cette vente immobilière particulière est fixé par le Code civil. » En d’autres termes, le vendeur reste titulaire du droit d’usage (ou jouissance) du bien, moyennant une indemnité d’occupation, dans la période de l’opération. Pour une approche strictement juridique et les articles applicables, reportez-vous à « Vente à réméré : définition juridique (Code civil, art. 1659 à 1673) ».

Fonctionnement typique

Voici les grandes étapes d’un réméré : Le propriétaire (vendeur) vend le bien à un investisseur ou marchand de biens. Le prix de vente est souvent inférieur à la valeur totale du bien (ex. 40-60 % selon les montages) pour tenir compte du droit de rachat et de l’indemnité d’occupation. Une convention d’occupation est prévue : l’ancien propriétaire peut rester dans les lieux contre paiement d’une indemnité d’occupation. Le vendeur dispose d’un délai (parfois jusqu’à 5 ans) pour exercer son droit de rachat, en rachetant le bien au prix fixé initialement ou selon une clause prévue. Si le rachat n’est pas exercé, l’acquéreur devient plein propriétaire du bien. Pour une vue d’ensemble des étapes et des délais moyens, consultez « Vente à réméré : durée légale et délais moyens ».

Objectifs et contexte d’usage

La vente à réméré est souvent utilisée lorsqu’un propriétaire souhaite dégager rapidement des liquidités (ex : dettes, besoin de trésorerie) ; mais souhaite conserver la possibilité de récupérer le bien ultérieurement ; ou souhaite éviter une saisie immobilière ou un blocage bancaire. Si votre objectif est d’éviter une saisie tout en vous laissant une porte de sortie, la page « Vente à réméré après commandement de payer » explique comment articuler la procédure avec un réméré.

Avantages et limites

Avantages : Liquidités rapides. Droit de rachat (donc conservation potentielle du patrimoine). Possibilité de rester dans le bien pendant la période d’occupation. Limites / risques : Le coût total peut être élevé (honoraires, indemnité d’occupation, frais de rachat). Le vendeur doit prévoir le rachat ou la sortie : s’il ne rachete pas, il perd le bien. Le prix de vente initial est souvent très décoté par rapport à la valeur vénale. Pour une analyse structurée des points forts et points de vigilance, référez-vous à « Vente à réméré : avantages et inconvénients ».

Qu’est-ce que la vente en viager ?

Définition et cadre juridique

La vente en viager est un dispositif par lequel un vendeur (appelé « crédirentier ») cède un bien immobilier à un acquéreur (« débirentier ») en échange d’un capital versé à la signature (le « bouquet ») et/ou d’une rente viagère périodique versée par l’acquéreur au vendeur jusqu’au décès de ce dernier. Le bien peut être cédé librement à l’acquéreur (viager libre) ou bien le vendeur peut conserver un droit d’usage et d’habitation jusqu’au décès (viager occupé). Pour approfondir les différences de logique entre trésorerie immédiate et rente à vie, voyez « Vente à réméré ou portage immobilier : quelle différence en 2025 ? ».

Fonctionnement typique

Le vendeur et l’acquéreur conviennent de la valeur vénale du bien. Le montant du bouquet et/ou de la rente est fixé en fonction de l’âge du vendeur, de l’espérance de vie, de la valeur du bien, du type (libre/occupé). Le vendeur peut continuer d’habiter le bien s’il s’agit d’un viager occupé. L’acheteur verse périodiquement (mensuellement, trimestriellement…) la rente viagère. La cession est définitive : le vendeur ne récupère pas le bien (sauf clauses très spécifiques). Si vous hésitez entre monétiser immédiatement ou percevoir une rente, comparez avec « Vente à réméré ou prêt hypothécaire : quel choix selon votre situation ? ».

Objectifs et contexte d’usage

La vente en viager s’adresse typiquement à des seniors qui souhaitent obtenir un complément de revenus pour la retraite, tout en restant éventuellement dans leur logement ; céder leur bien mais garder un niveau de vie décent. Du côté de l’acquéreur, c’est un moyen d’investir avec une décote possible (en cas de viager occupé, l’acquéreur accepte de ne pas pouvoir occuper ou louer directement). Pour une comparaison synthétique des profils et objectifs, voir « Vente à réméré ou vente avec complément de prix : différences clés ».

Avantages et limites

Avantages : Pour le vendeur : capital + rente garantie à vie (en théorie). Pour l’acheteur : possibilité d’acquérir un bien à un prix « réduit » ou avec paiement différé. Limites / risques : Le destin du vendeur dépend de son espérance de vie : l’aléa est important. Le vendeur cède définitivement son bien : il n’y a plus de retour. L’acheteur prend un risque de longévité (si le vendeur vit longtemps, l’acquéreur peut payer beaucoup). Le mécanisme est parfois peu liquide. Pour sécuriser le choix en présence d’une caution ou d’un crédit en cours, vous pouvez consulter « Vente à réméré et prêt hypothécaire ».

Réméré vs Viager : les différences fondamentales

Durée de l’opération

Réméré : durée déterminée, en général de quelques mois à quelques années (souvent jusqu’à 5 ans). Viager : durée indéterminée, dépendant de la vie du vendeur. Pour les délais et pratiques constatées en réméré, voir « Vente à réméré : durée légale et délais moyens ».

Possibilité de rachat

Réméré : le vendeur conserve un droit de rachat. Viager : pas de droit de rachat pour le vendeur (cession définitive). Pour comprendre les modalités précises d’un rachat réussi, référez-vous à « Vente à réméré : conditions pour racheter son bien ».

Objectif principal

Réméré : obtenir de la trésorerie rapide tout en espérant récupérer le bien. Viager : obtenir un revenu régulier (et/ou capital immédiat) pour la vie du vendeur, quitte à perdre définitivement le bien. Pour évaluer le coût global de l’option « trésorerie immédiate », voyez « Vente à réméré : quel est le coût réel en 2025 ? ».

Nature de l’aléa

Réméré : l’aléa est faible concernant la durée, car elle est contractuellement limitée. Viager : l’aléa est important, car le coût/valorisation dépend de la longévité du vendeur. Si votre priorité est de maîtriser le calendrier et les issues possibles, la page « Vente à réméré : conséquences si le bien n’est pas racheté » détaille les scénarios de sortie.

Fiscalité et coût

En viager : la rente est imposable (avec abattement selon âge). Le bouquet peut être exonéré sous certaines conditions. En réméré : les droits de mutation sont souvent réduits si le rachat est exercé. Les frais d’occupation en réméré (indemnité) peuvent représenter un pourcentage important du prix. Pour une lecture complète des incidences fiscales, consultez « Vente à réméré : fiscalité, impôts et plus-value ».

Risques pour chacune des parties

Pour le vendeur en réméré : risque de ne pas racheter le bien et le perdre. Pour l’acheteur en réméré : risque que le vendeur rachète, ou que l’indemnité d’occupation ne couvre pas entièrement le maintien du bien. Pour le vendeur en viager : risque de recevoir peu si la vie est courte, ou de céder un bien très apprécié. Pour l’acheteur en viager : risque de payer longtemps voire trop longtemps, ou que le bien nécessite des travaux importants. Pour une check-list des pièges à éviter côté réméré, voyez « Vente à réméré : arnaques possibles et précautions à prendre ».

Quel dispositif pour quel profil ?

Profil adapté à la vente à réméré

Propriétaire actif (entrepreneur, salarié, retraité) confronté à un besoin ponctuel de trésorerie ou à un blocage bancaire. Qui souhaite garder une possibilité de récupération du bien. Qui accepte de rester dans les lieux contre indemnité et planifie sa sortie. Pour valider votre éligibilité et le niveau de décote applicable, référez-vous à « Vente à réméré éligibilité ».

Profil adapté à la vente en viager

Senior propriétaire souhaitant sécuriser un revenu complémentaire pour la vie. Qui est prêt à céder définitivement le bien et souhaite rester éventuellement dans le bien (viager occupé). Investisseur souhaitant acquérir un bien en acceptant le mécanisme de rente/risque longévité. Pour une alternative quand l’objectif est surtout la transmission ou la trésorerie successorale, voyez « Vente à réméré : régler ses frais de succession sans perdre son bien ».

Critères à étudier avant décision

Valeur vénale du bien. Montant du bouquet (viager) ou prix de vente / indemnité d’occupation (réméré). Âge, état de santé du vendeur (viager). Conditions de rachat (réméré). Charges, frais, fiscalité. Mission du bien (habitation, location, investissement). Solvabilité et sérieux de l’acquéreur ou investisseur. Pour clarifier « qui paie quoi » dans un réméré, consultez « Vente à réméré : qui paye quoi entre investisseur, vendeur et notaire ? ».

Cas pratique chiffré

Pour illustrer, prenons un bien estimé à 1 000 000 €. En réméré L’investisseur achète à 60 % → prix de vente 600 000 €. Indemnité d’occupation : par exemple 10 %/an soit 60 000 €/an durant 2 ans = 120 000 €. Le vendeur/ancien propriétaire peut racheter à 600 000 € à échéance ou revendre à un tiers. En viager Bouquet : 300 000 €. Rente : 3 500 €/mois (soit 42 000 €/an). Si le vendeur vit 20 ans : 300 000 + (42 000 × 20) = 1 140 000 €. Si le vendeur ne vit que 3 ans : 300 000 + (42 000 × 3) = 426 000 €. Cela montre l’impact majeur de la durée dans le viager. Pour simuler un réméré et tester un plan de rachat viable, utilisez notre simulateur de vente à réméré.

Conseils avant de se lancer

Toujours consulter un notaire ou un avocat spécialisé avant de signer. Vérifier la solvabilité de l’acquéreur/investisseur. Pour le réméré : bien planifier le rachat (source de trésorerie à prévoir). Pour le viager : prendre en compte l’espérance de vie, l’état du bien, les frais potentiels. Étudier la fiscalité personnalisée, notamment pour la rente viagère. Anticiper les charges (taxe foncière, gros travaux) selon type de contrat. Vérifier les clauses : indexation de la rente, révision indemnité, droit d’usage/habitation. Pour une synthèse opérationnelle et des cas d’usage, téléchargez le « Guide complet de la vente à réméré (PDF gratuit) ».

FAQ (Foire Aux Questions)

Q1. Peut-on transformer une vente en viager en vente à réméré ?

Non : les mécanismes sont différents. La vente à réméré prévoit un droit de rachat, alors que la vente en viager est définitive. Pour comprendre les alternatives voisines, consultez « Vente à réméré ou portage immobilier : quelle différence en 2025 ? ».

Q2. Quel dispositif est “le meilleur” ?

Cela dépend de votre objectif : si vous cherchez une trésorerie rapide et souhaitez récupérer le bien : réméré. Si vous êtes senior et cherchez un revenu régulier sans rachat : viager.

Q3. Quelle fiscalité pour la rente viagère ?

La rente est imposable mais bénéficie d’un abattement selon l’âge du crédirentier : par exemple 30 % pour un premier versement à plus de 69 ans.

Q4. Dans la vente à réméré, que se passe-t-il en cas de non-rachat ?

Si le vendeur ne rachète pas dans le délai prévu, l’acquéreur devient plein propriétaire du bien. Pour anticiper ce scénario, voir « Vente à réméré : conséquences si le bien n’est pas racheté ».

Q5. Le vendeur en viager peut-il rester habiter dans le bien ?

Oui, s’il s’agit d’un viager occupé, le vendeur conserve un droit d’usage et d’habitation jusqu’à son décès.

Q6. Quelles sont les charges à prévoir pour l’acquéreur en viager occupé ?

En viager occupé, le vendeur (occupant) prend en général en charge l’entretien courant, l’énergie, la taxe foncière, tandis que l’acquéreur supporte les grosses réparations (sauf clause différente).

Pour une vision d’ensemble et des explications détaillées (fonctionnement, risques, fiscalité, étapes chez le notaire, alternatives), consultez la page de référence vente à réméré.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.