Vente à réméré pour payer ses impôts

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
29 October 2025

Lorsqu’un contribuable accumule des dettes fiscales, la pression du Trésor public devient rapidement intenable. Mise en demeure, commandement de payer, saisie immobilière : les procédures peuvent se déclencher en quelques semaines et mettre en péril la résidence principale. Pourtant, il existe une solution légale et efficace pour rembourser ses impôts sans perdre son bien : la vente à réméré. Ce mécanisme méconnu permet d’obtenir rapidement les liquidités nécessaires pour solder sa dette, tout en conservant le droit de racheter son logement. C’est une stratégie de rétablissement financier à la fois sécurisée et temporaire, qui transforme la valeur du patrimoine en levier de redressement.

Le principe de la vente à réméré appliquée aux dettes fiscales

La vente à réméré repose sur un principe simple mais puissant. Le propriétaire vend temporairement son bien immobilier à un investisseur tout en se réservant le droit exclusif de le racheter dans un délai convenu, généralement compris entre un et cinq ans. Ce mécanisme juridique, prévu aux articles 1659 et suivants du Code civil, offre une solution immédiate à ceux qui ne peuvent plus faire face à leurs dettes fiscales. Les fonds issus de la vente sont versés directement par le notaire au Trésor public, permettant ainsi d’éteindre la dette et de stopper toute procédure de saisie. Le vendeur reste occupant du bien et continue à l’utiliser moyennant une indemnité d’occupation mensuelle.

Bon à savoir

Contrairement à un crédit, la vente à réméré ne nécessite pas d’examen de solvabilité. La valeur du bien suffit à garantir l’opération, ce qui en fait une solution accessible même aux propriétaires fichés Banque de France.

Quand le fisc menace le patrimoine immobilier

En cas de non-paiement répété de l’impôt sur le revenu, de la taxe foncière ou de la TVA, le Trésor public enclenche une série de mesures coercitives. Après plusieurs relances, une mise en demeure est adressée. Si aucune régularisation n’intervient, un commandement de payer peut être délivré, puis transformé en saisie immobilière. À ce stade, le contribuable risque de voir son logement vendu aux enchères à un prix inférieur à sa valeur réelle. La vente à réméré intervient alors comme un moyen de désamorcer cette situation critique. En procédant à une cession temporaire, le propriétaire obtient les liquidités nécessaires pour apurer sa dette et suspendre toutes les procédures engagées.

Conseil d’expert

Plus l’opération est engagée tôt, plus elle est efficace. Une vente à réméré réalisée avant la publication du commandement de payer permet de stopper les poursuites sans passer devant le juge.

Le rôle central du notaire dans le règlement des dettes fiscales

Le notaire joue un rôle clé dans la sécurisation de la vente à réméré. Il rédige l’acte, vérifie les conditions légales et gère la distribution des fonds. Lors de la transaction, il verse directement le montant des dettes au Trésor public afin de garantir l’apurement complet du dossier fiscal. Cette transparence rassure les investisseurs tout en protégeant le vendeur. Le notaire enregistre également le droit de rachat dans l’acte authentique, ce qui empêche toute revente à un tiers avant la fin du délai prévu. Le propriétaire reste donc protégé juridiquement tout au long de la durée du contrat. Pour le déroulé pratique, voir le cadre « vente à réméré chez le notaire ».

Quels impôts peuvent être payés grâce à une vente à réméré ?

La vente à réméré peut permettre de régler la quasi-totalité des dettes fiscales dues par un particulier ou un professionnel. Elle concerne notamment l’impôt sur le revenu, la taxe foncière, la taxe d’habitation, la TVA ou les cotisations professionnelles. Le dispositif est particulièrement utile pour les entrepreneurs individuels, artisans ou commerçants ayant accumulé plusieurs années de dettes auprès du fisc. En libérant de la trésorerie, le réméré restaure la stabilité financière et met fin aux poursuites. Il peut également inclure le paiement d’autres créances urgentes comme les charges sociales (URSSAF) ou bancaires. Un panorama complet est présenté dans notre page dédiée aux dettes fiscales et réméré.

Exemple concret

Madame R., propriétaire d’un appartement estimé à 320 000 euros à Lyon, accumule 70 000 euros de dettes fiscales après plusieurs années de difficultés professionnelles. Le Trésor public lui adresse un commandement de payer suivi d’une saisie. En urgence, elle recourt à une vente à réméré. Son bien est temporairement cédé pour 230 000 euros à un investisseur. Le notaire règle immédiatement la dette fiscale et les frais liés à la procédure. Madame R. reste dans son logement en payant une indemnité d’occupation de 900 euros par mois. Trois ans plus tard, elle rachète son bien grâce à un prêt immobilier, après avoir rétabli sa situation professionnelle. La vente à réméré lui a évité une perte sèche de patrimoine et un traumatisme familial.

Les avantages de la vente à réméré dans un contexte fiscal

La rapidité du dispositif constitue l’un de ses principaux atouts. Contrairement à un crédit bancaire, qui exige des justificatifs et des délais, la vente à réméré peut être finalisée en quelques semaines. Elle est également adaptée aux profils exclus du système bancaire, tels que les propriétaires en situation de surendettement. De plus, elle offre une grande souplesse : le propriétaire conserve l’usage du bien, tout en disposant du temps nécessaire pour reconstituer son capital ou obtenir un financement. Enfin, la vente à réméré évite la vente aux enchères, où les biens sont souvent cédés à bas prix. Pour une vue d’ensemble des bénéfices et limites, consultez avantages et inconvénients du réméré.

À retenir

La vente à réméré permet de solder les dettes fiscales sans perdre définitivement son bien, tout en offrant un cadre légal clair et encadré par un notaire.

Vente à réméré et stratégie de rachat

Une fois la dette fiscale apurée, l’objectif du vendeur est de racheter son bien avant la fin du délai prévu. Pour cela, il peut recourir à un prêt immobilier, à une revente classique ou à une solution de refinancement hypothécaire. Le notaire fixe à l’avance le prix de rachat, ce qui évite toute incertitude. Le propriétaire a ainsi une visibilité complète sur les conditions de restitution du bien. Cette période transitoire doit être mise à profit pour reconstituer une capacité d’emprunt et retrouver une situation financière stable.

Erreur fréquente

Certains vendeurs attendent la dernière minute pour préparer le rachat. Il est essentiel d’anticiper cette étape dès la signature du contrat afin de garantir une issue favorable.

Vente à réméré et fiscalité de l’opération

Contrairement à une idée reçue, la vente à réméré n’efface pas les dettes sans conséquence fiscale. Elle s’accompagne du paiement des droits de mutation et d’éventuelles plus-values, selon la nature du bien. Toutefois, ces frais sont souvent minimes au regard des bénéfices obtenus : arrêt immédiat des poursuites, suppression des saisies, et maintien de la stabilité du foyer. Le notaire informe toujours le vendeur des incidences fiscales exactes avant signature ; vous pouvez aussi vous référer à notre guide « fiscalité du réméré ».

FAQ – Vente à réméré pour payer ses impôts

Peut-on faire une vente à réméré si le Trésor public a déjà engagé une saisie ?

Oui, à condition que la vente intervienne avant la vente aux enchères. Une fois le jugement rendu, il est trop tard pour y recourir.

La vente à réméré est-elle acceptée pour une dette de TVA ou de cotisations professionnelles ?

Oui, le dispositif s’applique aussi bien aux dettes personnelles qu’aux dettes liées à une activité professionnelle individuelle.

Combien de temps faut-il pour récupérer son bien ?

Le délai est fixé dans l’acte notarié, souvent entre 12 et 36 mois, selon les capacités de financement du vendeur.

Peut-on continuer à habiter dans son logement pendant le réméré ?

Oui, le vendeur peut rester dans le bien en versant une indemnité d’occupation convenue à l’avance.

Le Trésor public peut-il refuser le paiement issu d’une vente à réméré ?

Non, dès que le notaire effectue le règlement, la dette fiscale est considérée comme soldée, et les poursuites sont suspendues.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.