Vente à réméré pour payer ses dettes

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
29 October 2025

Les dettes peuvent rapidement devenir un fardeau insurmontable pour les propriétaires. Qu’il s’agisse d’un découvert bancaire, d’arriérés d’impôts, de dettes professionnelles ou d’un crédit en impayé, les risques sont multiples : fichage Banque de France, saisie immobilière, perte du logement. Dans ce contexte, la vente à réméré s’impose comme une solution alternative efficace. Elle permet de vendre temporairement son bien immobilier afin de rembourser ses dettes, tout en gardant la possibilité de le racheter une fois la situation stabilisée. Contrairement à une vente classique, le propriétaire conserve un droit de rachat prioritaire, lui offrant ainsi une seconde chance financière. Cet article détaille comment la vente à réméré peut devenir un outil de désendettement puissant pour sauver un patrimoine en péril.

Le fonctionnement de la vente à réméré

La vente à réméré repose sur une base juridique solide, inscrite dans le Code civil. Elle consiste à céder temporairement son bien immobilier à un investisseur tout en conservant un droit de rachat exclusif pour une durée allant généralement de 12 à 60 mois. Pendant cette période, le vendeur occupe toujours le bien, en versant une indemnité d’occupation mensuelle. Le prix de vente est fixé en dessous de la valeur réelle du marché, souvent entre 60 et 80 % du prix estimé, afin de compenser le risque pris par l’investisseur. L’argent obtenu lors de la vente permet de solder immédiatement les dettes les plus urgentes. Lorsque le vendeur retrouve une situation stable, il peut exercer son option de rachat et redevenir pleinement propriétaire du bien. Ce mécanisme évite la perte du logement et permet une respiration financière immédiate.

Pourquoi la vente à réméré est adaptée au paiement des dettes

Le principal avantage du réméré pour un propriétaire endetté est la rapidité d’accès à la trésorerie. En quelques semaines, il peut obtenir les fonds nécessaires pour rembourser ses créanciers, lever une hypothèque ou stopper une procédure judiciaire. Contrairement à un crédit hypothécaire, la vente à réméré ne dépend pas de la solvabilité du vendeur. Elle repose avant tout sur la valeur du bien immobilier et sur la faisabilité du rachat futur. Cette approche patrimoniale en fait une solution précieuse pour les propriétaires fichés Banque de France ou refusés par les établissements de crédit.

La vente à réméré permet également de regrouper toutes les dettes en une seule opération. Le produit de la vente sert à désintéresser l’ensemble des créanciers : banques, huissiers, impôts, fournisseurs ou organismes sociaux. Une fois les dettes réglées, le vendeur repart sur des bases saines, sans fichage ni poursuite, et conserve son logement en vue d’un futur rachat.

Bon à savoir

La vente à réméré ne doit pas être confondue avec un rachat de crédit ou un prêt hypothécaire. Il s’agit d’une vente immobilière réelle, assortie d’un droit de rachat. Le bien est temporairement transféré à l’investisseur, mais le vendeur garde une priorité légale pour le récupérer, à un prix convenu dès le départ.

Les types de dettes concernées

La vente à réméré peut couvrir tous types de dettes, à condition que le bien concerné ait une valeur suffisante pour rembourser les montants dus. Parmi les dettes les plus fréquemment réglées grâce à ce dispositif figurent les retards de crédit immobilier, les découverts bancaires importants, les dettes fiscales, les charges sociales (URSSAF), les dettes professionnelles pour les dirigeants d’entreprise, ou encore les dettes liées à des impayés fournisseurs.

Dans de nombreux cas, elle permet également de stopper une procédure de saisie immobilière en cours, à condition d’intervenir avant la vente aux enchères du bien.

Le processus de désendettement par la vente à réméré

Lorsqu’un propriétaire opte pour le réméré, le processus débute par une estimation précise de la valeur de son bien. Cette étape est essentielle pour déterminer la somme qui pourra être dégagée. Un expert immobilier ou un notaire évalue le bien sur la base du marché local. Ensuite, un investisseur est sollicité pour proposer une offre d’achat. Après validation des conditions, la vente est conclue chez le notaire.

Les dettes sont remboursées directement avec le produit de la vente. Le vendeur reste occupant du logement pendant toute la durée du contrat et dispose d’un délai défini pour le racheter. Durant cette période, il peut reconstituer sa trésorerie, stabiliser ses revenus et préparer le financement du rachat par un prêt hypothécaire de rachat ou une vente classique.

Cette phase de transition est déterminante, car elle permet d’éviter le basculement vers le surendettement ou la liquidation judiciaire.

Exemple concret

Un propriétaire en difficulté possède une maison estimée à 300 000 euros. Il doit 180 000 euros à sa banque et 40 000 euros de dettes fiscales et personnelles. Les relances s’accumulent, et une procédure de saisie est imminente. Grâce à la vente à réméré, il vend temporairement sa maison à un investisseur pour 240 000 euros, soit 80 % de sa valeur. Le notaire règle les dettes directement à la banque et au Trésor public. Le propriétaire conserve 20 000 euros de trésorerie pour ses frais courants. Pendant deux ans, il occupe la maison en payant une indemnité mensuelle, le temps de stabiliser sa situation et d’obtenir un financement pour le rachat. Il évite ainsi la saisie et reste dans son logement.

Encadré – Erreur fréquente

Beaucoup de propriétaires pensent que la vente à réméré efface automatiquement toutes les dettes. En réalité, elle ne permet de rembourser que celles couvertes par le produit de la vente. Si le montant total des dettes dépasse la valeur du bien, une partie restera à la charge du vendeur. D’où l’importance d’une estimation réaliste et d’un calcul précis avant toute signature.

Les avantages concrets pour un vendeur endetté

La vente à réméré offre plusieurs bénéfices immédiats. D’abord, elle évite la saisie immobilière et la vente forcée à un prix décoté. Ensuite, elle restaure la crédibilité financière du propriétaire en soldant ses dettes et en supprimant les fichages Banque de France. Elle permet également de conserver l’usage du bien, contrairement à une vente définitive. Enfin, elle offre une perspective de rachat du bien et de reconstitution de patrimoine à moyen terme. Ce dispositif permet ainsi de traverser une période critique sans perdre définitivement son logement.

À retenir

La vente à réméré n’est pas un simple recours d’urgence, mais une véritable stratégie de désendettement. Elle donne le temps de réorganiser ses finances, de restaurer sa solvabilité et de rebâtir un projet de vie. En ce sens, elle constitue un levier de redressement patrimonial avant tout.

Le rôle du notaire dans le paiement des dettes

Le notaire joue un rôle central dans l’opération de réméré. Il s’assure que la vente respecte le cadre légal et que les fonds sont utilisés conformément à leur objectif. Dès la signature, il procède au remboursement des créanciers identifiés : banques, administrations fiscales, huissiers ou organismes sociaux. Cette intervention sécurise le processus et garantit la transparence de la transaction. En outre, le notaire conserve le droit de rachat dans l’acte de vente, protégeant ainsi les intérêts du vendeur.

Le montant de trésorerie à prévoir

Pour que la vente à réméré soit réellement utile au paiement des dettes, le bien doit disposer d’une valeur libre suffisante, c’est-à-dire d’une différence significative entre sa valeur estimée et le montant total des dettes. En général, il faut qu’au moins 25 à 30 % de la valeur du bien soit disponible. Ce seuil permet de rembourser les créanciers tout en couvrant les frais de transaction et les indemnités d’occupation. En dessous de cette marge, le réméré devient difficilement applicable.

Conseil d’expert

Avant de se lancer dans une vente à réméré, il est essentiel de dresser un bilan complet des dettes et de hiérarchiser les priorités de paiement. L’objectif n’est pas seulement de dégager des liquidités, mais de retrouver un équilibre financier durable. Un accompagnement professionnel, par un courtier spécialisé ou un expert en financement alternatif, permettra de négocier les meilleures conditions et d’éviter une sous-évaluation du bien.

FAQ – Vente à réméré pour payer ses dettes

Peut-on utiliser la vente à réméré pour rembourser toutes ses dettes ?

Oui, à condition que le produit de la vente couvre la totalité des dettes et des frais. Le notaire répartit ensuite les sommes entre les créanciers.

La vente à réméré est-elle risquée ?

Non, si elle est bien encadrée. Le risque principal réside dans l’incapacité du vendeur à racheter le bien dans le délai prévu.

Quel délai pour récupérer son bien ?

Le vendeur dispose d’un délai de 6 mois à 5 ans selon les termes du contrat, pour racheter son bien à un prix fixé dès le départ.

Peut-on faire un réméré sur un bien hypothéqué ?

Oui, mais seulement si la valeur libre est suffisante pour rembourser la dette hypothécaire initiale.

Faut-il être propriétaire occupant pour en bénéficier ?

Non, les biens locatifs ou mixtes peuvent aussi faire l’objet d’une vente à réméré, selon la stratégie patrimoniale du vendeur.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.