La vente à réméré, ou vente avec faculté de rachat, est prévue aux articles 1659 à 1673 du Code civil. Elle permet à un propriétaire en difficulté de vendre temporairement son bien tout en conservant le droit de le racheter dans un délai maximum de cinq ans. Ce mécanisme, souvent utilisé pour éviter une saisie immobilière ou lever un fichage bancaire, n’est pas un crédit mais une vente sous condition résolutoire : le vendeur reprend la propriété s’il rembourse le prix et les frais convenus. Mais lorsque les conditions financières deviennent excessives, la vente peut être requalifiée en pacte commissoire, une clause expressément interdite par le Code civil.
Le pacte commissoire : définition et interdiction
L’article 2348 du Code civil définit le pacte commissoire comme une clause selon laquelle, en cas de défaillance du débiteur, le créancier deviendra automatiquement propriétaire du bien gagé. Ce mécanisme, qui permettrait d’éviter les procédures de saisie, est prohibé dès lors qu’il porte sur la résidence principale du débiteur (article 2452 du Code civil). En pratique, une vente à réméré mal structurée — avec un prix de rachat excessif, une indemnité d’occupation élevée ou une absence de véritable faculté de rachat — peut être jugée comme un pacte commissoire déguisé, et donc nulle (voir la jurisprudence sur le réméré).
Deux décisions de justice illustrent ce risque :
- Cass. civ. 3e, 24 juin 2021, n° 18-19.771 : la Cour de cassation a annulé une vente à réméré sur la résidence principale du vendeur, estimant qu’elle dissimulait une opération de crédit usuraire.
- Lexbase, 29 mai 2014 – Requalification d’une vente à réméré en pacte commissoire prohibé : la Haute Juridiction a rappelé que la simple coexistence d’un prêt et d’un acte de vente ne suffit pas à prouver la fraude, mais qu’une disproportion manifeste entre les prix peut révéler une intention de contourner la loi.
Les signes d’une vente à réméré risquant la requalification
Les tribunaux examinent plusieurs indices concrets pour déterminer si une vente à réméré reste une véritable cession immobilière ou dissimule un prêt usuraire (voir les précautions à prendre).
Le prix de vente
Un prix de vente manifestement inférieur à la valeur du marché peut être interprété comme une volonté de transférer temporairement la propriété à titre de garantie.
Le prix de rachat
S’il est nettement supérieur au prix de vente, la différence peut être assimilée à des intérêts déguisés — un critère essentiel dans les affaires de requalification.
L’indemnité d’occupation
Elle doit rester raisonnable : une indemnité supérieure à 8-10 % du prix de vente par an est souvent considérée comme excessive par les juges.
L’intention des parties
Le juge recherche la finalité économique du contrat. Si la vente vise uniquement à obtenir une trésorerie et non à transférer la propriété, l’opération s’apparente à un crédit masqué, donc à un pacte commissoire prohibé (voir conditions de validité du réméré).
Comment sécuriser une vente à réméré
Pour qu’une vente à réméré soit juridiquement sûre, plusieurs précautions s’imposent :
- Encadrement notarial strict : l’acte doit être authentique et détailler clairement le prix, les délais et les conditions du rachat.
- Prix cohérent avec le marché : l’écart entre le prix de vente et le prix de rachat doit rester justifiable (frais, garanties, durée).
- Accompagnement juridique indépendant : vendeur et acquéreur doivent être représentés par leurs propres conseils.
- Simulation financière préalable : vérifier que le rachat est réaliste et économiquement possible dès la signature.
Chez PraxiFinance, chaque dossier est analysé avec une rigueur extrême :
- aucune opération n’est acceptée sans plan de sortie clairement défini dès le départ,
- les conditions financières sont validées par un notaire spécialisé,
- et les investisseurs partenaires respectent les standards déontologiques et légaux les plus stricts du marché.
Cette approche garantit à nos clients un montage sécurisé, loin des dérives sanctionnées par la jurisprudence (voir notre analyse des avantages et inconvénients).
Un équilibre entre financement et protection
La vente à réméré demeure un outil puissant de désendettement et de préservation du patrimoine, mais elle exige une mise en œuvre irréprochable.
La moindre irrégularité peut transformer un mécanisme légal en contrat nul pour cause de pacte commissoire.
En s’entourant d’un acteur expérimenté comme PraxiFinance, le propriétaire bénéficie d’un cadre juridique rigoureux, d’un accompagnement notarial complet et d’un plan de rachat réaliste.
FAQ – Vente à réméré et pacte commissoire
La vente à réméré peut-elle être annulée plusieurs années après sa signature ?
Oui, si une irrégularité grave est prouvée — par exemple, un prix de vente trop faible ou un rachat manifestement impossible — le juge peut requalifier le contrat en pacte commissoire même plusieurs années après sa signature.
Le notaire peut-il être tenu responsable en cas de vente à réméré requalifiée ?
Oui. Si le notaire n’a pas suffisamment informé le vendeur des risques ou n’a pas vérifié la cohérence économique du contrat, sa responsabilité civile professionnelle peut être engagée.
Comment savoir si une vente à réméré respecte la législation actuelle ?
Il faut vérifier que la vente a bien été réalisée devant notaire, que le prix de vente correspond à la valeur du marché et que le délai de rachat est clairement mentionné dans l’acte. Un guide complet de la vente à réméré permet d’en connaître tous les critères légaux.
Peut-on cumuler une vente à réméré avec un autre type de financement ?
Oui, mais uniquement si les deux opérations sont indépendantes. Par exemple, un propriétaire peut réaliser un réméré puis, après assainissement de sa situation, contracter un prêt hypothécaire pour racheter son bien.
Le pacte commissoire est-il toujours interdit en matière immobilière ?
Il est interdit pour les résidences principales et pour toute opération où la clause donne automatiquement la propriété au créancier. En revanche, certains montages professionnels encadrés peuvent en contenir l’esprit, à condition qu’ils respectent les garanties prévues par la loi.
Pour aller plus loin, découvrez comment la vente à réméré peut offrir une seconde chance aux propriétaires en difficulté en leur permettant de récupérer leur bien tout en stoppant la saisie.


