Vente à réméré et pacte commissoire : un équilibre fragile à maîtriser

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
30 October 2025

La vente à réméré, ou vente avec faculté de rachat, est prévue aux articles 1659 à 1673 du Code civil. Elle permet à un propriétaire en difficulté de vendre temporairement son bien tout en conservant le droit de le racheter dans un délai maximum de cinq ans. Ce mécanisme, souvent utilisé pour éviter une saisie immobilière ou lever un fichage bancaire, n’est pas un crédit mais une vente sous condition résolutoire : le vendeur reprend la propriété s’il rembourse le prix et les frais convenus. Mais lorsque les conditions financières deviennent excessives, la vente peut être requalifiée en pacte commissoire, une clause expressément interdite par le Code civil.

Le pacte commissoire : définition et interdiction

L’article 2348 du Code civil définit le pacte commissoire comme une clause selon laquelle, en cas de défaillance du débiteur, le créancier deviendra automatiquement propriétaire du bien gagé. Ce mécanisme, qui permettrait d’éviter les procédures de saisie, est prohibé dès lors qu’il porte sur la résidence principale du débiteur (article 2452 du Code civil). En pratique, une vente à réméré mal structurée — avec un prix de rachat excessif, une indemnité d’occupation élevée ou une absence de véritable faculté de rachat — peut être jugée comme un pacte commissoire déguisé, et donc nulle.

Deux décisions de justice illustrent ce risque :

Les signes d’une vente à réméré risquant la requalification

Les tribunaux examinent plusieurs indices concrets pour déterminer si une vente à réméré reste une véritable cession immobilière ou dissimule un prêt usuraire.

Le prix de vente

Un prix de vente manifestement inférieur à la valeur du marché peut être interprété comme une volonté de transférer temporairement la propriété à titre de garantie.

Le prix de rachat

S’il est nettement supérieur au prix de vente, la différence peut être assimilée à des intérêts déguisés — un critère essentiel dans les affaires de requalification.

L’indemnité d’occupation

Elle doit rester raisonnable : une indemnité supérieure à 8-10 % du prix de vente par an est souvent considérée comme excessive par les juges.

L’intention des parties

Le juge recherche la finalité économique du contrat. Si la vente vise uniquement à obtenir une trésorerie et non à transférer la propriété, l’opération s’apparente à un crédit masqué, donc à un pacte commissoire prohibé.

Comment sécuriser une vente à réméré

Pour qu’une vente à réméré soit juridiquement sûre, plusieurs précautions s’imposent :

  • Encadrement notarial strict : l’acte doit être authentique et détailler clairement le prix, les délais et les conditions du rachat.
  • Prix cohérent avec le marché : l’écart entre le prix de vente et le prix de rachat doit rester justifiable (frais, garanties, durée).
  • Accompagnement juridique indépendant : vendeur et acquéreur doivent être représentés par leurs propres conseils.
  • Simulation financière préalable : vérifier que le rachat est réaliste et économiquement possible dès la signature.

Chez PraxiFinance, chaque dossier est analysé avec une rigueur extrême :

  • aucune opération n’est acceptée sans plan de sortie clairement défini dès le départ,
  • les conditions financières sont validées par un notaire spécialisé,
  • et les investisseurs partenaires respectent les standards déontologiques et légaux les plus stricts du marché.

Cette approche garantit à nos clients un montage sécurisé, loin des dérives sanctionnées par la jurisprudence.

Un équilibre entre financement et protection

La vente à réméré demeure un outil puissant de désendettement et de préservation du patrimoine, mais elle exige une mise en œuvre irréprochable.

La moindre irrégularité peut transformer un mécanisme légal en contrat nul pour cause de pacte commissoire.

En s’entourant d’un acteur expérimenté comme PraxiFinance, le propriétaire bénéficie d’un cadre juridique rigoureux, d’un accompagnement notarial complet et d’un plan de rachat réaliste.

Pour approfondir :

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.