Vente à réméré en SCI

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
29 October 2025

La Société Civile Immobilière, souvent utilisée pour gérer un patrimoine familial ou professionnel, peut se retrouver confrontée à des tensions de trésorerie ou à des difficultés de remboursement de prêt. Dans ce contexte, la vente à réméré offre une alternative stratégique au financement bancaire classique. Elle permet à la SCI de vendre temporairement un bien pour obtenir des liquidités immédiates, tout en conservant le droit de le racheter à un prix convenu à l’avance. Toutefois, cette opération nécessite une bonne compréhension des règles juridiques propres aux sociétés civiles et de leurs implications fiscales. Cet article détaille les conditions d’éligibilité, les avantages et les précautions à connaître avant d’engager une vente à réméré en SCI.

Qu’est-ce qu’une vente à réméré en SCI ?

La vente à réméré en SCI est une opération par laquelle la société vend un bien immobilier dont elle est propriétaire à un investisseur, tout en se réservant la possibilité de le racheter ultérieurement à un prix fixé dans l’acte notarié. Cette faculté de rachat est prévue par les articles 1659 et suivants du Code civil (voir Vente à réméré : définition juridique (Code civil)).. Pendant la durée du contrat, la SCI peut continuer à occuper le bien ou à le mettre en location selon les modalités convenues. Cette solution est souvent utilisée lorsque la SCI fait face à un refus de financement bancaire, une mise en demeure de la banque ou une situation de blocage de trésorerie. Elle permet d’éviter la saisie ou la liquidation d’un actif important tout en gagnant du temps pour rétablir sa situation financière.

Bon à savoir

La vente à réméré en SCI ne constitue pas un crédit mais une véritable vente assortie d’un droit de rachat. Elle n’est donc pas soumise aux mêmes contraintes que les opérations de financement classique. Toutefois, elle doit être autorisée par les associés de la SCI et enregistrée dans la comptabilité de la société, car elle a un impact direct sur le bilan et la répartition du capital. Les aspects fiscaux sont détaillés dans la page Fiscalité d’une vente à réméré.

Les conditions d’éligibilité pour une SCI

Pour qu’une SCI puisse recourir à une vente à réméré, plusieurs conditions doivent être réunies. La société doit être propriétaire d’un bien immobilier libre de tout contentieux majeur et dont la valeur est suffisante pour couvrir les dettes à solder (voir Vente à réméré : éligibilité et conditions). L’endettement global ne doit pas dépasser environ 60 % de la valeur estimée du bien, afin de garantir un équilibre entre sécurité de l’investisseur et possibilité de rachat. La décision de procéder à la vente à réméré doit être prise collectivement par les associés, en assemblée générale extraordinaire. Cette décision doit être consignée dans un procès-verbal, annexé à l’acte notarié. Si les statuts prévoient des conditions particulières de cession ou de rachat, elles doivent être respectées scrupuleusement.

Exemple concret

Une SCI familiale détient un immeuble de rapport à Marseille, évalué à 600 000 euros. Suite à des impayés de loyers et à une hausse des charges, la société accumule 250 000 euros de dettes fiscales et bancaires. Les banques refusent tout refinancement. La SCI choisit de recourir à une vente à réméré à hauteur de 350 000 euros, permettant de solder les dettes et de rééquilibrer la trésorerie. Trois ans plus tard, grâce à la reprise locative et à un nouveau financement, la société rachète son bien à 400 000 euros et retrouve sa stabilité.

Les avantages du réméré pour une SCI

Le principal avantage de la vente à réméré en SCI est la rapidité d’obtention de liquidités sans perte définitive de propriété. Contrairement à une vente classique, la SCI conserve la possibilité de récupérer son bien à terme. Cette solution permet également de geler les poursuites judiciaires, d’éviter une saisie immobilière et de préserver la réputation financière de la société. Le réméré peut aussi servir à restructurer le patrimoine de la SCI. Par exemple, en cédant temporairement un actif pour dégager des fonds, la société peut réinvestir dans un autre projet ou réduire son endettement global. Cette flexibilité patrimoniale est particulièrement utile dans un contexte de marché tendu.

À retenir

La vente à réméré permet à une SCI de préserver la continuité de sa gestion tout en faisant face à une situation de crise. Elle évite la cession définitive d’un bien à perte et laisse le temps de redresser la situation financière avant de récupérer la pleine propriété.

Les risques et précautions à prendre

Si le réméré offre une véritable bouffée d’oxygène, il comporte aussi des risques. Le principal danger réside dans l’incapacité de rachat à l’échéance. Si la SCI ne parvient pas à lever l’option de rachat dans le délai prévu (souvent entre 18 et 36 mois), l’investisseur devient définitivement propriétaire du bien. Il est donc essentiel d’anticiper un plan de financement concret dès la signature. Une autre précaution concerne la fiscalité. L’opération étant considérée comme une vente, elle peut générer une plus-value imposable, même si le bien est ensuite racheté. Le notaire et l’expert-comptable doivent donc coordonner leurs analyses pour éviter toute erreur d’imputation comptable.

Conseil d’expert

Avant de signer une vente à réméré en SCI, il est crucial d’obtenir l’accord de l’ensemble des associés et de vérifier que les statuts autorisent une telle opération. Une consultation notariale et juridique permet d’écarter tout risque de nullité. De plus, il est recommandé de prévoir une durée de rachat réaliste, compatible avec les capacités financières de la société et le calendrier de refinancement envisagé.

Le rôle de l’investisseur dans la vente à réméré en SCI

L’investisseur qui rachète le bien prend un risque financier mesuré, puisqu’il immobilise une somme importante pendant plusieurs mois ou années sans garantie absolue de rachat. En contrepartie, il perçoit une indemnité d’occupation et un prix de rachat supérieur au prix initial. Pour la SCI, il s’agit d’un partenaire financier ponctuel, non d’un prêteur. Ce rapport de confiance impose une transparence totale. L’investisseur doit être informé de la situation réelle de la société, des éventuelles dettes fiscales ou sociales et de la stratégie de sortie envisagée. Une communication claire dès le départ facilite l’accord et sécurise l’ensemble des parties.

Les alternatives au réméré pour une SCI

Avant d’envisager une vente à réméré, une SCI peut explorer d’autres solutions de refinancement : renégociation bancaire, prêt hypothécaire, portage immobilier, ou cession temporaire d’actif. Cependant, ces options exigent souvent des garanties que les sociétés en difficulté ne peuvent pas fournir. Le réméré reste alors la solution la plus souple pour préserver le patrimoine.

FAQ – Vente à réméré en SCI

Une SCI endettée peut-elle faire une vente à réméré ?
Oui, à condition que la dette n’excède pas environ 60 % de la valeur du bien et qu’aucune procédure judiciaire irréversible ne soit en cours.

Les associés doivent-ils tous donner leur accord ?
Oui, la vente engage la société. Un procès-verbal d’assemblée générale est obligatoire.

Peut-on racheter le bien avant la fin du délai ?
Oui, le rachat anticipé est possible si la SCI dispose des fonds nécessaires.

La vente à réméré entraîne-t-elle une fiscalité lourde ?
Elle est soumise à la fiscalité des plus-values immobilières, mais le notaire peut optimiser la déclaration selon le projet de rachat.

Peut-on occuper le bien pendant la période de réméré ?
Oui, la SCI peut continuer à percevoir les loyers ou occuper le bien moyennant une indemnité d’occupation fixée à l’avance.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.