Redressement judiciaire et crédit hypothécaire

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
27 October 2025

Lorsqu’un chef d’entreprise voit son activité placée en redressement judiciaire, la recherche de liquidités devient un enjeu vital. La poursuite d’activité, le paiement des dettes urgentes et le maintien de la confiance des partenaires nécessitent une solution rapide et flexible. Si le crédit hypothécaire peut parfois être envisagé, il reste souvent difficile à obtenir pour une société en procédure collective. À l’inverse, la vente à réméré représente une alternative concrète : elle permet de dégager immédiatement des fonds tout en conservant la possibilité de racheter le bien à terme.

Comprendre la vente à réméré en période de redressement judiciaire

La vente à réméré est une cession temporaire de bien immobilier assortie d’une faculté de rachat. Le chef d’entreprise vend son bien (bureaux, locaux, entrepôt, résidence secondaire…) à un investisseur tout en se réservant le droit de le racheter dans un délai de 6 à 36 mois. Cette opération, encadrée par le Code civil (articles 1659 à 1673), offre un double avantage : obtenir des liquidités immédiates pour financer la continuité d’activité, et préserver la maîtrise du patrimoine grâce à la clause de rachat.

Bon à savoir

Contrairement à un crédit bancaire, la vente à réméré ne dépend pas du scoring financier de l’entreprise. Ce sont la valeur du bien et la viabilité du plan de redressement qui déterminent l’éligibilité.

Pourquoi la vente à réméré est souvent plus adaptée qu’un crédit hypothécaire

Les entreprises en redressement rencontrent rarement des banques prêtes à financer leur relance. Le crédit hypothécaire suppose en effet un plan de remboursement et des garanties de revenus que la procédure collective rend incertaines. La vente à réméré, elle, s’appuie uniquement sur la valeur réelle du patrimoine immobilier. Le notaire affecte directement le produit de la vente au paiement des dettes les plus urgentes : salaires, fournisseurs, impôts ou loyers. Cette solution redonne une respiration immédiate à la trésorerie, sans attendre de validation bancaire ni d’accord de financement complexe.

Erreur fréquente

Croire qu’un redressement judiciaire bloque toute possibilité de refinancement. En réalité, le réméré contourne cet obstacle en transformant un actif existant en ressource de trésorerie.

Les avantages de la vente à réméré pendant un redressement judiciaire

  • Liquidités rapides : les fonds sont versés sous 10 à 20 jours après signature de l’acte notarié.
  • Protection du patrimoine : le bien reste récupérable grâce à la faculté de rachat.
  • Souplesse juridique : le montage s’intègre dans le plan de redressement validé par le tribunal.
  • Aucune dilution du capital : le dirigeant conserve le contrôle de son entreprise.
  • Solution confidentielle : contrairement à une cession judiciaire ou à une liquidation, l’opération reste privée et discrète.

À retenir

La vente à réméré n’est pas un emprunt, mais un levier temporaire pour refinancer l’entreprise sans recourir aux banques.

Précautions avant de mettre en place une vente à réméré

Comme toute opération financière, le réméré engage un bien immobilier et doit être préparé avec soin. Le dirigeant doit s’assurer que le prix de vente couvre les dettes urgentes et laisse une marge suffisante pour relancer l’activité. Le juge-commissaire et le mandataire judiciaire doivent être informés de l’opération afin de garantir sa conformité à la procédure collective. L’accompagnement par un expert en solutions de financement alternatif est fortement recommandé, notamment pour choisir un investisseur fiable et obtenir des conditions justes.

Conseil d’expert

La vente à réméré peut être combinée à une fiducie-sûreté ou à un portage immobilier pour structurer un plan de redressement plus global.

Exemple concret d’un redressement réussi grâce à la vente à réméré

Une PME du bâtiment, placée en redressement judiciaire, devait apurer 200 000 € de dettes sociales et fournisseurs. Le dirigeant possédait un entrepôt évalué à 500 000 €. Grâce à une vente à réméré, il a dégagé 300 000 € de liquidités, permettant de rembourser les dettes prioritaires et de financer la reprise des chantiers. Deux ans plus tard, après validation du plan par le tribunal, l’entreprise a racheté l’entrepôt au prix convenu initialement. La solution a permis d’éviter la liquidation et de restaurer la confiance des partenaires.

Un levier stratégique pour éviter la liquidation judiciaire

La vente à réméré s’impose comme une solution de survie pour les dirigeants souhaitant éviter la liquidation judiciaire. Elle transforme un actif immobilier en outil de financement opérationnel et donne le temps nécessaire pour restaurer la rentabilité. C’est un instrument transitoire mais décisif, qui complète les mécanismes de sauvegarde et les plans d’apurement de dettes.

FAQ – Redressement judiciaire et vente à réméré

Peut-on vendre un bien en réméré pendant le redressement ?

Oui, à condition d’obtenir l’accord du juge-commissaire et du mandataire judiciaire.

La vente à réméré peut-elle sauver l’entreprise d’une liquidation ?

Oui, en apportant immédiatement les fonds nécessaires au maintien de l’activité et au paiement des dettes urgentes.

Quels biens peuvent être vendus en réméré ?

Les locaux professionnels, entrepôts, bureaux, ou même la résidence principale du dirigeant si elle n’est pas protégée.

Combien de temps dure une vente à réméré ?

En général entre 6 et 36 mois, selon les conditions fixées à l’acte notarié.

Que se passe-t-il si l’entreprise ne rachète pas le bien ?

Le bien devient la propriété définitive de l’investisseur, mais la dette initiale est effacée et l’entreprise a pu se relancer entre-temps.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.