Redressement judiciaire

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
27 October 2025

Le redressement judiciaire est une procédure légale encadrée par le Code de commerce, conçue pour aider les entreprises en difficulté à se rétablir plutôt qu’à disparaître. Loin d’être une condamnation, il s’agit d’un outil de restructuration et de relance économique. Cette procédure permet de suspendre les poursuites des créanciers, de réorganiser la trésorerie et d’élaborer un plan de remboursement réaliste. Comprendre son fonctionnement, ses acteurs et ses implications est essentiel pour tout dirigeant confronté à des difficultés financières et souhaitant éviter la liquidation.

Qu’est-ce que le redressement judiciaire ?

Le redressement judiciaire est une procédure collective ouverte par le tribunal de commerce lorsqu’une entreprise se trouve en état de cessation de paiements, c’est-à-dire lorsqu’elle ne peut plus faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Contrairement à la liquidation judiciaire, cette procédure a pour objectif de maintenir l’activité, de préserver les emplois et de permettre l’apurement du passif par l’élaboration d’un plan de redressement. Durant toute la procédure, l’entreprise reste sous la supervision du tribunal et des organes de la procédure : le mandataire judiciaire, l’administrateur et le juge-commissaire. Ensemble, ils évaluent la viabilité de l’entreprise et accompagnent le dirigeant dans la mise en œuvre d’une stratégie de redressement durable.

Bon à savoir

Le redressement judiciaire ne peut être demandé que si un espoir de relance existe. Le tribunal refuse son ouverture lorsqu’il estime que la situation de l’entreprise est irrémédiablement compromise.

Les conditions d’ouverture du redressement judiciaire

La demande d’ouverture d’un redressement judiciaire doit être déposée par le dirigeant dans un délai maximal de 45 jours après la constatation de la cessation de paiements. Le tribunal peut également être saisi par un créancier ou le ministère public. Une fois la requête déposée, le juge examine les éléments financiers de l’entreprise : bilan, dettes, état des créances et perspectives de redressement. S’il estime que l’entreprise peut encore se relever, il ouvre la procédure et désigne les organes chargés de l’accompagner. Cette décision entraîne la suspension immédiate des poursuites individuelles, offrant ainsi au dirigeant un temps de respiration pour restructurer son activité.

Conseil d’expert

Ne pas attendre que la situation soit critique. Déclarer rapidement la cessation de paiements permet d’éviter la faute de gestion et de garder la confiance du tribunal.

Le déroulement de la procédure de redressement judiciaire

La procédure s’articule autour de plusieurs étapes clés. Dès son ouverture, une période d’observation est instaurée, généralement fixée à six mois renouvelable. Durant cette période, l’administrateur judiciaire dresse un diagnostic complet de l’entreprise, identifie les causes des difficultés et propose des solutions pour assurer sa survie. Le dirigeant continue à gérer son entreprise, mais sous le contrôle du tribunal et des organes de la procédure. À l’issue de cette période, plusieurs options s’offrent au juge : la mise en place d’un plan de redressement, la cession totale ou partielle de l’activité, ou la conversion en liquidation judiciaire si aucune solution viable n’est envisageable.

Erreur fréquente

Certains dirigeants pensent que le redressement est une simple formalité administrative. En réalité, c’est un processus rigoureux, où chaque décision de gestion peut influencer le jugement final.

Les acteurs du redressement judiciaire

Plusieurs intervenants jouent un rôle essentiel dans la réussite du redressement judiciaire. Le dirigeant demeure au cœur du processus, car il détient la connaissance opérationnelle de l’entreprise. Le mandataire judiciaire représente les intérêts des créanciers, tandis que l’administrateur judiciaire assiste le chef d’entreprise dans la gestion courante et la préparation du plan de redressement. Le juge-commissaire supervise le bon déroulement de la procédure et tranche les litiges éventuels. Le ministère public peut également intervenir pour s’assurer que les intérêts économiques et sociaux soient respectés, notamment la sauvegarde de l’emploi.

À retenir

Une communication claire et régulière avec les organes de la procédure renforce la crédibilité du dirigeant et maximise les chances de réussite du plan de redressement.

Les effets du redressement judiciaire sur l’entreprise

Dès l’ouverture de la procédure, toutes les poursuites individuelles sont suspendues, et les dettes antérieures sont gelées. Cela signifie que les créanciers ne peuvent plus exiger le paiement immédiat de leurs créances. En parallèle, les contrats en cours, sauf résiliation décidée par le tribunal, continuent à produire leurs effets. L’entreprise peut ainsi maintenir son activité tout en préparant sa restructuration. Les salariés, quant à eux, bénéficient d’une garantie des salaires via l’AGS, évitant ainsi toute rupture brutale des contrats de travail. Cette protection juridique vise à donner à l’entreprise le temps nécessaire pour se réorganiser.

Exemple concret

Une PME spécialisée dans la fabrication de mobilier se retrouve en cessation de paiements après la perte d’un client majeur. Le tribunal ouvre une procédure de redressement judiciaire. Grâce à un plan élaboré avec l’administrateur, l’entreprise recentre son activité sur le sur-mesure et renégocie ses contrats fournisseurs. Parallèlement, elle obtient un financement hypothécaire pour relancer la production. En deux ans, elle parvient à rétablir sa trésorerie et le tribunal clôture la procédure, constatant le succès du plan de redressement.

Sorties possibles du redressement judiciaire

Trois issues principales existent à la fin de la période d’observation. La plus favorable est la mise en œuvre d’un plan de redressement, permettant à l’entreprise de poursuivre son activité. Si la situation est viable mais nécessite une transmission, le tribunal peut ordonner une cession totale ou partielle. Enfin, si le redressement échoue, la procédure peut être convertie en liquidation judiciaire. Le choix dépend du diagnostic économique, de la qualité du plan et de la bonne foi du dirigeant. Une gestion rigoureuse et une communication transparente avec les créanciers sont les meilleures garanties d’une issue positive.

Le rôle de l’accompagnement juridique et financier

Sortir du redressement judiciaire sans accompagnement est risqué. Un avocat en droit des entreprises en difficulté et un conseil financier spécialisé peuvent aider à sécuriser la procédure, négocier les délais de paiement, préparer les documents juridiques et identifier les solutions de financement adaptées. Leur expertise permet souvent d’éviter la liquidation en apportant des alternatives concrètes : fiducie-sûreté, restructuration de dettes ou crédit hypothécaire professionnel.

FAQ – Redressement judiciaire

Le redressement judiciaire entraîne-t-il la perte du contrôle de l’entreprise ?
Non, le dirigeant conserve souvent la gestion, sous la supervision de l’administrateur.

Quelle est la différence entre redressement et liquidation judiciaire ?
Le redressement vise la survie de l’entreprise, la liquidation met fin à son activité.

Peut-on éviter le redressement judiciaire ?
Oui, grâce à des procédures amiables comme le mandat ad hoc ou la conciliation.

Combien de temps dure un redressement judiciaire ?
En général, entre un an et trois ans selon la complexité du plan.

Le redressement judiciaire est-il public ?
Oui, il est publié au BODACC, ce qui le rend accessible aux tiers.

En cas de besoin de financement immédiat pour relancer l’activité, la vente à réméré peut également constituer une solution complémentaire pour éviter la liquidation et préserver le patrimoine professionnel.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.