Lorsqu’une entreprise entre en redressement judiciaire, la question du financement devient immédiatement centrale. Les comptes sont gelés, la trésorerie est tendue et les partenaires bancaires se montrent frileux. Pourtant, sans fonds de roulement, aucune relance n’est possible. La survie de l’entreprise dépend alors de la capacité du dirigeant à mobiliser rapidement de nouvelles liquidités pour payer les charges courantes, maintenir l’activité et préserver les emplois. Il existe aujourd’hui des solutions concrètes, parfois méconnues, qui permettent d’obtenir un financement même en période de redressement judiciaire. Crédit hypothécaire, portage immobilier, refinancement d’actifs ou mobilisation de créances : chaque levier a ses spécificités et son rôle à jouer dans un plan de redressement viable. Cet article détaille les principales options de financement adaptées aux entreprises en difficulté, leurs avantages, leurs contraintes et la manière de les activer efficacement dans le cadre d’une procédure judiciaire.
Le financement, enjeu majeur du redressement judiciaire
L’ouverture d’un redressement judiciaire ne signifie pas la fin de l’activité, mais une mise sous protection temporaire. Le tribunal suspend les poursuites des créanciers et ouvre une période d’observation destinée à évaluer la viabilité de l’entreprise. Pendant cette phase, il est indispensable de maintenir un minimum de trésorerie pour couvrir les dépenses incompressibles : salaires, loyers, charges sociales ou achats nécessaires à la production. Cependant, l’accès au crédit classique est généralement impossible. Les banques considèrent le risque trop élevé et exigent des garanties souvent inaccessibles. Le dirigeant doit donc se tourner vers des solutions alternatives capables de mobiliser rapidement des fonds tout en s’inscrivant dans le cadre légal du redressement. Ces solutions reposent le plus souvent sur le patrimoine professionnel ou personnel, sur la valorisation des actifs existants ou sur des dispositifs de financement spécialisés. Pour cadrer ces choix avec le calendrier procédural, il faut tenir compte des décisions décrites dans le redressement judiciaire jugement et des objectifs d’un plan de redressement.
Le crédit hypothécaire professionnel
Le crédit hypothécaire professionnel est l’une des solutions les plus efficaces pour dégager rapidement des liquidités pendant un redressement judiciaire. Il consiste à obtenir un prêt en mettant en garantie un bien immobilier appartenant à l’entreprise ou à son dirigeant. Cette garantie rassure les prêteurs alternatifs, souvent des établissements spécialisés hors du circuit bancaire traditionnel. L’intérêt du crédit hypothécaire réside dans sa souplesse. Il permet de financer des besoins de trésorerie immédiats, de rembourser des dettes urgentes ou de relancer l’activité sans céder le bien immobilier. Le montant du financement dépend de la valeur du bien et de sa capacité à être revendu en cas de défaut. En général, le ratio de financement oscille entre 50 et 70 % de la valeur estimée du bien. Ce type de financement peut être mobilisé aussi bien sur un local professionnel, un entrepôt ou même une résidence principale si le dirigeant en est propriétaire. PraxiFinance accompagne régulièrement des dirigeants en redressement pour structurer ce type d’opération, dans le respect du plan validé par le tribunal.
Le portage immobilier
Le portage immobilier est une autre solution particulièrement adaptée aux entreprises en redressement judiciaire disposant d’un patrimoine immobilier. Il s’agit d’une vente temporaire du bien à un investisseur avec une faculté de rachat à terme, généralement fixée entre 12 et 36 mois. L’entreprise ou le dirigeant reste occupant du bien pendant toute la durée du portage et conserve la possibilité de le racheter à un prix déterminé à l’avance. Cette opération permet de dégager immédiatement des liquidités tout en maintenant l’exploitation du bien. L’argent obtenu peut être utilisé pour solder des dettes urgentes, financer la relance de l’activité ou sécuriser un plan de redressement. Contrairement à une vente classique, le portage n’entraîne pas de perte définitive du patrimoine, mais un transfert temporaire de propriété. Ce levier est particulièrement intéressant pour les dirigeants qui souhaitent éviter la liquidation et préserver leur outil de travail. Il s’intègre facilement dans un plan de redressement validé par le tribunal, à condition que les échéances de rachat soient compatibles avec les prévisions financières de l’entreprise.
Le refinancement d’actifs
Une autre solution de financement possible consiste à refinancer les actifs existants. Il peut s’agir de véhicules, de machines, d’équipements industriels ou même de stocks. Le principe du refinancement d’actifs repose sur la valorisation du patrimoine de l’entreprise : les biens déjà acquis sont mis en garantie pour obtenir un financement proportionné à leur valeur résiduelle. Ce dispositif est souvent utilisé dans les entreprises industrielles ou artisanales disposant d’un parc matériel important. Il permet de dégager des ressources sans recourir à un crédit classique et sans céder définitivement les biens. Les sociétés de leasing ou les organismes de financement spécialisés peuvent intervenir même dans le cadre d’une procédure judiciaire, sous réserve d’un accord du tribunal et de l’administrateur judiciaire. Ce type d’opération, bien négociée, redonne de la souplesse financière et permet de financer la reprise de l’activité à court terme tout en respectant le cadre légal du redressement.
Bon à savoir
Pendant une procédure de redressement judiciaire, toute nouvelle dette contractée doit être autorisée par le juge-commissaire. Les financements obtenus avec son accord bénéficient d’un statut privilégié : ils sont considérés comme des dettes postérieures au jugement d’ouverture, donc prioritaires en cas d’échec du plan. Cela constitue un gage de sécurité pour les investisseurs et facilite la mise en place de financements alternatifs. Les dirigeants ont donc tout intérêt à présenter un projet solide et structuré, démontrant que les fonds sollicités seront utilisés pour pérenniser l’activité. Un accompagnement professionnel dans le montage du dossier de financement est souvent déterminant pour convaincre le tribunal et les prêteurs.
Le financement par cession de créances
Certaines entreprises disposent de créances clients importantes, mais ne peuvent pas attendre leur règlement compte tenu de la tension de trésorerie. Dans ce cas, la cession de créances, aussi appelée affacturage, peut constituer une bouffée d’oxygène. Ce mécanisme consiste à céder ses factures à un organisme spécialisé qui en assure le recouvrement immédiat en échange d’une commission. L’avantage est double : l’entreprise récupère immédiatement de la trésorerie et se décharge du risque d’impayé. Même en redressement judiciaire, ce type d’opération reste possible, sous réserve de validation par l’administrateur judiciaire. Certaines sociétés d’affacturage sont spécialisées dans les dossiers complexes et peuvent intervenir dans un contexte de difficulté avérée. C’est une solution particulièrement utile pour les entreprises de services ou de commerce, où les délais de paiement clients pèsent lourdement sur la trésorerie.
Les investisseurs privés et fonds de retournement
En dehors des solutions de financement adossées aux actifs, certaines entreprises en redressement peuvent attirer des investisseurs privés ou des fonds de retournement. Ces acteurs interviennent dans des situations à haut risque, en apportant des capitaux frais pour sauver l’entreprise en échange d’une participation au capital ou d’une rémunération élevée. Leur objectif n’est pas uniquement financier : ils cherchent à restructurer la société, à en redresser la rentabilité et à la revendre une fois stabilisée. Ce type d’intervention demande une négociation fine et une stratégie de sortie claire. Dans certains cas, le fonds devient un partenaire stratégique du dirigeant, lui apportant expertise et soutien dans la mise en œuvre du plan de redressement. Ces opérations sont complexes mais peuvent constituer un levier puissant pour éviter la liquidation lorsque l’activité reste viable et que les perspectives de reprise sont crédibles.
Exemple concret
Une PME spécialisée dans la construction métallique, en redressement judiciaire depuis trois mois, voit ses comptes bloqués et ses fournisseurs exiger des paiements comptants. Le dirigeant détient un entrepôt estimé à 600 000 euros. Grâce à un crédit hypothécaire professionnel de 300 000 euros obtenu via un établissement spécialisé, il parvient à financer la relance de son activité, régler les dettes urgentes et conserver ses salariés. Quelques mois plus tard, l’entreprise retrouve un niveau de trésorerie suffisant pour stabiliser son exploitation et honorer le plan de redressement validé par le tribunal. Ce type d’exemple illustre comment un financement adossé à un actif immobilier peut sauver une activité promise à la liquidation.
Les conditions de réussite d’un financement en redressement judiciaire
Pour qu’un financement soit accordé dans un contexte de redressement judiciaire, il faut démontrer la faisabilité du projet. Les prêteurs, qu’ils soient institutionnels ou privés, exigent des garanties sérieuses sur la capacité de l’entreprise à poursuivre son activité. Cela passe par un plan prévisionnel détaillé, une communication transparente avec l’administrateur judiciaire et la mise en avant des atouts économiques de la société. Le tribunal joue un rôle clé dans la validation du financement. Il doit s’assurer que les fonds obtenus ne serviront pas à creuser davantage la dette mais à favoriser la continuité d’exploitation. Une fois l’autorisation accordée, les sommes levées sont généralement affectées à des besoins précis : relance de production, paiement des charges postérieures ou règlement partiel des créanciers stratégiques.
À retenir
Les solutions de financement pendant un redressement judiciaire existent, mais elles nécessitent un accompagnement technique et juridique rigoureux. Le dirigeant doit savoir identifier les actifs mobilisables et comprendre les implications de chaque levier financier. Un crédit hypothécaire, un portage immobilier ou une cession de créances peuvent changer le destin d’une entreprise, à condition d’être utilisés au bon moment et dans un cadre sécurisé. Un partenaire comme PraxiFinance, expert dans le financement des entreprises en difficulté, peut jouer un rôle déterminant. En centralisant les analyses, en mobilisant les bons interlocuteurs et en négociant avec les investisseurs, il devient possible de transformer une situation critique en plan de relance durable.
FAQ – Redressement judiciaire solution de financement
Peut-on obtenir un financement pendant un redressement judiciaire ?
Oui, à condition que le financement soit validé par le tribunal et qu’il contribue à la poursuite de l’activité.
Le crédit bancaire est-il possible en redressement judiciaire ?
Les banques classiques sont rarement favorables, mais des prêteurs alternatifs proposent des crédits hypothécaires adaptés.
Qu’est-ce qu’un portage immobilier pour une entreprise ?
C’est une vente temporaire d’un bien avec possibilité de rachat, permettant d’obtenir rapidement des liquidités sans perdre le contrôle du patrimoine.
Quel est l’avantage du financement postérieur à l’ouverture du redressement ?
Il bénéficie d’une priorité de remboursement, ce qui sécurise les prêteurs et facilite l’obtention de fonds.
Un particulier peut-il financer une entreprise en redressement ?
Oui, via des plateformes d’investissement ou des fonds de retournement, sous réserve de validation du plan par le tribunal.
Pour compléter la stratégie globale et les impacts sur la gouvernance, consultez la page redressement judiciaire. Et si un actif immobilier peut servir d’amortisseur de crise tout en restant récupérable, la vente à réméré constitue un relais de trésorerie réversible à intégrer au plan.


