Redressement judiciaire et vente à réméré

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
27 October 2025

Lorsqu’une entreprise est placée en redressement judiciaire, le principal enjeu est de préserver la trésorerie et les actifs essentiels à son activité. Les dirigeants cherchent souvent à éviter la liquidation et la saisie des biens professionnels. Dans ce contexte, la vente à réméré se présente comme un levier de financement stratégique. Elle permet de transformer un bien immobilier en liquidités immédiates, tout en conservant la possibilité de le racheter ultérieurement. Cette opération encadrée par un notaire constitue une solution concrète pour financer un plan de redressement, rembourser des dettes urgentes et relancer l’activité sans dépendre des banques traditionnelles.

Comprendre le lien entre redressement judiciaire et vente à réméré

Le redressement judiciaire vise à permettre la poursuite de l’activité, le maintien des emplois et l’apurement du passif. La vente à réméré, de son côté, est une opération de cession temporaire d’un bien immobilier avec faculté de rachat. Elle permet à une entreprise de dégager des liquidités tout en conservant l’usage du bien. Dans le cadre d’un redressement judiciaire, cette solution peut être intégrée au plan pour refinancer l’entreprise sans contracter de nouvelle dette. Le bien vendu fait l’objet d’un acte notarié précisant les conditions de rachat et la durée de l’option, généralement comprise entre 12 et 60 mois.

Les avantages de la vente à réméré pendant un redressement judiciaire

La vente à réméré offre une alternative efficace lorsque les financements bancaires sont inaccessibles. Elle permet d’obtenir des fonds rapidement pour régler les dettes fiscales, sociales ou fournisseurs et ainsi éviter la liquidation. En outre, elle préserve l’exploitation, car l’entreprise peut continuer à occuper les locaux grâce à une convention d’occupation signée avec l’investisseur. Ce dispositif présente également un avantage stratégique : il permet de gagner du temps pour redresser la situation, relancer le chiffre d’affaires et préparer le rachat du bien une fois la stabilité retrouvée.

Fonctionnement de la vente à réméré pour une entreprise en redressement

L’entreprise propriétaire d’un bien immobilier (locaux, entrepôt, bureaux, terrain) vend ce bien à un investisseur tout en conservant le droit exclusif de le racheter à un prix fixé dès le départ. Le montant de la vente est versé immédiatement, offrant une trésorerie utile pour financer les priorités : salaires, charges sociales, dettes bancaires ou fiscales. Pendant toute la durée du contrat, l’entreprise reste dans les lieux et verse une indemnité d’occupation. Au terme de la période convenue, elle peut exercer son option de rachat ou céder définitivement le bien à l’investisseur si la situation ne le permet pas.

Bon à savoir

La vente à réméré est une opération strictement encadrée par le Code civil (articles 1659 à 1673). Elle ne constitue pas un prêt mais une vente temporaire assortie d’une faculté de rachat. Elle est donc accessible même aux entreprises ayant un accès restreint au crédit bancaire.

Exemple concret d’utilisation dans un redressement judiciaire

Une société de transport est placée en redressement judiciaire avec un passif de 400 000 euros et un entrepôt évalué à 600 000 euros. Refusée par les banques, elle recourt à la vente à réméré. Le bien est vendu 400 000 euros à un investisseur, permettant d’apurer immédiatement les dettes urgentes et de financer la reprise d’activité. Trois ans plus tard, l’entreprise ayant retrouvé sa rentabilité rachète son bien grâce à un financement classique. Elle a ainsi évité la liquidation tout en préservant son outil de travail.

Les précautions avant de recourir à la vente à réméré

Avant toute démarche, il est essentiel d’obtenir l’accord du mandataire judiciaire ou du juge-commissaire, car le bien immobilier appartient au patrimoine de l’entreprise sous protection du tribunal. L’opération doit être justifiée par une réelle utilité économique : financement du plan de redressement, maintien des emplois ou apurement du passif. Il est également recommandé de réaliser une évaluation indépendante du bien pour éviter toute sous-valorisation et de prévoir un délai de rachat réaliste en fonction des prévisions de reprise.

Conseil d’expert

La vente à réméré doit s’inscrire dans une stratégie globale de redressement. Elle n’est pas un simple levier financier, mais un outil de restructuration du patrimoine. Bien encadrée, elle peut être la clé d’une relance réussie.

Financer le rachat du bien après un redressement

Lorsque la situation de l’entreprise s’améliore, il devient possible de racheter le bien vendu. Ce rachat peut être financé par un crédit hypothécaire professionnel, une levée de fonds ou un nouvel investisseur. L’avantage du réméré est que la valeur du bien n’a pas été définitivement perdue : l’entreprise peut la récupérer en totalité si elle respecte les conditions prévues dans l’acte.

Vente à réméré et liquidation judiciaire : une distinction essentielle

La vente à réméré est autorisée pendant le redressement judiciaire, mais elle devient beaucoup plus encadrée en cas de liquidation. Dans cette phase, les biens sont gérés par le liquidateur, qui peut décider de vendre le patrimoine pour rembourser les créanciers. Le réméré n’est alors possible que s’il bénéficie directement à la masse des créanciers et avec l’autorisation du tribunal. D’où l’intérêt de l’envisager avant qu’il ne soit trop tard.

Avantages et limites du dispositif

La vente à réméré offre une réelle flexibilité dans la gestion de crise, mais elle comporte aussi des contraintes. L’entreprise doit disposer d’un bien immobilier exploitable, et le coût global (honoraires, indemnité d’occupation, rachat) doit être anticipé dès le départ. Toutefois, comparée à une liquidation judiciaire ou à une perte définitive d’actifs, elle constitue une solution maîtrisée et temporaire.

FAQ – Redressement judiciaire et vente à réméré

Peut-on recourir à une vente à réméré pendant un redressement judiciaire ?
Oui, avec l’accord du mandataire judiciaire et du juge-commissaire, à condition que l’opération serve le plan de redressement.

Quels types de biens peuvent être concernés ?
Les locaux professionnels, entrepôts, terrains ou bureaux appartenant à l’entreprise.

L’entreprise peut-elle continuer à occuper le bien ?
Oui, grâce à une convention d’occupation conclue avec l’investisseur.

Que se passe-t-il si l’entreprise ne rachète pas le bien ?
Elle perd définitivement la propriété du bien, mais la dette initiale reste éteinte.

La vente à réméré est-elle compatible avec un plan de redressement ?
Oui, elle peut être intégrée comme source de financement complémentaire pour apurer le passif.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.

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