Déchéance du terme : éviter la saisie immobilière

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
10 October 2025

La déchéance du terme est une étape décisive dans la relation entre un emprunteur et sa banque. Lorsqu’elle est prononcée, le prêt est considéré comme immédiatement exigible dans son intégralité. Cette décision transforme une situation de retard de paiement en crise majeure : la dette devient totale, et la procédure de saisie immobilière peut être engagée dans les semaines qui suivent. Pour beaucoup de propriétaires, c’est le moment où tout bascule. Pourtant, même après une déchéance du terme, il reste possible d’éviter la saisie et de sauver son bien, à condition d’agir vite et de choisir la bonne stratégie.

Qu’est-ce que la déchéance du terme ?

La déchéance du terme est une clause présente dans tous les contrats de prêt. Elle autorise le prêteur à exiger le remboursement immédiat de la totalité du capital restant dû dès lors qu’un événement de défaillance se produit : impayés répétés, incident de paiement non régularisé, ou procédure de surendettement. En d’autres termes, la banque retire le bénéfice des mensualités échelonnées et réclame d’un seul coup le montant total du prêt, majoré des intérêts et frais.

Concrètement, lorsqu’un emprunteur ne paie plus ses échéances pendant plusieurs mois, la banque le met en demeure de régulariser. Si aucun paiement n’intervient, elle prononce la déchéance du terme et transmet le dossier à son service contentieux. C’est ce service qui mandate un commissaire de justice pour délivrer un commandement de payer valant saisie. Cet acte marque le début officiel de la procédure.
La page « Commandement de payer valant saisie : que faire ? » détaille cette phase où tout s’accélère.

Les conséquences immédiates

La déchéance du terme transforme un prêt long terme en dette instantanée. En une lettre recommandée, la banque met fin à l’échéancier initial et réclame la totalité du capital, des intérêts échus, des pénalités et des frais. Elle peut également exiger la mainlevée anticipée des garanties ou activer l’hypothèque inscrite sur le bien.

À partir de ce moment, la situation devient urgente. L’établissement prêteur n’a plus d’obligation de négocier un rééchelonnement. Son objectif est de recouvrer la dette par voie judiciaire. En pratique, le commandement de payer suit sous un à deux mois. À partir de sa délivrance, le propriétaire dispose d’un délai très court pour régulariser avant la saisie.

Pourquoi la banque agit-elle si vite ?

La déchéance du terme répond à une logique de gestion du risque. Lorsqu’un prêt devient douteux, la banque cherche à sécuriser ses créances avant que la situation financière de l’emprunteur ne se dégrade davantage. Elle préfère recouvrer immédiatement, même partiellement, plutôt que de prolonger un prêt incertain. Cette politique explique pourquoi les négociations sont rarement fructueuses une fois la déchéance prononcée.

Les établissements bancaires ne sont pas tenus d’accepter un plan d’apurement. Ils considèrent la créance comme exigible et peuvent la céder à un fonds de recouvrement. Dès lors, seule une solution globale et immédiate de désintéressement peut stopper la procédure.

Le rôle du juge après la déchéance du terme

Une fois la procédure judiciaire engagée, le juge de l’exécution devient l’arbitre. Il contrôle la régularité du commandement, la légitimité de la dette et la bonne foi du débiteur. À ce stade, le juge ne peut pas annuler la déchéance du terme : il n’en a pas le pouvoir. En revanche, il peut accorder un délai de grâce, suspendre temporairement la saisie ou autoriser une vente amiable.

Pour obtenir cette faveur, le débiteur doit prouver qu’une solution est en cours : promesse de vente, accord de financement ou projet notarié. Les juges privilégient les dossiers où un réméré est déjà engagé, car il s’agit d’un acte concret de remboursement intégral. Cette stratégie est aujourd’hui la plus reconnue pour convaincre le tribunal de suspendre la vente forcée.

Les étapes de la saisie immobilière, décrites dans la page « Étapes de la saisie immobilière : déroulé complet », montrent à quel point la réactivité est déterminante dès la déchéance du terme.

Les erreurs à ne pas commettre

Beaucoup de propriétaires sous-estiment la gravité de la déchéance du terme. Certains pensent encore pouvoir négocier avec leur conseiller ou attendre une issue amiable. Cette attente est fatale : dès que la lettre de déchéance est envoyée, le dossier quitte l’agence pour le service contentieux. À ce stade, il n’y a plus de marge de discussion.

Une autre erreur fréquente consiste à régler partiellement la dette. Un paiement partiel ne suspend pas la procédure. Seul le règlement intégral, ou une opération patrimoniale notariée, peut faire lever la déchéance et stopper la saisie. Enfin, il est risqué de déposer un dossier de surendettement : la banque y voit une reconnaissance d’insolvabilité et accélère souvent la procédure.

Le réméré : solution clé après déchéance du terme

La vente à réméré est aujourd’hui la seule alternative sérieuse à la vente forcée après une déchéance du terme. Ce dispositif, prévu par le Code civil, permet de vendre temporairement le bien à un investisseur tout en conservant le droit exclusif de le racheter dans un délai de douze à vingt-quatre mois.

Le notaire rédige l’acte, règle directement la banque et procède à la levée de l’hypothèque. Le propriétaire reste occupant, verse une indemnité d’occupation et se donne le temps de rétablir sa situation financière. Cette opération suspend immédiatement la procédure judiciaire. Le juge en est informé par l’avocat, qui demande un sursis à statuer le temps que le notaire finalise la transaction.

Cette méthode est plébiscitée par les avocats en droit immobilier car elle réunit trois atouts : rapidité d’exécution, sécurité juridique et préservation du patrimoine. Contrairement au rachat de crédit, elle ne nécessite pas d’accord bancaire. Contrairement à la vente classique, elle laisse la possibilité de racheter son bien.

Comment l’avocat construit la défense

Dès que la déchéance du terme est prononcée, l’avocat spécialisé en saisies immobilières entre en scène. Son rôle n’est pas seulement de plaider, mais de structurer la riposte. Il analyse la dette, contacte le créancier et sollicite un report de la procédure en présentant une solution concrète.

Le juge accorde souvent une suspension lorsque la démarche est crédible et qu’un notaire est déjà mandaté. Le rôle de l’avocat est alors de coordonner les échanges, d’informer le tribunal et d’assurer la légalité de chaque étape. Ce travail conjoint entre avocat, notaire et investisseur constitue la base d’une sortie réussie.
Les modalités de cette collaboration sont expliquées en détail dans la page « Avocat saisie immobilière : rôle et accompagnement ».

Le cas des déchéances liées à une dette fiscale ou professionnelle

Certaines déchéances du terme ne proviennent pas d’un prêt immobilier classique, mais d’un crédit professionnel, d’une caution bancaire ou d’un redressement fiscal. Dans ces cas, le mécanisme reste identique : le créancier réclame le paiement total et menace la saisie. Mais les marges de négociation sont encore plus faibles, car l’État et les établissements bancaires n’accordent aucune tolérance sur ce type de dettes.

La vente à réméré s’applique aussi à ces situations. Elle permet de solder une dette fiscale ou professionnelle tout en conservant la maîtrise du bien. Ce point est développé dans la page « Saisie immobilière et dettes fiscales : quelles solutions ? ».

Pourquoi le réméré est préféré aux solutions bancaires

Les solutions bancaires, comme le rachat de crédit ou le prêt hypothécaire, exigent un profil bancaire solide et un bien libre de toute hypothèque. Après une déchéance du terme, ces conditions ne sont plus réunies : le dossier est fiché, et le bien est grevé de sûretés. Le réméré, en revanche, s’appuie sur la valeur du bien, non sur le scoring bancaire. C’est une solution patrimoniale, pas un crédit.

Le notaire sécurise l’opération, l’investisseur finance le remboursement, et l’ancien propriétaire conserve la faculté de rachat. Ce modèle contourne les blocages du système bancaire tout en respectant la législation. C’est pourquoi de plus en plus d’avocats et de notaires y recourent pour éviter la saisie après déchéance.

L’intervention du juge pour valider la suspension

Une fois la promesse de réméré signée, l’avocat dépose au tribunal une requête de suspension. Il joint la preuve du financement et la lettre du notaire confirmant la réception des fonds. Le juge de l’exécution prononce alors un sursis, suspend la vente et fixe un délai de régularisation. Dès que l’acte notarié est signé, la saisie est levée.

Cette procédure illustre la complémentarité entre droit et finance. Le juge constate le paiement, le notaire enregistre la transaction et la banque est remboursée. Le propriétaire, lui, reste dans les lieux. La déchéance du terme perd alors toute portée pratique.

Après la levée de saisie : la reconstruction financière

Une fois la dette soldée et la procédure suspendue, le propriétaire entre dans une phase de stabilisation. Le contrat de réméré lui accorde une période d’un à deux ans pour racheter son bien. Pendant ce temps, il peut reconstituer son épargne, améliorer ses revenus et restaurer sa crédibilité bancaire.

Lorsque la situation est assainie, il sollicite un prêt immobilier classique pour racheter son bien auprès de l’investisseur. Cette deuxième étape marque la fin complète du réméré et la récupération définitive de la propriété.

Conclusion

La déchéance du terme est l’un des signaux d’alerte les plus graves qu’un emprunteur puisse recevoir. Elle signifie que le prêt est rompu, que la dette est intégralement exigible et que la saisie est imminente. Mais elle ne condamne pas irrémédiablement le propriétaire. Avec une réaction rapide et une stratégie structurée, il est encore possible d’éviter la perte du bien.

La vente à réméré est aujourd’hui la seule solution réaliste et sécurisée pour y parvenir. Elle permet de rembourser la dette, d’obtenir la levée de saisie et de conserver le droit de rachat. Encadrée par un notaire et validée par un avocat, elle transforme une situation de crise en opportunité de redressement. C’est cette combinaison juridique et patrimoniale qui fait du réméré la meilleure réponse à la déchéance du terme.

FAQ – Déchéance du terme et saisie immobilière

Qu’est-ce que la déchéance du terme ?
C’est la décision par laquelle une banque exige le remboursement total du prêt après des impayés. Elle met fin à l’échéancier initial.

Combien de temps après la déchéance la saisie est-elle engagée ?
En général entre un et trois mois, selon la réactivité du service contentieux.

Peut-on négocier après une déchéance du terme ?
Rarement. Les banques considèrent la dette comme exigible et exigent un paiement intégral. Seul un règlement complet ou un réméré peut suspendre la procédure.

Une déchéance du terme peut-elle être annulée ?
Non. Elle ne peut être levée que par le paiement intégral de la dette ou l’accord exprès du créancier.

Le réméré fonctionne-t-il après déchéance du terme ?
Oui. C’est même la solution la plus utilisée pour rembourser la banque et éviter la vente forcée.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.