Commandement de payer et dette hypothécaire

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
10 October 2025

Une dette hypothécaire impayée est l’une des principales causes de commandement de payer. Lorsqu’un propriétaire ne parvient plus à honorer ses mensualités de prêt, la banque dispose d’un moyen redoutable : faire valoir l’hypothèque inscrite sur le bien et engager une procédure de saisie. Cette situation concerne de nombreux emprunteurs en 2025, dans un contexte de taux élevés et de refus massifs de réaménagement de crédit. Le commandement de payer marque alors la bascule entre le contentieux bancaire et la justice. Pourtant, à chaque étape, des leviers existent pour éviter la saisie, à condition d’agir immédiatement.

Le fonctionnement de l’hypothèque et ses conséquences

Une hypothèque est une garantie réelle accordée à un créancier pour sécuriser le remboursement d’un prêt. En cas de défaillance, la banque peut faire vendre le bien pour récupérer les sommes dues. Contrairement à d’autres dettes, l’hypothèque donne au créancier un droit de préférence et de poursuite : il passe avant les autres créanciers et peut suivre le bien même s’il est vendu.

Lorsqu’un emprunteur cesse de rembourser, la banque enclenche d’abord des relances amiables. Si aucune régularisation n’intervient, elle prononce la déchéance du terme, rendant immédiatement exigible le capital restant dû. À ce stade, le propriétaire perd la possibilité de négocier un simple report d’échéance. L’acte suivant sera le commandement de payer aux fins de saisie immobilière, qui matérialise la mise en œuvre de l’hypothèque.

Les détails de cette procédure sont présentés dans « Commandement de payer aux fins de saisie immobilière ».

Le commandement de payer sur hypothèque : un acte d’exécution

L’acte de commandement de payer sur un bien hypothéqué est un acte d’exécution forcée. Il signifie que le créancier ne se contente plus de réclamer le paiement : il fait valoir son droit réel sur le bien. Cet acte est délivré par un commissaire de justice et mentionne le titre exécutoire, le montant de la créance, et la désignation du bien grevé d’hypothèque.

À partir de sa signification, le débiteur dispose d’un délai très court – huit jours – pour régulariser la dette. Passé ce délai, le créancier peut faire publier le commandement au service de la publicité foncière, rendant la saisie effective. Dès cette publication, le bien devient indisponible : le propriétaire ne peut plus le vendre librement ni contracter de nouvelle hypothèque.

Les délais et recours applicables sont détaillés dans « Délai après un commandement de payer ».

La responsabilité du notaire et la vérification du titre

Le notaire joue un rôle déterminant dans toute affaire impliquant une hypothèque. C’est lui qui enregistre la garantie initiale lors de la signature du prêt et qui contrôle la régularité des inscriptions. Lorsqu’un commandement de payer est signifié, le notaire peut également vérifier la validité de la créance et la conformité de l’acte.

Dans certains cas, des irrégularités sont constatées : absence de mainlevée d’une ancienne hypothèque, montant inexact du capital restant dû, ou non-respect du formalisme. Ces anomalies peuvent servir de base à un recours contre le commandement de payer, décrit dans « Recours contre un commandement de payer ».

Cependant, même en cas de recours, la dette demeure. Tant que le capital n’est pas remboursé, la banque conserve son droit de poursuite. Le véritable enjeu n’est donc pas de contester, mais de trouver les fonds nécessaires pour désintéresser le créancier avant la vente forcée.

Les solutions bancaires : réaménagements et impasses

Face à une dette hypothécaire, les propriétaires tentent souvent de négocier avec leur banque un rééchelonnement du prêt ou un report temporaire des échéances. En pratique, ces solutions sont rarement acceptées après la déchéance du terme. Une fois la créance exigible, la banque ne peut légalement accorder un nouveau délai sans autorisation judiciaire.

Le rachat de crédit constitue une autre piste, mais il devient impossible dès qu’un commandement est publié. Aucun établissement ne finance un emprunteur en contentieux. Même un prêt hypothécaire de refinancement ne peut être mis en place qu’avant la publication officielle.

C’est à ce moment précis qu’intervient la solution patrimoniale alternative : la vente à réméré, qui n’exige ni scoring bancaire ni solvabilité classique. Elle repose sur la valeur du bien et non sur la situation financière du propriétaire.

Le rôle du juge de l’exécution en matière hypothécaire

Lorsque le commandement est délivré, la banque saisit le juge de l’exécution pour obtenir l’autorisation de vente. Ce magistrat contrôle la régularité du titre et la proportionnalité de la procédure. Il peut suspendre la saisie, accorder un délai de grâce, ou autoriser une vente amiable sous conditions.

Pour bénéficier de ces mesures, le débiteur doit démontrer qu’une solution de paiement est en cours. Le juge ne suspend jamais une procédure sans perspective crédible de désendettement. C’est pourquoi la présentation d’un projet de vente à réméré encadré par un notaire constitue souvent l’argument décisif.

Les conditions d’obtention d’une suspension sont détaillées dans « Suspension d’un commandement de payer ».

La valeur du bien et la stratégie de sauvegarde

Lorsqu’un bien est hypothéqué, sa valeur représente le seul levier pour éviter la vente judiciaire. Plus elle est élevée par rapport au montant de la dette, plus les solutions sont variées. Un bien de 600 000 € grevé d’une dette de 200 000 € offre une marge suffisante pour mettre en place une opération de réméré. Le notaire affecte le produit de la vente au remboursement de la banque, et le propriétaire conserve la possibilité de rachat.

À l’inverse, lorsque la dette dépasse la valeur du bien, la situation devient critique. Le créancier privilégie la saisie pour limiter ses pertes. Dans ce cas, seule une cession temporaire sous forme de vente avec faculté de rachat peut préserver le logement. Le propriétaire évite la vente publique, conserve son toit et solde les dettes prioritaires.

Le non-paiement après commandement : accélération de la saisie

Si le débiteur ne réagit pas après la signification du commandement, la banque fait publier l’acte et saisit le juge. L’audience d’orientation est fixée dans les deux à trois mois suivants. À ce stade, il est encore possible de régulariser la dette, mais uniquement en intégralité.

Le commandement de payer non respecté entraîne l’exécution immédiate : le bien est mis aux enchères, les frais augmentent, et les intérêts continuent de courir. Les conséquences de cette inaction sont développées dans « Commandement de payer non respecté ».

Même après publication, une intervention du notaire peut suspendre temporairement la vente, notamment s’une vente à réméré est en cours de finalisation. Le tribunal accepte souvent de surseoir à la vente lorsqu’une promesse notariée est déjà signée.

La vente à réméré : solution de sortie pour dette hypothécaire

La vente à réméré est prévue par les articles 1659 à 1673 du Code civil. Elle permet à un propriétaire d’hypothéquer indirectement son bien sans le perdre définitivement. Il le vend à un investisseur tout en conservant le droit de le racheter dans un délai convenu. Le prix de vente sert à rembourser immédiatement la banque, qui procède à la mainlevée de l’hypothèque et du commandement.

Cette opération présente plusieurs avantages :
– elle stoppe instantanément la procédure judiciaire ;
– elle éteint la dette hypothécaire en totalité ;
– elle maintient le propriétaire dans les lieux ;
– elle lui redonne le temps nécessaire pour reconstituer sa solvabilité.

La mise en œuvre d’une telle opération nécessite un encadrement notarié strict. Le notaire assure la répartition des fonds, la levée des inscriptions, et la rédaction de la clause de rachat.

Ce mécanisme, souvent utilisé par les avocats spécialisés en saisie immobilière, est détaillé dans « Commandement de payer et vente à réméré ».

Les alternatives partielles et leurs limites

Certains propriétaires envisagent de vendre leur bien avant la saisie pour solder la dette. C’est envisageable tant que le commandement n’est pas publié. Une vente classique peut alors être conclue, mais elle suppose de trouver un acquéreur dans un délai très court, ce qui est rarement possible.

D’autres tentent un prêt hypothécaire de second rang pour rembourser le premier, mais cette option n’est plus accessible une fois la procédure entamée. Aucun établissement n’accepte de prendre le risque d’un contentieux en cours.

Le plan d’apurement négocié avec le créancier est une autre piste, mais il ne suspend pas la saisie tant qu’il n’est pas homologué par le juge. En pratique, ces plans échouent faute de garantie financière.

La vente à réméré reste donc la seule solution complète : elle finance le remboursement, supprime la saisie, et permet un retour à une situation normale.

Le rôle du commissaire de justice et les suites après régularisation

Le commissaire de justice (ancien huissier) suit la procédure du début à la fin. C’est lui qui signifie le commandement, publie l’acte, et procède à la saisie. Une fois la dette soldée, il dresse un procès-verbal de mainlevée attestant que le créancier a été intégralement payé. Ce document permet au notaire d’obtenir la radiation de l’hypothèque.

Lorsque la régularisation est intervenue par le biais d’une vente à réméré, la mainlevée est immédiate. Le notaire verse le produit de la vente au créancier, et la banque transmet au commissaire de justice une quittance définitive. La saisie est alors définitivement close.

Conclusion

Le commandement de payer sur un bien hypothéqué marque une étape décisive dans la vie d’un propriétaire. Il consacre la défaillance du prêt et ouvre la voie à la saisie. La contestation judiciaire peut parfois retarder la vente, mais elle ne la supprime pas. Tant que la dette n’est pas réglée, la banque garde tous ses droits.

La seule solution réellement efficace est financière : il faut désintéresser le créancier. Or, dans un contexte où les banques refusent tout refinancement dès le commandement, la vente à réméré demeure la seule voie possible. Elle offre la rapidité d’exécution, la sécurité juridique du notaire et la possibilité de racheter son bien.

C’est cette combinaison – remboursement immédiat et maintien dans les lieux – qui fait du réméré la réponse la plus pertinente face à un commandement de payer lié à une dette hypothécaire.

FAQ – Commandement de payer et dette hypothécaire

Qu’est-ce qu’un commandement de payer sur un bien hypothéqué ?
C’est un acte de poursuite qui permet à la banque d’engager la saisie du bien servant de garantie à un prêt impayé.

Combien de temps a-t-on pour réagir ?
Huit jours avant publication, puis environ deux mois avant l’audience d’orientation.

Peut-on contester un commandement sur hypothèque ?
Oui, en cas d’irrégularité, mais le recours ne suspend pas automatiquement la procédure.

Le juge peut-il accorder un délai ?
Oui, s’il existe une solution crédible de remboursement, notamment une vente à réméré en cours.

Comment lever l’hypothèque après paiement ?
Par mainlevée délivrée par le créancier et enregistrée par le notaire.

Quelle est la solution la plus rapide pour éviter la saisie ?
La vente à réméré, qui éteint immédiatement la dette et préserve la propriété.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.