Le crédit hypothécaire in fine

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
04 September 2025

Lorsqu’un propriétaire recherche une solution de financement, il découvre souvent deux grandes options : le crédit hypothécaire amortissable et le crédit hypothécaire in fine. Si le premier est le plus répandu, le second attire de plus en plus d’investisseurs, de dirigeants et de particuliers patrimoniaux. Sa spécificité repose sur un principe simple : pendant toute la durée du prêt, l’emprunteur ne rembourse que les intérêts. Le capital, lui, est réglé en une seule fois à l’échéance.

Cette mécanique atypique séduit par la souplesse qu’elle apporte, mais elle soulève également des questions. À qui s’adresse ce type de financement ? Quels en sont les avantages réels ? Quels risques ou précautions faut-il envisager ? Dans un contexte économique 2025 marqué par des taux d’intérêt plus volatils et des banques de plus en plus sélectives, comprendre le crédit hypothécaire in fine devient crucial pour tout propriétaire ou héritier envisageant un projet ambitieux.

Qu’est-ce qu’un crédit hypothécaire in fine ?

Un crédit hypothécaire in fine est un prêt garanti par un bien immobilier, dans lequel l’emprunteur s’engage à ne payer que les intérêts chaque mois. Le capital reste intact et doit être remboursé intégralement au terme convenu, généralement entre 5 et 20 ans. Contrairement à un crédit amortissable, les mensualités sont plus légères, car elles ne concernent que les intérêts. En revanche, l’effort final au terme du contrat est conséquent.

En pratique, ce type de crédit nécessite d’apporter une garantie solide à la banque.
L’hypothèque est inscrite sur le bien immobilier financé ou déjà détenu. Le notaire enregistre cette inscription au service de la publicité foncière, conformément au Code civil.

À qui s’adresse le crédit hypothécaire in fine ?

Ce mode de financement ne concerne pas tous les emprunteurs. Il vise principalement des profils disposant d’un patrimoine conséquent ou d’une stratégie financière bien définie. Les investisseurs immobiliers y voient un levier pour maximiser leur capacité d’achat tout en conservant une trésorerie disponible pour d’autres projets. Les dirigeants d’entreprise l’utilisent pour financer des opérations de croissance, en attendant une rentrée d’argent programmée. Certains héritiers ou familles y recourent également lorsqu’ils doivent faire face à des frais de succession importants, mais qu’ils disposent d’actifs immobiliers hypothécables.

En 2024, selon l’INSEE, près de 18 % des crédits hypothécaires accordés en France à des particuliers patrimoniaux concernaient des prêts in fine, un chiffre en progression par rapport à 2021 où ils ne représentaient que 11 %.

Le saviez-vous ?

En 2025, certaines banques privées françaises ont commencé à proposer des crédits in fine spécifiquement destinés aux détenteurs d’assurances-vie supérieures à 500 000 €. L’objectif est de coupler ce prêt avec un nantissement automatique, réduisant ainsi le risque pour l’établissement prêteur.

Exemple concret d’un crédit hypothécaire in fine

Imaginons un couple propriétaire d’un appartement à Nice estimé à 1,2 million d’euros. Ils sollicitent un crédit hypothécaire in fine de 400 000 € sur 10 ans, à un taux de 3,2 %. Chaque mois, ils paient uniquement les intérêts, soit environ 1 066 €. À la fin du prêt, ils doivent rembourser les 400 000 € de capital. Pour cela, ils comptent sur la vente d’un autre bien immobilier ou sur le déblocage d’un contrat d’assurance-vie nantissable.

Cette stratégie leur permet de ne pas alourdir leurs mensualités, tout en conservant une liquidité maximale pour d’autres investissements.

Parole d’expert

« Le crédit hypothécaire in fine est un formidable levier pour des clients patrimoniaux, mais il doit être utilisé avec prudence. C’est une solution de souplesse, pas de facilité. Sans plan solide pour le remboursement final, il peut rapidement devenir un piège. » Ella Intini

Les avantages du crédit hypothécaire in fine

Le principal atout est la souplesse de trésorerie. En ne payant que les intérêts, l’emprunteur conserve une capacité d’investissement importante. C’est un outil stratégique pour ceux qui souhaitent développer leur patrimoine ou saisir des opportunités professionnelles. Autre avantage : la déduction fiscale des intérêts dans certains cas, notamment pour les investisseurs locatifs.

Ce mécanisme peut également constituer une solution adaptée à des transmissions familiales. Par exemple, lorsqu’un héritier doit régler une soulte dans une succession, un crédit in fine lui permet de gagner du temps tout en préservant son patrimoine immobilier.

Les inconvénients et les risques

Le revers de la médaille est évident : au terme du crédit, l’emprunteur doit disposer d’une somme importante pour solder le capital. Si ce remboursement final n’a pas été anticipé, le risque de saisie du bien hypothéqué est réel. Les banques exigent donc, dans la plupart des cas, une garantie complémentaire comme un contrat d’assurance-vie nantissable, afin de sécuriser l’opération.

Autre contrainte : les frais. Comme toute hypothèque, l’inscription entraîne des frais notariés et de publicité foncière, auxquels s’ajoutent les intérêts du prêt.

Bon à savoir

Un crédit hypothécaire in fine n’est jamais accordé sans une stratégie claire de remboursement du capital. La banque exige généralement un plan de sortie précis, adossé à un actif existant.

Critère
Crédit in fine
Crédit amortissable
Mensualités
Faibles (intérêts uniquement)
Plus élevées (capital + intérêts)
Capital
Remboursé en une seule fois à l’échéance
Remboursé progressivement
Public visé
Investisseurs, patrimoniaux, dirigeants
Grand public, primo-accédants
Risque
Fort si absence de plan de remboursement
Modéré, car remboursement étalé

Les erreurs à éviter

Beaucoup d’emprunteurs commettent une erreur classique : considérer le crédit in fine comme un prêt standard. Oublier d’anticiper le remboursement final est dangereux. Autre piège : sous-estimer les frais annexes, qui peuvent représenter jusqu’à 5 % du montant emprunté. Enfin, croire que toutes les banques accordent ce type de crédit est une illusion. En réalité, seules quelques institutions spécialisées ou banques privées l’acceptent encore en 2025.

FAQ – Crédit hypothécaire in fine

Peut-on obtenir un crédit in fine sans assurance-vie ?
C’est très rare. La plupart des banques exigent une garantie complémentaire, comme le nantissement d’un contrat d’assurance-vie.

Quelle est la durée maximale d’un crédit hypothécaire in fine ?
Elle est généralement de 20 ans, mais peut être réduite à 10 ans selon les établissements.

Le crédit in fine est-il plus cher ?
Oui, car les intérêts sont constants tout au long du prêt, ce qui augmente le coût total de l’opération.

Peut-on vendre le bien pendant le prêt ?
Oui, mais l’hypothèque doit être levée, et le produit de la vente sert en priorité à rembourser la banque.

Pour aller plus loin

Le crédit hypothécaire in fine est une solution de financement haut de gamme, adaptée à des profils précis. Il offre de la souplesse, de l’optimisation fiscale et une réelle liberté de gestion. Mais il exige également une anticipation rigoureuse et une stratégie patrimoniale solide. Pour les investisseurs avertis, il représente un outil puissant. Pour les emprunteurs imprudents, il peut devenir un fardeau.

Chez PraxiFinance, nos experts accompagnent depuis 1990 propriétaires, héritiers et dirigeants dans la mise en place de solutions sur mesure. Simulez dès maintenant votre crédit hypothécaire in fine et obtenez un accompagnement personnalisé pour sécuriser vos projets.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.