Comment est calculée l’indemnité compensatoire en cas de divorce ?

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
14 October 2025

Lors d’un divorce, la question du partage financier entre les époux est souvent complexe. Au-delà de la séparation émotionnelle, il faut équilibrer les conditions de vie futures de chacun. C’est dans cette logique qu’intervient l’indemnité compensatoire, une somme destinée à compenser la différence de niveau de vie engendrée par la rupture. Mais comment se calcule réellement cette indemnité ? Quels critères le juge prend-il en compte ? Et surtout, comment la financer lorsqu’on n’a pas les liquidités nécessaires ?

Définition et fondement légal

L’indemnité compensatoire est prévue par les articles 270 à 280 du Code civil. Elle a pour objectif de rétablir, autant que possible, l’équilibre économique entre les ex-conjoints. Elle est due lorsque le divorce crée une disparité significative dans les conditions de vie. Autrement dit, elle ne vise pas à sanctionner ni à récompenser un époux, mais à corriger les inégalités matérielles apparues à la suite de la séparation. Le juge aux affaires familiales évalue cette disparité à partir de critères précis, liés au mode de vie pendant le mariage et à la capacité de chacun à maintenir son niveau de vie.

Les principaux critères de calcul

Le calcul n’obéit à aucune formule automatique. Le juge dispose d’un pouvoir d’appréciation, mais s’appuie sur plusieurs critères objectifs :

1. La durée du mariage

C’est l’un des éléments essentiels. Plus le mariage a duré, plus le déséquilibre économique entre les époux a pu se creuser. Un mariage de 25 ans avec un époux ayant cessé de travailler pour élever les enfants crée une disparité durable, justifiant souvent une indemnité importante.

2. L’âge et l’état de santé des conjoints

Le juge tient compte de l’âge et de la santé pour évaluer les perspectives professionnelles. Un conjoint de 60 ans sans revenus n’aura pas les mêmes possibilités de rebond qu’un autre de 40 ans encore en activité.

3. Les qualifications et parcours professionnels

Les différences de formation et de carrière jouent un rôle majeur. Un cadre supérieur marié à une personne sans diplôme ou ayant interrompu son activité pour le foyer illustre un écart économique durable que l’indemnité vise à corriger.

4. Les choix faits pour la famille

Lorsqu’un époux a privilégié la vie familiale au détriment de sa carrière (temps partiel, arrêt prolongé, mobilité limitée), le juge reconnaît cet investissement comme un sacrifice économique.

5. Le patrimoine et les revenus actuels et futurs

L’ensemble du patrimoine est pris en compte : salaires, loyers, placements, parts de société, droits à la retraite, biens immobiliers. Les dettes et charges fixes sont également intégrées pour déterminer la capacité financière réelle de chacun. Pour approfondir ces éléments patrimoniaux, voir Indemnité compensatoire et bien immobilier : quelles solutions ?.

Méthode d’évaluation financière

Il n’existe pas de barème officiel, mais les juridictions s’appuient sur des méthodes indicatives, inspirées de la jurisprudence. Une approche courante consiste à comparer les revenus mensuels des époux et la durée du mariage :

Montant estimatif = (différence de revenus mensuels) × (durée du mariage × coefficient ajusté)

Ce coefficient varie selon les ressources, l’âge, la présence d’enfants et les charges futures.

Exemple :

Si un époux gagne 6 000 € par mois et l’autre 2 000 €, la différence est de 4 000 €. Pour un mariage de 20 ans, le juge peut fixer une indemnité comprise entre 50 000 € et 100 000 €, selon le patrimoine total et les perspectives de vie. Les montants moyens constatés sont détaillés ici : Montant moyen d’une indemnité compensatoire en 2025.

Formes possibles de versement

Le versement en capital unique

C’est la formule la plus fréquente. L’indemnité est versée en une seule fois, dans un délai de trois mois après la décision de divorce. Ce mode de paiement est privilégié car il solde définitivement les obligations entre les ex-époux.

Le paiement échelonné

Lorsque le débiteur ne peut pas verser la somme immédiatement, le juge peut autoriser un paiement fractionné sur une durée maximale de huit ans. Chaque échéance est assortie d’intérêts légaux, garantissant le maintien du pouvoir d’achat du bénéficiaire. Pour en savoir plus : Peut-on payer une indemnité compensatoire en plusieurs fois ?.

Le versement en nature

Le juge peut ordonner le transfert de propriété d’un bien, d’une part de société ou d’un portefeuille de titres pour régler tout ou partie de la somme. Cette solution évite un versement en numéraire, mais suppose un accord sur la valeur du bien cédé.

Le rôle du patrimoine immobilier dans le calcul

Le patrimoine immobilier influence fortement la décision du juge. Un époux propriétaire d’un bien estimé à 800 000 €, même avec peu de revenus, sera considéré comme disposant d’une capacité patrimoniale importante. Inversement, un locataire sans actif mais avec un salaire moyen sera vu comme économiquement plus fragile. Mais disposer d’un bien ne signifie pas disposer de liquidités. De nombreux conjoints se retrouvent confrontés à cette équation : patrimoine élevé, trésorerie faible.

C’est dans ce contexte que des solutions patrimoniales deviennent indispensables :

  • la vente à réméré, qui permet d’obtenir de l’argent immédiatement tout en gardant la faculté de racheter son bien ;
  • la vente avec complément de prix, pour dégager rapidement une avance avant la vente définitive ;
  • ou le crédit hypothécaire, pour transformer une partie de la valeur du bien en trésorerie utilisable.

Ces leviers sont présentés en détail dans Indemnité compensatoire et bien immobilier : quelles solutions ?.

Les ajustements possibles après le jugement

L’indemnité compensatoire peut être révisée dans certains cas :

  • En cas de changement majeur de situation (perte d’emploi, invalidité, retraite).
  • En cas de décès du débiteur : la dette peut être transmise à la succession, partiellement ou en totalité.
  • Pour comprendre les implications successorales, consultez Indemnité compensatoire et succession : que se passe-t-il ?.

Les conséquences fiscales du calcul

La fiscalité dépend du mode de versement :

  • Le versement en capital sous 12 mois ouvre droit à une réduction d’impôt de 25 % (plafond 30 500 €).
  • Un paiement étalé n’ouvre pas cette réduction, mais reste déductible des revenus imposables du débiteur.
  • Ces règles font l’objet d’un développement complet dans Indemnité compensatoire : fiscalité et imposition en 2025.

Financer le paiement de l’indemnité

Une fois le montant fixé, la difficulté reste souvent la même : trouver les fonds. Les banques refusent la plupart des crédits personnels post-divorce, surtout au-delà de 55 ans.

C’est pourquoi la monétisation patrimoniale est devenue la principale voie de financement :

  • Crédit hypothécaire : permet d’obtenir une trésorerie immédiate sans vendre, en utilisant le bien comme garantie.
  • Vente à réméré : libère jusqu’à 60 % de la valeur du bien tout en gardant un droit de rachat.
  • Vente avec complément de prix : solution temporaire pour récupérer de l’argent avant la cession effective du logement.

Pour les personnes ne pouvant pas s’acquitter immédiatement du capital, ces mécanismes constituent une alternative légale, rapide et sécurisée.

Indemnité compensatoire non payée : les recours

Lorsqu’une indemnité n’est pas réglée, le bénéficiaire dispose de recours juridiques puissants :

  • Saisie sur salaire,
  • Hypothèque judiciaire sur le bien du débiteur,
  • Saisie immobilière.

Ces procédures sont longues et coûteuses, mais peuvent être évitées grâce à un montage de financement anticipé.

Les solutions de sortie sont détaillées ici : Indemnité compensatoire non payée : quels recours ?.

À retenir

  • Le calcul de l’indemnité compensatoire repose sur la disparité économique entre les époux.
  • Le juge évalue l’ensemble des critères de vie commune, des patrimoines et des revenus.
  • L’indemnité peut être versée en capital, en nature ou de manière échelonnée.
  • Les propriétaires peuvent financer la somme sans vendre leur bien, grâce à des leviers hypothécaires.

FAQ – Calcul de l’indemnité compensatoire

Quels critères principaux sont pris en compte ?

Durée du mariage, patrimoine, revenus, âge, santé et choix de vie familiale.

Existe-t-il une formule officielle ?

Non, mais des barèmes indicatifs basés sur la différence de revenus et la durée du mariage sont utilisés.

Peut-on inclure la résidence principale dans le calcul ?

Oui, elle est prise en compte dans le patrimoine global du débiteur.

Puis-je demander une révision si ma situation change ?

Oui, en cas de perte de revenus ou de changement important de situation, le juge peut réduire ou annuler la somme restante.

Que faire si je ne peux pas payer ?

Consultez Que faire si vous ne pouvez pas payer l’indemnité compensatoire ?.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.