Hypothèque légale : définition, créanciers concernés et fonctionnement (guide 2025)

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
08 September 2025

Contrairement à l’hypothèque conventionnelle, négociée avec une banque lors d’un crédit hypothécaire, l’hypothèque légale s’impose au propriétaire. Elle est prévue directement par la loi pour protéger certains créanciers dits « sensibles » : l’administration fiscale, les enfants mineurs héritiers, un ex-conjoint bénéficiaire d’une prestation compensatoire, ou encore un notaire qui sécurise une transaction.
Tant qu’elle n’est pas levée, l’hypothèque légale bloque la vente libre du bien immobilier.

Définition légale

Le Code civil, article 2400, distingue trois formes d’hypothèques :

  • Conventionnelle : issue d’un contrat, souvent liée à un crédit hypothécaire.
  • Judiciaire : décidée par un tribunal.
  • Légale : prévue automatiquement par la loi, sans décision de juge.

Référence officielle : Légifrance – Code civil, art. 2400 et suivants.

Le saviez-vous ?

L’hypothèque légale existe même si vous ne signez rien : elle naît automatiquement de certaines situations prévues par la loi (par exemple : dettes fiscales ou protection des enfants mineurs héritiers).

Qui peut inscrire une hypothèque légale ?

  1. L’État et le Trésor public
  2. En cas de dettes fiscales (TVA, impôt sur le revenu, droits de succession), l’administration peut inscrire une hypothèque légale pour garantir le paiement. Voir aussi : Régler une dette fiscale avec un crédit hypothécaire.
  3. Les notaires
  4. Lors d’une succession ou d’un partage, le notaire peut inscrire une hypothèque légale pour protéger les droits d’un héritier ou d’un créancier.
  5. Les ex-conjoints
  6. Un ex-époux créancier d’une prestation compensatoire peut faire inscrire une hypothèque légale (art. 274 C. civ.). Voir aussi : Divorce et crédit hypothécaire.
  7. Les enfants mineurs héritiers
  8. Pour protéger leurs droits lors d’une succession, la loi prévoit une hypothèque légale sur les biens transmis jusqu’à leur majorité. Voir aussi : Crédit hypothécaire et héritiers.

L’hypothèque légale doit être inscrite au service de publicité foncière (SPF) pour être opposable aux tiers.

À savoir

L’hypothèque légale doit être publiée au service de publicité foncière pour être opposable aux tiers. Tant qu’elle est inscrite, elle bloque la vente libre du bien.

Fonctionnement d’une hypothèque légale

  1. Le créancier (fisc, ex-conjoint, notaire) demande l’inscription.
  2. Le service de publicité foncière enregistre l’hypothèque.
  3. Tant que la dette n’est pas réglée, le bien reste grevé et ne peut être vendu librement.
  4. En cas de non-remboursement, le créancier peut engager une procédure de saisie immobilière. Voir aussi : Procédure de saisie immobilière : schéma et explications.
Critère
Hypothèque conventionnelle
Hypothèque légale
Origine et acte
Accord banque/emprunteur, notaire obligatoire
Imposée par la loi, simple inscription
Créancier et mainlevée
Banque, mainlevée après remboursement
Fisc/ex-conjoint/enfants, levée après dette réglée
Risque
Saisie du bien en cas de défaut
Blocage de la vente tant que la dette subsiste

Les erreurs à éviter

1) Penser qu’on peut vendre malgré une hypothèque légale : impossible sans mainlevée. 2) Sous-estimer son impact sur une succession : elle protège les héritiers mineurs. 3) Oublier de vérifier au service de publicité foncière avant une acquisition : acheter un bien grevé expose à des complications.

Exemple concret : succession et hypothèque légale

En 2024, à Marseille, un chef d’entreprise hérite d’un immeuble d’une valeur de 800 000 €. N’ayant pas payé ses droits de succession (150 000 €), le Trésor public inscrit une hypothèque légale. Résultat : impossible de vendre ou d’hypothéquer ce bien sans solder la dette.
La solution a été trouvée grâce à un crédit hypothécaire, qui a permis de financer les droits dus, d’obtenir la mainlevée et de libérer le bien pour la vente.

FAQ

Qu’est-ce qu’une hypothèque légale ?

C’est une sûreté inscrite automatiquement par certains créanciers (fisc, ex-conjoint, notaire, enfant mineur) pour garantir une dette.

Qui peut demander une hypothèque légale ?

Principalement l’État (dettes fiscales), un notaire (succession), un ex-conjoint (prestation compensatoire), ou pour protéger un mineur héritier.

Combien coûte une hypothèque légale ?

Elle entraîne des frais d’inscription (quelques centaines d’euros selon la valeur), et des frais de mainlevée si elle doit être levée pour vendre.

Peut-on vendre un bien sous hypothèque légale ?

Non, sauf à payer la dette et obtenir une mainlevée.Le notaire s’assure du règlement avant d’autoriser la vente.

Quelle différence avec une hypothèque judiciaire ?

La judiciaire est décidée par un juge, la légale est prévue par la loi (elle naît automatiquement dans certains cas).

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.