Avant de pouvoir exiger le remboursement total d’un prêt, la banque doit respecter une étape juridique essentielle : la mise en demeure. Cet avertissement formel précède la déchéance du terme et permet à l’emprunteur de régulariser sa situation avant l’exigibilité totale du crédit. Pourtant, beaucoup d’emprunteurs sous-estiment l’importance de cette lettre, croyant à tort qu’il s’agit d’un simple rappel. En réalité, elle marque le début d’une procédure lourde qui peut mener jusqu’à la saisie immobilière. Comprendre le rôle de la mise en demeure, ses effets juridiques et les solutions pour y répondre efficacement est donc capital pour préserver son patrimoine et restaurer sa relation bancaire.
Qu’est-ce qu’une mise en demeure avant déchéance du terme ?
La mise en demeure est un courrier officiel adressé par la banque à un emprunteur en cas d’impayés. Elle vise à le sommer de régulariser ses échéances dans un délai déterminé, généralement entre huit et quinze jours. Ce courrier constitue une étape obligatoire avant la déchéance du terme. Sans cette formalité, la banque ne peut pas légalement exiger le remboursement total du prêt. Elle a donc une double fonction : rappeler à l’emprunteur ses obligations contractuelles et servir de preuve en cas de contentieux. La mise en demeure doit mentionner les échéances impayées, le montant total dû à ce jour, le délai de régularisation et la conséquence du non-paiement — la déchéance du terme. Si l’emprunteur ne réagit pas dans les délais impartis, la banque est en droit de résilier le contrat et d’exiger immédiatement le paiement intégral du capital restant dû.
Les effets juridiques de la mise en demeure
Sur le plan juridique, la mise en demeure marque le passage d’une situation amiable à une phase contentieuse. Tant qu’elle n’est pas envoyée, la banque reste dans une logique de relance et de négociation. Dès sa réception, la relation contractuelle se rigidifie et la banque prépare la procédure de recouvrement. L’acte a plusieurs effets concrets : il interrompt la prescription de la dette, prolongeant la possibilité pour la banque d’agir ; il fixe la date à partir de laquelle les intérêts de retard sont calculés ; enfin, il ouvre la voie à la déchéance du terme, étape suivante si l’emprunteur ne s’exécute pas. Si le courrier ne précise pas clairement les conséquences du non-paiement ou le délai de régularisation, la déchéance du terme qui en découle pourra être annulée par le juge.
Exemple concret
Un couple a souscrit un prêt immobilier de 250 000 €. Après plusieurs mois de difficultés financières, deux mensualités restent impayées. La banque adresse une mise en demeure leur enjoignant de régulariser 4 200 € sous quinze jours. Le courrier indique qu’à défaut de paiement, la déchéance du terme sera prononcée. Les emprunteurs ne réagissent pas, pensant pouvoir régulariser plus tard. Quinze jours plus tard, la banque met fin au contrat et exige le remboursement du capital restant dû, soit 230 000 €. N’ayant pas les fonds, le couple reçoit un commandement de payer, ouvrant la voie à la saisie immobilière. En revanche, s’ils avaient répondu à la mise en demeure en proposant un plan de remboursement, la banque aurait pu suspendre la procédure et éviter la rupture du contrat. Cette situation illustre bien la transition entre mise en demeure, déchéance du terme et procédure de saisie immobilière, détaillées respectivement dans déchéance du terme et procédure de saisie immobilière.
Bon à savoir
La mise en demeure doit obligatoirement être envoyée en lettre recommandée avec accusé de réception. Un simple courriel ou courrier ordinaire n’a aucune valeur juridique. Cette exigence protège les deux parties, car elle prouve la date de réception et le contenu exact du courrier. Il arrive que la banque adresse plusieurs relances avant la mise en demeure : ces relances n’ont pas de valeur légale, mais annoncent une procédure imminente. À ce stade, il est crucial de communiquer avec la banque ou le service recouvrement pour proposer un plan d’apurement. Une attitude proactive peut suffire à éviter la déchéance du terme.
Les recours possibles après réception d’une mise en demeure
Recevoir une mise en demeure ne signifie pas que tout est perdu. Plusieurs leviers permettent d’éviter la déchéance du terme :
- Régulariser rapidement la dette, même partiellement, en accompagnant le paiement d’une lettre de bonne foi.
- Demander un décompte détaillé si le montant paraît incohérent ; la banque doit justifier chaque élément.
- Solliciter un délai de paiement auprès du juge de l’exécution, qui peut accorder jusqu’à deux ans pour régulariser.
- Contester la validité du courrier en cas d’erreur de forme ou de contenu.
- Ces recours doivent être exercés sans délai. Pour les situations plus critiques, une vente à réméré peut permettre de rembourser la banque et stopper la procédure, comme expliqué dans vente à réméré : la solution après une déchéance du terme.
La mise en demeure et le rôle de la caution bancaire
Lorsqu’un prêt est garanti par une caution, celle-ci doit également être informée de la mise en demeure. Si la banque omet cette notification, elle perd le droit de réclamer le remboursement à la caution après la déchéance. Cette obligation protège les garants, souvent tenus solidairement responsables. Pour les dirigeants ayant cautionné un prêt professionnel, la réception de la mise en demeure déclenche souvent leur propre exposition financière. Il est donc essentiel d’intervenir immédiatement, avant la déchéance du terme, pour éviter la saisie des biens personnels. Cette interaction est décrite en détail dans déchéance du terme et caution bancaire.
Les conséquences d’une absence de réaction
Ignorer une mise en demeure est une erreur majeure. L’absence de réponse équivaut à une reconnaissance implicite de l’incapacité de paiement. La banque prononce alors la déchéance du terme, clôture le prêt et transfère le dossier à un huissier. Le commandement de payer est ensuite délivré, ouvrant la voie à la saisie immobilière. Les marges de négociation se réduisent alors drastiquement, et les frais de justice viennent s’ajouter à la dette. Pour éviter cette issue, il faut répondre immédiatement à la mise en demeure, même si la somme est contestée. La bonne foi et la transparence sont des arguments déterminants devant le juge.
Le rôle du conseiller en restructuration de dettes
Avant d’en arriver à la déchéance du terme, un accompagnement professionnel peut tout changer. Les conseillers en financement spécialisés dans les situations de surendettement ou de contentieux bancaire peuvent intervenir dès la mise en demeure. Leur mission : établir un plan de remboursement adapté et négocier avec la banque. Dans certains cas, ils orientent vers un refinancement hypothécaire pour regrouper plusieurs dettes et dégager une trésorerie suffisante pour solder les impayés. Ces solutions financières sont expliquées dans déchéance du terme et FICP, qui décrit également la sortie du fichage bancaire après régularisation.
À retenir
La mise en demeure est la dernière étape avant la rupture du contrat de prêt. Elle donne à l’emprunteur une chance réelle de prouver sa bonne foi et de régulariser sa situation. La rapidité de réaction est déterminante : chaque jour compte. Une réponse structurée et argumentée augmente considérablement les chances d’éviter la déchéance du terme et la saisie immobilière.
Conseil d’expert
Un courrier de mise en demeure n’est jamais anodin. Il doit être lu attentivement, analysé juridiquement et traité immédiatement. Trop d’emprunteurs laissent passer ce délai, pensant disposer d’une marge de manœuvre. Or, dès le lendemain de la date limite, la banque peut enclencher la déchéance du terme et mandater un huissier. La meilleure stratégie consiste à combiner réactivité, transparence et accompagnement professionnel. Avec un plan de remboursement solide ou un financement relais, il est possible de préserver son bien et de restaurer la confiance bancaire.
FAQ – Déchéance du terme et mise en demeure
Qu’est-ce qu’une mise en demeure avant déchéance du terme ?
C’est un courrier recommandé envoyé par la banque pour sommer l’emprunteur de régulariser ses impayés avant de résilier le contrat.
Combien de temps a-t-on pour réagir ?
En général, entre huit et quinze jours selon les conditions du contrat.
Peut-on contester une mise en demeure ?
Oui, si elle est irrégulière, si le montant réclamé est erroné ou si elle ne mentionne pas les conséquences du non-paiement.
La mise en demeure suspend-elle les intérêts ?
Non, elle déclenche au contraire le calcul des intérêts de retard jusqu’à régularisation complète.
Une solution de refinancement peut-elle stopper la procédure ?
Oui, une vente à réméré peut interrompre la déchéance du terme et éviter le recouvrement judiciaire.


