Crédit hypothécaire : Mes enfants risquent-ils de perdre leur héritage ?

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
04 September 2025

Quand on parle d’hypothèque, une question revient souvent : mes enfants risquent-ils de perdre leur héritage si j’y ai recours ? L’angoisse est légitime. Derrière chaque décision patrimoniale se cache une préoccupation majeure : protéger sa famille, transmettre dans de bonnes conditions et éviter que les dettes ne grèvent un patrimoine construit parfois sur toute une vie. En 2025, la part des propriétaires français ayant recours au crédit hypothécaire pour résoudre un problème de trésorerie ou financer un projet continue de croître. Mais ce mécanisme, encore méconnu, est souvent entouré de fantasmes. Cet article clarifie son fonctionnement, ses impacts réels sur la succession et les moyens de sécuriser ses héritiers.

Hypothèque et héritage : une confusion fréquente

L’hypothèque est une garantie réelle. Elle ne transfère pas la propriété du bien, elle confère simplement au prêteur un droit prioritaire en cas de défaut de paiement.
Si un emprunteur rembourse normalement son crédit hypothécaire, le bien reste intégralement transmissible à ses héritiers, sans aucune incidence. Le problème se pose uniquement si le remboursement n’est pas effectué. Dans ce cas, la banque peut saisir le bien et le vendre pour se rembourser, réduisant d’autant la valeur du patrimoine transmis.
Beaucoup de familles confondent l’hypothèque avec une vente ou une spoliation, alors qu’il s’agit avant tout d’un outil de financement et de protection patrimoniale.

Exemple concret : l’appartement parisien hypothéqué

En septembre 2025, un propriétaire parisien possède un appartement estimé à 500 000 €.

  • Montant empruntable : 60 % → 300 000 €
  • Taux : 5,5 % sur 25 ans
  • Frais (banque, notaire, expertise, intermédiaire) : 8,5 % → 25 500 €
  • Montant net disponible : 274 500 €
  • Mensualité hors assurance : 1 843,57 €

Si ce propriétaire décède 15 ans plus tard avec un capital restant dû de 120 000 €, ses héritiers récupèrent un bien valorisé à 600 000 € (grâce à l’évolution du marché) moins la dette, soit 480 000 € nets. L’héritage est donc préservé, même si grevé d’une dette résiduelle.

Bon à savoir

Même si le bien est hypothéqué, vos enfants conservent toujours le choix au moment de la succession. Ils peuvent décider d’accepter ou de refuser en fonction de l’actif net. La loi française protège donc la transmission, même en cas de difficultés financières.

Héritage et hypothèque : ce que dit la loi

Le Code civil encadre strictement la transmission patrimoniale. Les héritiers ont trois choix :

  • Accepter la succession purement et simplement, en reprenant l’actif et le passif.
  • Accepter à concurrence de l’actif net, limitant leur responsabilité aux biens reçus.
  • Refuser la succession, si la dette dépasse la valeur du patrimoine transmis.

Dans le cas d’un bien hypothéqué, cela signifie que les enfants héritent d’un bien avec son actif et son passif. Cette règle protège juridiquement les héritiers : ils ne peuvent pas hériter d’une dette pure.

Le saviez-vous ?

Dans de nombreuses familles, l’hypothèque sert à financer des projets intergénérationnels : études, création d’entreprise, donation anticipée. Autrement dit, l’héritage commence parfois avant le décès, grâce au crédit hypothécaire.

L’hypothèque comme outil de protection et non de perte

L’idée que l’hypothèque ferait « perdre l’héritage » est donc largement exagérée. En réalité, elle peut même protéger la transmission.
Beaucoup de propriétaires utilisent le crédit hypothécaire pour régler des frais de succession, payer une dette fiscale ou éviter une saisie immobilière. Mieux vaut transmettre un bien légèrement grevé qu’un bien vendu dans l’urgence ou saisi.

Parole d’expert

« L’hypothèque est souvent perçue comme un risque pour la succession. En réalité, c’est l’absence de solution qui met véritablement le patrimoine en danger. Nous voyons régulièrement des familles perdre un bien à cause de dettes fiscales ou de saisies, alors qu’un crédit hypothécaire aurait permis de traverser la difficulté et de conserver l’actif dans la succession », explique Boris Intini, Directeur Général de PraxiFinance.

Situation
Conséquence sur l’héritage
Risque réel pour les enfants
Solution possible
Crédit hypothécaire en cours et remboursé
L’héritage est intact
Aucun risque
Prévoir un remboursement anticipé ou par assurance
Crédit hypothécaire non soldé au décès
La dette est déduite de la succession
Réduction de la part nette transmise
Assurance emprunteur ou garantie décès
Bien saisi faute de remboursement
Le bien est vendu pour rembourser le prêt
Héritiers privés du bien hypothéqué
Négociation avec la banque, restructuration de dette
Crédit hypothécaire utilisé pour optimiser un patrimoine
L’opération génère de la liquidité sans vendre le bien
Héritage potentiellement valorisé
Transmission facilitée, meilleure organisation patrimoniale

Les erreurs à éviter

La première erreur est de croire que l’hypothèque efface automatiquement l’héritage. La deuxième est de souscrire un crédit hypothécaire sans plan clair de remboursement, exposant les héritiers à un passif inutile. Enfin, la troisième est de négliger l’assurance décès-invalidité, qui peut solder le prêt et libérer totalement le patrimoine au moment du décès.

FAQ – Hypothèque et héritage

Mes enfants hériteront-ils d’une dette ?

Non. Ils héritent d’un bien grevé de son actif et de son passif. Ils peuvent toujours renoncer à la succession si le passif est supérieur.

Peut-on hypothéquer un bien en indivision familiale ?

Oui, mais cela nécessite l’accord de tous les indivisaires. Voir : crédit hypothécaire et indivision.

L’assurance décès est-elle obligatoire ?

Non, elle n’est pas imposée dans le cadre d’un crédit hypothécaire.

Une SCI protège-t-elle les héritiers ?

Pas nécessairement. Une SCI peut elle aussi hypothéquer un bien, et les héritiers reprennent alors les parts avec leur passif. Voir : financer une SCI avec un crédit hypothécaire.

FAQ

Mes enfants hériteront-ils d’une dette ?
Non, ils héritent d’un bien grevé de son actif et de son passif. Ils peuvent refuser la succession si le passif est supérieur.

Peut-on hypothéquer un bien déjà détenu en indivision familiale ?
Oui, mais cela nécessite l’accord de tous les indivisaires.

L’assurance décès est-elle obligatoire ?
Elle n’est pas obligatoire mais fortement conseillée pour sécuriser la transmission.

Une SCI protège-t-elle les héritiers ?
Pas forcément : une SCI peut elle aussi hypothéquer un bien, et les héritiers reprennent alors les parts avec leur passif.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.