Saisie immobilière et héritage : que faire ?

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
10 October 2025

Hériter d’un bien immobilier est souvent perçu comme une chance. Pourtant, dans la pratique, certaines successions peuvent rapidement se transformer en source de tension, de dettes et de blocages. Il n’est pas rare qu’un bien issu d’un héritage fasse l’objet d’une procédure de saisie immobilière, soit parce qu’un héritier est endetté, soit parce que le bien commun ne peut pas être partagé. Ces situations mêlent droit civil, droit fiscal et droit patrimonial, et exigent une approche rigoureuse. Comprendre les causes d’une saisie liée à une succession et connaître les solutions pour l’éviter est essentiel pour protéger à la fois la valeur du patrimoine et les relations familiales.

Quand la succession devient un risque de saisie

Une saisie immobilière peut survenir dans un contexte successoral pour plusieurs raisons. La plus fréquente est la dette personnelle d’un héritier. Lorsqu’un des indivisaires fait l’objet d’une procédure de recouvrement, ses créanciers peuvent demander la saisie de sa quote-part du bien hérité. Cela conduit souvent à la mise en vente du bien dans son ensemble, car un bien indivis ne peut être partagé matériellement sans accord unanime.

Une autre cause fréquente réside dans les dettes fiscales ou sociales de la succession elle-même. Si le défunt laisse derrière lui des dettes impayées – impôts, prêt, hypothèque –, les créanciers peuvent se retourner contre la succession. Les héritiers, en acceptant purement et simplement, deviennent responsables de ces dettes. Si elles ne sont pas réglées, une procédure de saisie peut être engagée sur le bien concerné.

La complexité de ces situations est souvent aggravée par les conflits familiaux. Les héritiers ne s’entendent ni sur la vente, ni sur le règlement des dettes, ce qui bloque la succession et expose le patrimoine à la saisie.

Les dettes fiscales et le risque de saisie

Les dettes fiscales constituent aujourd’hui l’un des principaux motifs de saisie immobilière dans le cadre d’une succession. Le Trésor public dispose de prérogatives étendues : il peut saisir un bien immobilier dès lors qu’une créance est constatée, même sans l’accord préalable des héritiers.

Dans une succession, cela se produit souvent lorsque les droits de mutation ou les impôts dus par le défunt n’ont pas été réglés. Les services fiscaux notifient alors une saisie immobilière pour dettes fiscales, qui peut aboutir à une vente forcée si aucun paiement n’intervient.

Ces situations sont analysées en détail dans la page « Saisie immobilière et dettes fiscales : quelles solutions ? », qui explique comment éviter une saisie par le fisc grâce à des mécanismes de refinancement ou de cession temporaire.

L’indivision : une source de blocage et de risque

Lorsqu’un bien est hérité par plusieurs personnes, il entre en indivision. Chaque héritier détient une quote-part, sans qu’aucune partie du bien ne soit attribuée à titre exclusif. En cas de désaccord, la règle est simple : nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision. Si un héritier souhaite vendre et que les autres s’y opposent, il peut saisir le tribunal pour forcer le partage.

Le problème survient lorsque l’un des indivisaires est endetté. Ses créanciers peuvent faire saisir sa part, mais comme le bien n’est pas divisible, la vente porte sur l’ensemble. C’est souvent ainsi qu’un logement familial se retrouve mis aux enchères.

Dans ces contextes, la vente à réméré permet d’éviter la désintégration du patrimoine. En vendant temporairement le bien à un investisseur, les héritiers obtiennent la trésorerie nécessaire pour régler les dettes, suspendre la saisie et rétablir la situation. Ils conservent ensuite la possibilité de racheter le bien et de rétablir la propriété familiale.

Le rôle du notaire dans la succession

Le notaire est le pivot de toute succession. Il établit l’acte de notoriété, identifie les héritiers, évalue les dettes et rédige la déclaration de succession. Lorsqu’une saisie menace, il devient également le garant de la transparence juridique et financière.

En cas de contentieux, le notaire travaille de concert avec l’avocat pour trouver une solution amiable. Il peut proposer une vente du bien avant saisie, présentée dans la page « Comment vendre son bien avant saisie ? », ou une vente avec complément de prix, permettant de désintéresser immédiatement les créanciers tout en préservant une part de la valeur du bien pour les héritiers.

Le notaire joue aussi un rôle central dans la mise en œuvre du réméré. C’est lui qui rédige l’acte, répartit les fonds et sécurise la faculté de rachat au profit des héritiers. Cette intervention permet de transformer une succession bloquée en opération de sauvegarde patrimoniale.

Les recours judiciaires possibles

Lorsqu’une procédure de saisie est déjà engagée, les héritiers disposent encore de leviers juridiques. L’avocat peut saisir le juge de l’exécution pour demander un délai de grâce ou une suspension de la vente. Ce délai, prévu par le Code de la consommation, peut aller jusqu’à deux ans, à condition de présenter une solution de désintéressement crédible.

Là encore, la vente à réméré sert d’argument solide devant le tribunal. L’avocat démontre que les dettes seront intégralement réglées grâce à la transaction notariée et que les héritiers conservent la faculté de rachat. Le juge accorde alors un sursis, permettant de finaliser la vente et de stopper la saisie.

Ce rôle clé de l’avocat dans la défense du patrimoine successoral est détaillé dans la page « Avocat saisie immobilière : rôle et accompagnement ».

Quand un héritier bloque la succession

Il arrive qu’un seul héritier empêche la vente du bien commun, rendant impossible le paiement des dettes. Ce blocage, fréquent, peut être levé par le juge à la demande d’un ou plusieurs indivisaires. Le tribunal peut alors autoriser la vente du bien, même sans l’accord unanime des héritiers.

Mais cette procédure judiciaire est longue et risquée. Pendant ce temps, les dettes continuent de produire des intérêts, et la saisie devient inévitable. Pour éviter ce scénario, la vente à réméré permet de racheter la part du ou des héritiers défaillants. Le bien est temporairement vendu à un investisseur, les créanciers sont payés, et la famille dispose d’un délai pour régulariser la situation et récupérer la propriété.

Ce mécanisme, peu connu du grand public, est aujourd’hui utilisé par de nombreux praticiens du droit patrimonial pour éviter la dispersion des héritages en contentieux.

Le cas particulier des biens hypothéqués dans une succession

Si le bien transmis est grevé d’une hypothèque, les héritiers doivent impérativement en tenir compte. En cas de défaut de paiement du prêt, la banque conserve le droit de poursuivre la saisie, même après le décès du débiteur. Les héritiers deviennent alors responsables du remboursement, sauf s’ils renoncent à la succession.

Lorsqu’ils souhaitent conserver le bien, ils doivent soit solder la dette, soit refinancer le prêt. Dans certains cas, un crédit hypothécaire peut être envisagé, comme expliqué dans la page « Crédit hypothécaire : éviter la saisie de son bien ». Mais cette option reste rare, car les établissements bancaires sont très réticents face aux successions complexes.

La solution la plus réaliste demeure la vente à réméré, qui permet de rembourser immédiatement le créancier et de lever l’hypothèque, tout en conservant la possibilité de rachat ultérieure.

Les avantages du réméré dans un contexte successoral

Le réméré est parfaitement adapté aux successions en difficulté. Il présente plusieurs atouts déterminants.
D’abord, il stoppe immédiatement la procédure de saisie et permet d’éviter la vente aux enchères. Ensuite, il assure la transparence entre les héritiers : le produit de la vente est réparti selon les quotes-parts légales, sans favoritisme. Enfin, il laisse le temps à la famille de s’organiser pour racheter le bien ou procéder à un partage apaisé.

Ce mécanisme concilie rapidité, sécurité et équité. Il permet de régler les dettes fiscales, bancaires ou personnelles sans disperser le patrimoine familial. C’est la raison pour laquelle il est de plus en plus utilisé par les notaires et avocats spécialisés en gestion successorale.

L’importance d’agir avant la vente forcée

Une fois la vente aux enchères engagée, il est souvent trop tard. Les délais sont serrés, les audiences d’adjudication s’enchaînent, et la valeur du bien s’effondre. C’est pourquoi il faut intervenir dès les premiers signaux : mise en demeure, relance du fisc, ou conflit entre héritiers.

L’article « Vente aux enchères immobilière : comment la stopper ? » expose les moyens d’action disponibles jusqu’à la dernière minute, mais rappelle aussi que la prévention reste la meilleure arme.

Agir tôt permet de conserver le contrôle du processus, d’éviter la perte de valeur et de préserver les liens familiaux.

Conclusion

La saisie immobilière dans le cadre d’un héritage n’est pas une fatalité. Elle résulte presque toujours d’un manque d’anticipation ou d’un blocage entre héritiers. Pourtant, des solutions existent. Le réméré en est la plus efficace, car il combine la rapidité d’une vente, la sécurité juridique d’un acte notarié et la possibilité d’un rachat futur.

Contrairement aux ventes forcées, il ne détruit pas le patrimoine familial : il le met temporairement à l’abri. En période de crise successorale, c’est souvent la seule alternative capable de rétablir l’équilibre financier sans briser l’héritage.

Vendre temporairement pour sauver durablement, telle est la logique du réméré. Et dans un contexte où le fisc et les banques n’attendent plus, c’est une logique de survie patrimoniale.

FAQ – Saisie immobilière et héritage

Un seul héritier peut-il provoquer la saisie d’un bien ?
Oui. Si l’un des héritiers est endetté, ses créanciers peuvent faire saisir sa part, ce qui entraîne souvent la vente du bien entier.

Les dettes fiscales du défunt peuvent-elles conduire à une saisie ?
Oui. Le Trésor public peut saisir un bien de la succession si les impôts ne sont pas réglés dans les délais.

Que faire si un héritier bloque la vente du bien ?
Il est possible de saisir le juge pour autoriser la vente ou de recourir à une vente à réméré afin de désintéresser les créanciers sans l’accord unanime.

Peut-on utiliser un crédit hypothécaire dans une succession ?
Uniquement si la situation financière le permet. En pratique, le réméré est plus rapide et plus sûr.

Le réméré permet-il de préserver le patrimoine familial ?
Oui. Il évite la saisie, rembourse les dettes et offre un délai pour racheter le bien, ce qui protège la valeur et l’unité du patrimoine.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.