Peut-on refuser de payer la prestation compensatoire ?

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
14 October 2025

Refuser de payer une prestation compensatoire n’éteint ni l’obligation, ni les effets juridiques qui en découlent. À partir de la date fixée par le jugement ou la convention homologuée, le bénéficiaire peut initier des démarches d’exécution, le notaire exige une preuve de fonds et chaque jour qui passe accroît le risque de saisie. La vraie question n’est donc pas « puis-je refuser ? », mais « comment éviter les poursuites si je n’ai pas la trésorerie aujourd’hui ? ». La réponse opérationnelle consiste à produire un paiement traçable au compte étude, en utilisant votre patrimoine immobilier comme levier. Lorsque le délai est trop court ou que la banque refuse, la voie réellement opposable au temps consiste à passer par une vente à réméré, qui livre immédiatement la preuve de paiement et vous laisse la faculté de rachat.

Refuser de payer : ce que cela implique concrètement

Dire non ne modifie pas l’exigibilité. Le bénéficiaire peut vous mettre en demeure, puis viser vos comptes ou vos revenus, avant d’étendre les poursuites au patrimoine immobilier. En pratique, ce n’est pas la discussion sur le principe qui compte, mais la capacité à apporter une preuve de fonds datée et affectée par l’étude notariale. Tant que cette preuve de paiement n’existe pas, vous restez exposé à l’escalade contentieuse décrite en détail dans prestation compensatoire : quelles conséquences en cas de non-paiement ?.

Pourquoi « contester » n’est pas une solution de trésorerie

Contester le montant, solliciter des aménagements ou demander un échelonnement ne génère pas d’argent. Même lorsqu’un aménagement est envisageable, il suppose généralement un premier versement rapide et des garanties. C’est pourquoi l’étalement ne remplace pas une liquidité immédiate lorsqu’un paiement proche est exigé, comme le rappelle la page peut-on échelonner le paiement d’une prestation compensatoire ?. En d’autres termes, la prévention des poursuites passe d’abord par la production d’une trésorerie certaine, ensuite par l’éventuel lissage du reliquat.

Poser un diagnostic chiffré et opposable pour transformer la situation

Le notaire programme un acte sur pièces, pas sur intentions. Commencez par un état chiffré validé par l’étude qui additionne le capital à payer, les frais d’acte, une éventuelle indemnité de remboursement anticipé si un prêt doit être soldé, ainsi que les charges et taxes à jour, avec une petite marge de sûreté. Ce document, accompagné d’un plan d’emploi des fonds, permet d’engager un financement adossé au bien ou une monétisation patrimoniale. La marche à suivre si vous partez sans épargne est détaillée dans comment payer une prestation compensatoire sans épargne.

Utiliser son bien immobilier pour payer sans vendre au rabais

Si vous êtes propriétaire, la voie naturelle consiste à convertir une fraction de la valeur du bien en trésorerie au jour de l’acte. Lorsque l’éligibilité bancaire est plausible et que le calendrier le permet, l’adossement présenté dans crédit hypothécaire : une solution pour financer la prestation compensatoire crédite directement le compte étude, le notaire ventile vers le bénéficiaire et règle les postes annexes. Si la vente du bien est envisagée mais trop lente, vous pouvez structurer une avance encadrée chez le notaire parmi les options réunies sur prestation compensatoire et bien immobilier : quelles options ? de manière à éviter une décote dictée par l’urgence.

Quand le refus bancaire ou le délai court imposent une solution patrimoniale

Dans les dossiers tendus, le temps est le facteur critique. Si l’accord bancaire tarde, si un refus tombe ou si le délai résiduel se compte en jours, la seule mécanique capable de livrer immédiatement un paiement certain tout en vous laissant racheter ensuite est expliquée sur vente à réméré et prestation compensatoire : une alternative méconnue. Concrètement, l’acte passé chez le notaire fait arriver les fonds sur le compte étude, la prestation compensatoire est payée, les frais sont réglés et vous conservez une faculté de rachat à un prix et dans une durée fixés dès l’origine.

Prévenir la saisie en synchronisant finance et étude notariale

La séquence gagnante est toujours la même. L’étude reçoit la preuve de fonds datée, affecte en priorité la prestation compensatoire, règle les frais et publie les actes utiles. Cette traçabilité suffit, dans la grande majorité des cas, à faire cesser les poursuites avant qu’elles ne s’installent. Si vous êtes déjà sous pression, la démarche d’urgence est posée, pas à pas, dans divorce : que faire en cas d’impossibilité de payer la prestation compensatoire ?.

Éviter la vente précipitée et la destruction de valeur

Refuser de payer pour « gagner du temps » conduit souvent à céder ensuite le bien dans de mauvaises conditions. La bonne stratégie consiste à sécuriser immédiatement la prestation compensatoire par une source de liquidité dédiée, puis à arbitrer à froid entre conserver et vendre au bon prix. Cette approche préserve la valeur patrimoniale et réduit le coût global de la séparation.

Dimensionner correctement l’enveloppe pour ne pas revivre la même tension

Une enveloppe sous-dimensionnée rallume le risque à la dernière minute. Financez le capital, les frais et les aléas identifiés par l’étude. Si un prêt est associé au bien, anticipez le décompte, la désolidarisation et l’ordre des virements. Une fois la régularisation accomplie, stabilisez votre budget et, le cas échéant, préparez le refinancement « à froid » pour racheter le bien après une opération temporaire.

Ce qu’il faut retenir si vous envisagez de « refuser »

Refuser de payer ne crée pas de solution et augmente le coût final. La seule manière de reprendre la main consiste à apporter au notaire la preuve d’un paiement traçable, adossé à votre patrimoine. Selon votre délai et votre profil, cela passera par un adossement hypothécaire, une avance sous contrôle notarial ou une cession temporaire avec faculté de rachat. La logique est simple : liquidité certaine d’abord, discussions ensuite.

FAQ

Ai-je le droit de refuser de payer si je considère le montant excessif ?

Le désaccord sur le montant n’empêche pas l’exigibilité. Si vous contestez, faites-le par les voies appropriées, mais produisez en parallèle une solution de paiement pour éviter les poursuites. En pratique, sécurisez une trésorerie conforme à l’état chiffré et traçable par l’étude, comme expliqué dans comment payer une prestation compensatoire sans épargne.

Un échelonnement peut-il remplacer le paiement immédiat ?

Non, l’échelonnement n’est qu’une modalité et suppose souvent un premier versement rapide. Utilisez-le en complément d’une liquidité certaine. Les règles et limites sont détaillées sur peut-on échelonner le paiement d’une prestation compensatoire ?.

Je suis propriétaire, mais la banque refuse. Suis-je condamné à vendre ?

Non. Vous pouvez monétiser temporairement le bien pour payer et conserver une option de rachat, selon la méthode décrite sur vente à réméré et prestation compensatoire. Vous refinancez ensuite « à froid » lorsque votre dossier est assaini.

Comment éviter une saisie si la date est toute proche ?

En livrant immédiatement une preuve de fonds au compte étude, avec affectation prioritaire à la prestation compensatoire. Si l’adossement bancaire ne tient pas le délai, la solution la plus rapide et traçable est décrite sur vente à réméré et prestation compensatoire.

Et si je décide de payer plus tard, quelles conséquences ?

Mises en demeure, mesures d’exécution et, à terme, saisie patrimoniale. Le déroulé et les parades sont exposés dans quelles conséquences en cas de non-paiement ?.

Puis-je rester dans le logement si j’utilise une solution temporaire ?

Oui, si l’acte le prévoit. L’indemnité d’occupation et les obligations d’entretien sont encadrées pour préserver la valeur du bien jusqu’au rachat. Les options liées à votre patrimoine sont passées en revue dans prestation compensatoire et bien immobilier : quelles options ?.

Par quoi commencer aujourd’hui si je n’ai pas l’argent ?

Par un état chiffré validé par le notaire et un plan d’emploi des fonds. Ensuite, choisissez la trajectoire compatible avec votre délai : adossement si c’est finançable à temps, ou monétisation temporaire si l’urgence l’impose, comme sur vente à réméré et prestation compensatoire.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.