Différence entre hypothèque judiciaire et hypothèque légale

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
14 November 2025

L’hypothèque constitue l’une des principales sûretés du droit immobilier. Elle permet à un créancier de garantir le paiement de sa créance par un droit réel sur un bien appartenant au débiteur. Toutefois, toutes les hypothèques ne naissent pas de la même manière. Le Code civil distingue notamment l’hypothèque judiciaire et l’hypothèque légale. Si elles partagent la même finalité — sécuriser une dette —, leur origine, leurs conditions d’application et leurs effets diffèrent sensiblement.

L’hypothèque judiciaire : une garantie issue d’une décision de justice

Définition

L’hypothèque judiciaire est une sûreté immobilière créée par un jugement ou un titre exécutoire.
Selon l’article 2412 du Code civil, elle permet à un créancier, muni d’une décision de justice, de faire inscrire une hypothèque sur les immeubles appartenant à son débiteur.

Objectif et procédure

L’objectif principal est de garantir le recouvrement d’une dette.
Deux formes existent :

  • L’hypothèque judiciaire provisoire, inscrite avant que la condamnation soit définitive ;
  • L’hypothèque judiciaire définitive, inscrite après un jugement définitif.

L’inscription se fait auprès du service de la publicité foncière, après dépôt d’un bordereau mentionnant le titre exécutoire, les parties et la nature de la créance.

Effets

L’hypothèque judiciaire confère au créancier :

  • un droit de préférence, lui permettant d’être payé avant d’autres créanciers ;
  • un droit de suite, lui donnant la possibilité de poursuivre le bien hypothéqué même s’il est vendu.

L’hypothèque légale : une sûreté imposée par la loi

Définition

L’hypothèque légale découle directement de la loi, sans intervention du juge.
L’article 2400 du Code civil énumère les cas où elle s’applique automatiquement.

Exemples :

  • L’hypothèque légale du vendeur, pour garantir le paiement du prix de vente ;
  • L’hypothèque légale du syndicat de copropriétaires, pour le paiement des charges de copropriété ;
  • L’hypothèque légale du Trésor public, pour certaines dettes fiscales ;
  • L’hypothèque légale du mineur ou du majeur protégé, en cas de gestion par un tuteur.

Formalités

Dans certains cas, l’hypothèque légale doit être inscrite pour être opposable aux tiers (ex. : hypothèque du vendeur).
Dans d’autres, elle existe de plein droit et ne nécessite aucune formalité (ex. : hypothèque du Trésor public).

Effets

Comme l’hypothèque judiciaire, elle accorde un droit de préférence et un droit de suite.
Cependant, son champ d’application est limité à des situations légales précises, contrairement à l’hypothèque judiciaire, qui dépend d’un contentieux individuel.

Points communs

Malgré leurs différences, les deux hypothèques présentent des effets similaires :

  • Elles garantissent une créance sur un bien immobilier ;
  • Elles confèrent au créancier un droit de préférence et un droit de suite ;
  • Leur inscription au fichier immobilier leur donne opposabilité et priorité sur les autres créanciers.

Enjeux pratiques et choix de la garantie

Pour un créancier, le recours à une hypothèque judiciaire intervient souvent après échec de solutions amiables.
L’hypothèque légale, quant à elle, sert à prévenir les risques financiers dans les relations juridiques encadrées (vente, tutelle, succession).

Les notaires, avocats et magistrats veillent à sécuriser ces garanties selon la nature du litige et la situation du débiteur.

Conclusion

La différence entre hypothèque judiciaire et hypothèque légale repose essentiellement sur leur origine : la première est décidée par le juge, la seconde résulte directement de la loi.
Toutes deux constituent des instruments puissants de protection du créancier, assurant la stabilité et la transparence du droit immobilier français.

FAQ – Différence entre hypothèque judiciaire et hypothèque légale

Qu’est-ce qu’une hypothèque judiciaire ?
C’est une sûreté immobilière accordée par décision de justice pour garantir le paiement d’une créance.

Qu’est-ce qu’une hypothèque légale ?
C’est une garantie prévue par la loi au profit de certains créanciers (vendeur, Trésor public, tuteur, etc.).

Qui décide d’une hypothèque judiciaire ?
Le juge, sur la base d’un jugement ou d’un titre exécutoire présenté par le créancier.

Faut-il un notaire pour inscrire une hypothèque judiciaire ?
Oui, car l’inscription doit être effectuée par acte authentique au service de la publicité foncière.

L’hypothèque légale est-elle automatique ?
Certaines le sont (comme celle du Trésor public), d’autres nécessitent une inscription pour être opposables.

Peut-on vendre un bien grevé d’une hypothèque judiciaire ou légale ?
Oui, mais le bien reste grevé tant que la dette n’est pas remboursée. L’acquéreur doit en tenir compte.

Quelle hypothèque est la plus courante ?
L’hypothèque judiciaire est plus fréquente dans les contentieux privés, tandis que l’hypothèque légale s’applique dans des situations encadrées par le Code civil.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.