Contentieux bancaire et redressement judiciaire : comment réagir ?

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
13 October 2025

Être placé en redressement judiciaire tout en subissant un contentieux bancaire crée un effet de cisaillement. D’un côté, la procédure collective encadre les dettes professionnelles et suspend certaines poursuites. De l’autre, la banque durcit sa position, coupe les concours, actionne les garanties et peut viser la caution personnelle du dirigeant ainsi que les sûretés réelles attachées à un bien immobilier. La clé n’est pas de s’abriter derrière la procédure dans l’espoir que la pression retombe. Elle consiste à comprendre précisément ce que protège le redressement, ce qu’il ne protège pas, et à organiser une réponse financière et procédurale cohérente pour éviter une exécution qui détruirait de la valeur.

Comprendre l’articulation réelle entre la procédure collective et le contentieux bancaire

Le redressement judiciaire vise d’abord la continuité de l’activité et l’apurement des dettes professionnelles selon un plan. Cette logique n’efface pas magiquement les créances bancaires ni les sûretés consenties en garantie d’un prêt. Les concours sont souvent dénoncés, les lignes de trésorerie coupées, les engagements de caution actionnés et les garanties réelles rappelées. La banque réagit à des incidents objectivés, puis déroule les étapes décrites dans la procédure de contentieux bancaire : étapes et délais. La protection de la société n’équivaut pas à une immunité pour le patrimoine du dirigeant, surtout s’il s’est porté caution personnelle. C’est à cet endroit que naît la zone de danger : le passif professionnel déclenche des poursuites sur les biens privés et l’exécution immobilière devient une perspective concrète si rien n’est réglé.

Pourquoi la banque accélère et ce que cela change à votre calendrier

La logique du prêteur est double. Elle consiste à limiter son exposition en cessant les facilités et à recouvrer ce qui est exigible au plus vite. Après mises en demeure et, le cas échéant, déchéance du terme, la créance devient exigible dans son intégralité. Les mesures conservatoires, les saisies et les commandements aux fins de saisie immobilière se succèdent si un bien garantit la dette. Cette séquence n’est pas ralentie par des échanges de principe. Elle ne se ralentit que par l’annonce d’un paiement certain, daté et sécurisé, ce que confirme l’expérience relatée dans la procédure de contentieux bancaire. Le redressement apporte un cadre, mais il ne substitue pas une trésorerie manquante. Tant que l’exigible bancaire n’est pas apuré, la trajectoire reste orientée vers l’exécution.

La caution personnelle du dirigeant : pivot du risque patrimonial

L’engagement de caution est souvent déclenché à la première défaillance significative. La banque se tourne alors vers le dirigeant pour obtenir le paiement. La validité, l’information annuelle, la proportionnalité et d’autres éléments peuvent être discutés, mais ces débats prennent du temps et n’arrêtent pas mécaniquement l’exécution. Lorsque la dette est exigible, l’huissier agit et la menace d’une vente forcée pèse sur la résidence principale si des sûretés existent. Les réflexes et priorités à connaître sont détaillés dans contentieux bancaire et caution personnelle : quels risques ?. Tant qu’aucun règlement crédible n’est annoncé, les actes se poursuivent vers l’audience d’orientation et l’adjudication.

FICP, blocage de compte et découvert : les effets collatéraux qui paralysent

Le cumul redressement plus contentieux s’accompagne fréquemment d’une inscription au FICP. Ce fichage coupe l’accès à tout refinancement bancaire au moment où il serait décisif pour désintéresser la banque. Les conséquences et la sortie après régularisation sont exposées dans contentieux bancaire et FICP : quelles conséquences ?. Dans le même temps, des restrictions ou un blocage de compte bancaire compliquent la gestion du quotidien et multiplient les incidents. Un découvert bancaire non autorisé qui persiste nourrit la démonstration d’une défaillance caractérisée et justifie, aux yeux du créancier, l’accélération des poursuites. Cette accumulation d’effets délétères réduit la fenêtre d’action. Il faut donc agir vite, de façon structurée et coordonnée avec la procédure collective.

Ce que protège le redressement et ce qu’il ne protège pas

La procédure collective suspend ou réorganise certaines créances à l’égard de la société, mais elle ne neutralise pas automatiquement les poursuites sur la caution personnelle ni la réalisation des sûretés réelles hors du périmètre protégé. La banque peut donc, dans de nombreux cas, poursuivre son exécution contre le dirigeant et viser un bien immobilier donné en garantie. La lecture précise des actes reçus, des sûretés inscrites et des décisions déjà intervenues s’impose pour savoir si la trajectoire conduit à court terme à un commandement aux fins de saisie. Dès qu’un tel commandement est signifié, la bascule vers la saisie immobilière après contentieux bancaire : comment l’éviter ? devient un enjeu de très court terme.

Répondre utilement aux courriers et préparer une issue crédible

Chaque courrier bancaire est un jalon. La lettre de mise en demeure de la banque : comment répondre ? explique la structure d’une réponse opposable. Cette réponse ne vaut, en pratique, que si elle annonce un plan de désintéressement daté, instrumenté et crédible. Sans cela, la déchéance du terme et les actes d’exécution suivront leur cours. L’objectif n’est pas de multiplier les échanges, mais d’indiquer la date à laquelle des fonds sécurisés seront affectés au paiement, pièces à l’appui, pour permettre la suspension des diligences et éviter l’orientation vers la vente forcée.

La seule trajectoire opérante lorsque la voie bancaire est fermée

Dans un redressement, la société a besoin de trésorerie pour poursuivre l’activité, tandis que le dirigeant doit neutraliser la menace sur son patrimoine. Or, le fichage et la politique de risque des banques rendent illusoire un nouveau crédit. La seule trajectoire qui fonctionne consiste à convertir rapidement une partie de la valeur d’un bien immobilier en liquidités sécurisées chez notaire pour solder l’exigible bancaire, purger les inscriptions et arrêter la procédure. Cette démarche est détaillée de manière opérationnelle dans sortir d’un contentieux bancaire : les solutions efficaces. Elle évite l’adjudication, préserve la valeur et redonne du temps utile, soit pour racheter le bien une fois la situation normalisée, soit pour vendre de gré à gré dans de meilleures conditions.

Synchroniser la solution financière avec l’horloge procédurale

L’efficacité de la sortie dépend d’une synchronisation fine. Le dossier notarié doit être ouvert, les montants certifiés, l’affectation des fonds précisée et une date de signature fixée avant l’audience clé. Ces éléments sont communiqués formellement au service contentieux et au conseil adverse, ce qui crée l’espace d’un renvoi utile et l’arrêt des actes le temps de finaliser l’opération. Ce n’est pas la promesse de négocier qui infléchit la procédure, c’est la preuve que le créancier sera payé à très brève échéance. La procédure de contentieux bancaire fournit le cadre de cette synchronisation.

Éviter les erreurs qui transforment un redressement en vente forcée

La première erreur est de considérer que la procédure collective protège, par ricochet, le patrimoine privé du dirigeant. Elle ne le fait pas nécessairement et la caution reste exposée. La deuxième est de promettre un crédit alors qu’un fichage ferme la voie bancaire, ce qui fait perdre un temps décisif et aggrave la position. La troisième est de vendre dans l’urgence sous la contrainte d’un calendrier judiciaire, au risque d’une décote significative. La trajectoire rationnelle consiste à préparer une opération notariale de sortie, à stabiliser les incidents périphériques et à communiquer, tôt et clairement, un calendrier de désintéressement opposable.

Stabiliser l’exploitation tout en protégeant le patrimoine privé

Le dirigeant doit tenir deux fronts. Il doit démontrer, dans le cadre du redressement, la continuité de l’activité et la cohérence d’un plan, tout en protégeant ses biens privés visés par la banque. La stabilisation des flux bancaires courants, la régularisation des incidents liés au blocage de compte bancaire et la maîtrise d’un découvert bancaire non autorisé améliorent le contexte. Mais seul le règlement de l’exigible arrête l’exécution. L’ossature de cette réponse financière est celle décrite dans sortir d’un contentieux bancaire, qui cadre l’arrivée de fonds, la purge des inscriptions et la levée, à terme, du fichage.

Après l’apurement : reconstituer une trajectoire normale

Une fois la créance bancaire payée et les inscriptions purgées, la pression sur la caution retombe, la levée du fichage peut intervenir selon les délais usuels et la relation bancaire se normalise. Deux voies s’ouvrent pour le patrimoine privé : le rachat du bien à l’issue de la période convenue si la solvabilité est reconstituée, ou la vente de gré à gré, hors contrainte judiciaire, au meilleur prix, afin de solder tout passif résiduel et de consolider la situation. Côté entreprise, la procédure collective suit son cours dans un climat apaisé, sans la menace paralysante de l’exécution sur les biens du dirigeant.

FAQ

Le redressement judiciaire suspend-il automatiquement les poursuites de la banque contre moi en tant que caution personnelle ?
La procédure protège prioritairement la société. Elle ne neutralise pas mécaniquement les actions sur la caution. Si la dette est exigible et que des sûretés existent, la banque peut poursuivre. La protection réelle du patrimoine privé vient d’un désintéressement rapide et opposable, pas d’une simple invocation de la procédure collective, comme exposé dans contentieux bancaire et caution personnelle : quels risques ?.

Puis-je espérer un nouveau crédit pour solder la banque malgré le redressement ?
En présence d’un fichage et d’incidents récents, l’accès au crédit classique est verrouillé. Les établissements consultent le fichier et écartent le dossier. La solution passe par une mobilisation patrimoniale qui génère des fonds chez le notaire pour payer l’exigible, selon la méthode décrite dans sortir d’un contentieux bancaire : les solutions efficaces et les impacts précisés dans contentieux bancaire et FICP.

La médiation bancaire a-t-elle un intérêt pendant le redressement ?
Elle peut accompagner une transaction lorsque le paiement est programmé, en facilitant des remises d’intérêts et de frais. Elle n’arrête pas, à elle seule, une exécution fondée sur une créance exigible. Ce qui suspend les actes, c’est l’annonce d’un règlement daté et sécurisé.

Que faire si je reçois un commandement de payer aux fins de saisie pendant la procédure collective ?
Traiter l’urgence en chiffrant l’exigible, en ouvrant le dossier chez notaire pour générer des liquidités et en informant officiellement la banque d’un calendrier de désintéressement. Les jalons et réflexes utiles pour éviter l’adjudication sont détaillés dans saisie immobilière après contentieux bancaire : comment l’éviter ? et le cadre temporel est rappelé dans la procédure de contentieux bancaire.

Ma société est en redressement, mais la banque bloque mes comptes personnels. Est-ce logique ?
Un blocage de compte bancaire peut résulter d’une mesure conservatoire ou d’une saisie-attribution liée à la dette exigible. La procédure collective de la société n’empêche pas l’exécution à titre personnel si la caution est actionnée. La levée durable du blocage passe par le règlement de l’exigible.

Vendre rapidement un bien ne serait-il pas plus simple que de mettre en place une opération notariale temporaire ?
Une vente précipitée sous la pression d’un calendrier judiciaire expose à une décote et ne coïncide pas toujours avec les délais procéduraux. L’opération de sortie permet d’apporter des fonds immédiatement, d’arrêter la procédure et de laisser le temps d’arbitrer entre rachat et vente de gré à gré à meilleur prix, comme expliqué dans sortir d’un contentieux bancaire.

Comment articuler mon avocat, le notaire et l’administrateur judiciaire ?
Chacun a un rôle. L’avocat sécurise la défense, obtient les renvois utiles et structure le protocole avec la banque. Le notaire génère la trésorerie et affecte les fonds au désintéressement. L’administrateur encadre la continuité de l’exploitation. La cohérence vient d’un calendrier de paiement ferme, communiqué officiellement, qui conditionne la suspension des diligences et l’évitement de la vente forcée.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.