Comment faire baisser la prestation compensatoire

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
12 November 2025

Après un divorce, la prestation compensatoire vise à compenser la différence de niveau de vie entre les ex-conjoints. Mais certaines situations peuvent évoluer avec le temps. Une perte d’emploi, une baisse de revenus, une maladie ou la retraite peuvent rendre le versement trop lourd à supporter. Dans ce cas, il est possible de demander une réduction du montant. Faire baisser une prestation compensatoire n’est pas automatique : il faut justifier un changement réel et durable dans la situation financière du débiteur ou du bénéficiaire.

Comprendre les conditions d’une révision

La loi prévoit la possibilité de modifier une prestation compensatoire uniquement en cas de changement important et durable dans les ressources ou les besoins de l’un des ex-époux. Cette révision n’est pas un nouveau calcul, mais une adaptation à une situation qui a évolué. Le juge examine les circonstances personnelles, professionnelles et patrimoniales des deux parties. Il ne suffit pas d’invoquer un simple désaccord ou un sentiment d’injustice ; il faut démontrer une évolution objective depuis le jugement initial.

La révision d’une prestation compensatoire sous forme de rente

La prestation compensatoire peut être versée en capital ou sous forme de rente. Seule la rente est révisable dans le temps. Lorsqu’elle est versée mensuellement, le débiteur peut demander au juge de la diminuer ou de la supprimer si ses revenus ont diminué ou si ceux du bénéficiaire ont augmenté. Par exemple, une perte d’emploi, une invalidité, une retraite anticipée ou un remariage du bénéficiaire peuvent justifier une baisse. Le juge apprécie chaque cas selon les preuves présentées et la réalité des changements invoqués.

Les critères pris en compte par le juge

Le juge évalue la situation actuelle des deux ex-conjoints. Il compare les revenus, les charges, les patrimoines et les perspectives économiques de chacun. Il examine aussi les motifs de la demande pour vérifier leur légitimité. Si la baisse de revenus résulte d’un choix volontaire, comme un changement d’activité non contraint, la révision peut être refusée. En revanche, une dégradation involontaire de la situation financière, prouvée par des documents officiels, constitue un argument recevable.

Les démarches à suivre pour faire baisser la prestation compensatoire

La demande de révision doit être déposée auprès du juge aux affaires familiales du tribunal judiciaire du lieu de résidence du bénéficiaire. Elle doit être présentée par un avocat, accompagné de justificatifs récents : bulletins de salaire, déclarations fiscales, relevés bancaires, attestations médicales ou documents prouvant une baisse de revenus. Une fois la requête déposée, le juge convoque les deux parties pour entendre leurs arguments et décider s’il y a lieu de modifier la prestation.

La possibilité d’un accord amiable

Avant de saisir le juge, il est souvent préférable d’essayer de trouver un accord amiable avec l’ex-conjoint. Si les deux parties reconnaissent la nécessité d’une révision, elles peuvent signer un avenant fixant un nouveau montant ou de nouvelles modalités de versement. Cet accord doit ensuite être homologué par le juge pour avoir une valeur juridique. Cette solution présente l’avantage d’éviter un conflit et de réduire les délais de procédure.

Le rôle essentiel de l’avocat

L’avocat est indispensable pour encadrer la demande de révision. Il aide à constituer le dossier, à rédiger les arguments et à prouver la réalité du changement de situation. Il peut également négocier un accord amiable avec la partie adverse. Son accompagnement permet de présenter une requête solide et conforme aux exigences du juge.

La suppression totale de la prestation compensatoire

Dans certains cas, la prestation compensatoire peut être totalement supprimée. Cela intervient lorsque le bénéficiaire voit sa situation financière s’améliorer considérablement, par exemple grâce à un héritage, un remariage ou une augmentation importante de revenus. Le juge peut alors estimer que le déséquilibre initial n’existe plus. Cette suppression est possible uniquement pour les rentes, pas pour les prestations versées sous forme de capital.

Les délais et la durée de la procédure

Le traitement d’une demande de révision dépend de la charge du tribunal et de la complexité du dossier. En général, il faut compter entre trois et six mois pour obtenir une décision. Le juge peut ordonner une expertise ou demander des pièces supplémentaires. Pendant ce délai, les paiements doivent continuer au montant initial, sauf décision contraire du juge.

Les conséquences d’une baisse accordée

Si le juge accepte la demande, il fixe un nouveau montant ou modifie la durée de la rente. La décision s’applique à compter du jugement, sans effet rétroactif sur les sommes déjà versées. Le débiteur retrouve ainsi une capacité financière plus équilibrée, tandis que le bénéficiaire conserve une aide adaptée à sa nouvelle situation. En revanche, si la demande est rejetée, la prestation continue dans les mêmes conditions.

Les erreurs à éviter

La principale erreur est de déposer une demande sans preuve concrète. Les juges exigent des justificatifs précis et récents. Une autre erreur fréquente consiste à interrompre les paiements pendant la procédure, ce qui expose à des poursuites. Il est également déconseillé de multiplier les requêtes sans motif valable, au risque d’être considéré comme abusif. Enfin, il est essentiel de rester transparent sur sa situation financière, car toute dissimulation peut se retourner contre le demandeur.

Conclusion

Faire baisser une prestation compensatoire est possible, mais la loi encadre strictement cette démarche. Seule une évolution significative et durable de la situation peut justifier une réduction. Une procédure bien préparée, accompagnée d’un avocat et fondée sur des preuves solides, augmente les chances d’obtenir gain de cause. Dans tous les cas, la recherche d’un accord amiable reste la meilleure option pour préserver un équilibre entre les ex-conjoints tout en évitant les tensions et les longueurs judiciaires.

FAQ – Comment faire baisser la prestation compensatoire

Peut-on demander une baisse de la prestation compensatoire ?
Oui, si la situation financière du débiteur s’est dégradée ou si celle du bénéficiaire s’est améliorée depuis le jugement.

La baisse est-elle possible pour une prestation versée en capital ?
Non, seules les rentes sont révisables. Une prestation versée en une fois ne peut pas être modifiée.

Quel juge est compétent pour la révision ?
Le juge aux affaires familiales du lieu de résidence du bénéficiaire.

Faut-il un avocat pour déposer une demande ?
Oui, la représentation par avocat est obligatoire pour toute procédure de révision.

Peut-on arrêter de payer en attendant la décision du juge ?
Non, les paiements doivent continuer jusqu’à ce qu’une nouvelle décision soit rendue.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.