Lorsqu’un entrepreneur, commerçant ou dirigeant d’entreprise se retrouve dans l’impossibilité de faire face à ses dettes, la faillite personnelle peut devenir inévitable. Cette procédure, souvent perçue comme une sanction, vise à sanctionner les fautes de gestion ayant conduit à la cessation de paiements. Elle entraîne des conséquences patrimoniales et professionnelles lourdes, mais elle permet également d’assainir une situation financière devenue insoutenable. Comprendre comment déclarer une faillite personnelle, à quel moment et devant quelle juridiction est essentiel pour anticiper ses effets et préparer la suite.
Qu’est-ce qu’une faillite personnelle ?
La faillite personnelle est une décision de justice prononcée contre un dirigeant ou un entrepreneur qui a commis des fautes de gestion ayant contribué à la faillite de son entreprise. Elle peut concerner les commerçants, artisans, agriculteurs ou dirigeants de société. Son objectif n’est pas seulement de liquider les biens du débiteur, mais aussi de marquer une responsabilité personnelle dans la défaillance économique. Contrairement au simple dépôt de bilan, la faillite personnelle entraîne une interdiction de gérer et une atteinte durable à la réputation financière du dirigeant.
Bon à savoir
La faillite personnelle peut être demandée par le tribunal de commerce, à la suite d’une liquidation judiciaire, ou par le ministère public lorsqu’il estime que des fautes graves ont été commises dans la gestion.
Dans quels cas peut-on déclarer une faillite personnelle ?
La faillite personnelle intervient lorsqu’un dirigeant n’a pas respecté ses obligations légales de gestion ou a aggravé volontairement la situation financière de l’entreprise. Le tribunal peut la prononcer en cas de comptabilité irrégulière, de détournement d’actifs, de paiement préférentiel de certains créanciers ou de poursuite abusive d’une activité déficitaire. Elle vise à responsabiliser le chef d’entreprise et à éviter les comportements frauduleux. Un dirigeant ne peut pas déclarer spontanément une faillite personnelle pour échapper à ses dettes : il s’agit toujours d’une mesure judiciaire, décidée à l’issue d’une procédure collective, parfois liée à une caution bancaire du dirigeant.
Erreur fréquente
Beaucoup de dirigeants confondent faillite personnelle et liquidation judiciaire. La liquidation vise à éteindre les dettes de l’entreprise ; la faillite personnelle vise à sanctionner le comportement du dirigeant.
Comment se déroule la procédure de déclaration ?
La déclaration de faillite personnelle n’est pas une démarche volontaire, mais résulte d’une décision du tribunal de commerce. Elle intervient le plus souvent à la suite d’une liquidation judiciaire. Le liquidateur, le ministère public ou les créanciers peuvent demander au tribunal d’ouvrir une action en faillite personnelle contre le dirigeant. Le juge examine alors les éléments comptables, la gestion de l’entreprise et le comportement du dirigeant avant de prononcer sa décision. Si la faillite personnelle est déclarée, elle est publiée au BODACC et entraîne l’interdiction de diriger, gérer ou contrôler toute entreprise pendant une durée pouvant aller jusqu’à 15 ans. Ce type de mesure peut aussi être observé dans le cas d’une faillite personnelle d’un chef d’entreprise.
Conseil d’expert
Il est essentiel de se faire assister par un avocat spécialisé en droit des entreprises en difficulté dès le début de la procédure. Un dossier bien préparé, prouvant la bonne foi du dirigeant, peut réduire la durée ou la sévérité de la sanction.
Les étapes clés pour déclarer ou répondre à une faillite personnelle
Même si le dirigeant ne peut pas se déclarer lui-même en faillite personnelle, il peut en revanche anticiper la procédure et préparer sa défense. Dès qu’une liquidation judiciaire est prononcée, il doit remettre au liquidateur l’ensemble des documents comptables et coopérer pleinement à l’enquête. Le tribunal peut ensuite décider d’ouvrir une procédure spécifique s’il estime que des fautes ont été commises.
Dans les faits, la démarche se déroule en plusieurs temps :
- Le constat de la cessation de paiements.
- L’ouverture ou la clôture de la liquidation judiciaire.
- L’examen des fautes de gestion.
- L’audience de jugement et le prononcé éventuel de la faillite personnelle.
Pendant toute la durée de la procédure, le dirigeant conserve la possibilité de présenter des éléments à décharge et de contester les faits reprochés.
Exemple concret
Un dirigeant de société de bâtiment connaît une forte baisse d’activité. Malgré une trésorerie négative, il continue de payer certains fournisseurs et omet de déclarer la cessation de paiements dans les délais légaux. Six mois plus tard, l’entreprise est mise en liquidation judiciaire. Le liquidateur découvre une comptabilité partiellement tenue et un passif social non déclaré. Le tribunal prononce alors une faillite personnelle de 7 ans. Grâce à l’assistance d’un avocat, la sanction est ensuite réduite à 3 ans, le juge reconnaissant la bonne foi partielle du dirigeant.
Les conséquences d’une faillite personnelle
La faillite personnelle a des effets lourds. Elle entraîne l’interdiction de diriger ou gérer toute entreprise, la radiation du registre du commerce et une mention au Fichier des incidents de paiement (FICP). Dans certains cas, elle peut également rendre le dirigeant responsable sur ses biens personnels des dettes sociales ou fiscales. Cette mesure vise à protéger le tissu économique et à sanctionner les comportements contraires à la probité des affaires. Toutefois, la réhabilitation peut être demandée après un certain délai si le dirigeant démontre un comportement exemplaire, comme dans une procédure de réhabilitation réussie.
À retenir
La faillite personnelle n’est pas définitive. Un dirigeant peut demander sa levée après un délai minimal de deux ans, sous réserve d’une gestion irréprochable et de l’absence de récidive.
Comment éviter une faillite personnelle ?
La meilleure prévention reste la transparence et la réactivité. Déclarer la cessation de paiements dès les premiers signes de difficulté, solliciter une conciliation ou un mandat ad hoc permet souvent d’éviter la sanction. L’accompagnement par un expert-comptable et un avocat spécialisé est également déterminant pour prouver la bonne foi du dirigeant et limiter les risques de faute de gestion.
La réhabilitation après faillite personnelle
La réhabilitation est une procédure qui permet d’effacer les effets de la faillite personnelle. Elle doit être demandée au tribunal de commerce et repose sur la démonstration d’un comportement exemplaire depuis la sanction. Si elle est accordée, elle lève l’interdiction de gérer et efface les inscriptions aux registres officiels. Cette étape marque la possibilité d’un nouveau départ pour le dirigeant, à condition d’avoir tiré les leçons de la défaillance passée, comme le montre l’expérience de dirigeants réhabilités après faillite.
FAQ – Comment déclarer une faillite personnelle
Peut-on demander soi-même une faillite personnelle ?Non, la faillite personnelle est toujours prononcée par le tribunal, à la suite d’une procédure collective.
Quelle est la durée d’une faillite personnelle ?
Elle peut aller jusqu’à 15 ans, mais la durée moyenne est comprise entre 3 et 7 ans.
Peut-on travailler pendant une faillite personnelle ?
Oui, mais il est interdit de créer, diriger ou gérer une entreprise.
Comment contester une faillite personnelle ?
Un recours peut être déposé devant la cour d’appel dans les 10 jours suivant la notification du jugement.
Peut-on obtenir une levée anticipée de la faillite personnelle ?
Oui, en cas de bonne conduite et d’apurement partiel du passif, une demande de réhabilitation peut être présentée après deux ans.


