Vente en nue‑propriété : valorisez votre bien, obtenez un capital immédiat

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
18 September 2025

Vous avez un bien immobilier. Vous y tenez. Mais vous manquez de liquidités. Et si vous pouviez transformer une partie de votre patrimoine en argent dès aujourd’hui, sans quitter votre maison ni sacrifier votre confort ? La vente en nue-propriété est une solution puissante — parfois méconnue — qui permet de libérer un capital immédiat tout en conservant l’usage de votre bien. Dans cet article, nous vous montrons comment ça fonctionne ; les avantages, les contraintes, la fiscalité, les conditions légales, avec des exemples précis. Vous aurez toutes les clés pour décider si c’est la stratégie qu’il vous faut.

Qu’est‑ce que la vente en nue‑propriété ?

Définition simple

La propriété d’un bien immobilier peut être démembrée en deux droits : l’usufruit et la nue-propriété.

  • L’usufruit donne le droit d’usage ou de percevoir les revenus (par exemple, habiter le logement ou le louer).
  • La nue-propriété correspond à la propriété sans l’usage ou les revenus jusqu’à extinction de l’usufruit.
  • Dans la vente en nue-propriété, le propriétaire vend cette nue-propriété, tout en se réservant l’usufruit — temporaire ou viager selon les cas.

Usufruit temporaire vs usufruit viager

  • Usufruit temporaire : durée déterminée (ex. 5‑30 ans) après laquelle l’usufruit s’éteint.
  • Usufruit viager : l’usufruit dure jusqu’au décès de l’usufruitier.

Pourquoi vendre la nue‑propriété d’un bien immobilier ?

  • Pour obtenir liquidités immédiates, sans avoir à vendre le logement ou déménager.
  • Pour conserver son logement, son cadre de vie, tout en monétisant une partie du patrimoine.
  • Pour alléger les gros travaux de structure, qui reviennent souvent au nu‑propriétaire selon le Code civil.
  • Pour optimiser la fiscalité : allégements fiscaux sur l’IFI, plus‑values, droits de donation/succession selon le démembrement.

Les conditions d’éligibilité

Critères principaux

  • Propriété pleine du bien : vous devez en être propriétaire (ou avoir la pleine propriété) pour pouvoir démontrer la nue-propriété.
  • Usufruit réservé : vous devez vous réserver l’usufruit (usage ou revenus).
  • Âge de l’usufruitier : bien que non obligatoire dans tous les cas, un âge avancé augmente la nue-propriété, donc augmente le capital perçu.
  • Localisation / attractivité / état du bien : l’emplacement compte énormément pour valoriser le bien.
  • Absence de charges ou de litiges excessifs affectant le bien.

Fiscalité et impôts : ce qu’il faut savoir

IFI, impôts sur la fortune immobilière

  • Si vous vendez la nue-propriété à un tiers (banque, investisseur), vous n’êtes pas tenu d’inclure la pleine propriété du bien dans votre IFI. La valeur est répartie selon le barème fiscal (article 669 CGI).

Plus-value immobilière

  • La cession de la nue-propriété constitue une mutation à titre onéreux, donc une plus-value peut être imposable selon les règles générales.
  • Abattements selon la durée de détention. Si résidence principale, exonérations possibles.

Taxe foncière et impôts locaux

  • En général, l’usufruitier reste redevable de la taxe foncière.
  • Le nu-propriétaire ne paie pas les impôts liés à l’usage ou à la jouissance du logement pendant l’usufruit.

Droits de succession / donation

  • En donation ou succession, la valeur de la nue-propriété (ou de l’usufruit) est calculée selon le barème officiel (CGI, article 669).
  • Cela permet de réduire la base taxable.

Avantages et inconvénients comparés à d’autres solutions

SolutionAvantagesInconvénientsVente en nue‑propriétéCapital immédiat, usage conservé, fiscalité favorable, soulagement des charges importantesMontant moindre que vente pleine propriété, moins de contrôle sur la nue‑propriété, coût notaire, bail de l’usufruit s’il y a revenu locatif, durée d’usufruit souvent longueVente classiqueMontant maximal, simplificationPerte de l’usage, déménagement possible, fiscalité forte, impact émotionnel/patrimonialPrêt bancaire / prêt hypothécaireConservation de la pleine propriété et de l’usage, apporte des liquiditésIntérêts à payer, dette à rembourser, conditions d’emprunt difficiles si dettes existantes

Exemple chiffré

Exemple : Madame Martin, 58 ans, propriétaire d’un appartement en centre-ville estimé à 600 000 €. Elle souhaite dégager 300 000 € pour financer un projet, sans quitter son logement.

  • Valeur du bien : 600 000 €
  • Âge usufruitier : 58 ans → barème ~ 50 % usufruit / 50 % nue-propriété
  • Vente de la nue‑propriété → capital ≈ 300 000 €
  • Elle conserve l’usufruit à vie.
  • Elle continue à habiter ou avoir un loyer fictif s’il y a location.
  • Frais de notaire + frais d’acte à prévoir (~ acte notarié + émoluments), mais sur ce type d’opération ils sont raisonnables proportionnellement.

Cet exemple montre que pour un besoin entre 200‑350 k€, il est réaliste de répondre via la vente de nue-propriété d’un bien à valeur importante, sans perte de logement.

Démarches & étapes légales pour concrétiser la vente

  1. Estimation de la valeur vénale du bien (expert ou notaire).
  2. Calcul selon le barème fiscal de la valeur de la nue‑propriété (âge, état, localisation).
  3. Vérification du régime matrimonial et droits de propriété.
  4. Rédaction d’un acte devant notaire : préciser usufruit, durée, usage.
  5. Offre d’achat par un acquéreur (banque, investisseur, particulier).
  6. Signature chez notaire + versement du capital.
  7. Durant l’usufruit : usage/louage, entretien courant, paiement des taxes (par l’usufruitier).

Storytelling : l’histoire de Mme Dubois, 58 ans

Mme Dubois vit seule en appartement à Bordeaux, estimé à 700 000 €. À 58 ans, elle a besoin de 250 000 € pour aider ses enfants à payer leurs études et rembourser un prêt. Vendre tout le bien la forçait à quitter l’appartement qu’elle aime depuis 30 ans.

Elle choisit de vendre la nue-propriété. Grâce au barème fiscal, elle obtient ~ 50 % de la valeur : ≈ 350 000 €. Après frais, elle garde ce dont elle a besoin, et garde l’usage du logement à vie. Les gros travaux à venir sont pris en charge par l’acquéreur. Elle reste sereine, préserve son cadre de vie, et atteint ses objectifs financiers.

FAQ

Qu’est‑ce que la nue‑propriété et comment fonctionne la vente en nue‑propriété ?

La nue‑propriété est un droit réel qui correspond à la propriété d’un bien immobilier sans en avoir l’usage (l’usufruit étant séparé). Lors d’une vente en nue-propriété, le propriétaire vend uniquement la nue-propriété de son bien, mais conserve l’usufruit, c’est-à-dire le droit d’y vivre ou de le louer. Cela permet de percevoir un capital immédiat sans quitter le logement. À la fin de l’usufruit (temporaire ou viager), le nu‑propriétaire récupère la pleine propriété.

Quel capital peut‑on obtenir en vendant la nue‑propriété de son bien ?

Le montant obtenu dépend principalement de deux éléments :

  • La valeur vénale du bien immobilier (prix estimé s’il était vendu en pleine propriété)
  • L’âge du vendeur ou la durée de l’usufruit

Selon le barème fiscal officiel (article 669 du CGI), plus l’usufruit est court ou le vendeur âgé, plus la nue‑propriété vaut cher. En général, on peut espérer entre 40 % et 70 % de la valeur du bien, versés en capital immédiat. Par exemple, pour un bien estimé à 600 000 €, une vente en nue-propriété peut rapporter entre 240 000 € et 420 000 €, selon le cas.

Peut‑on rester dans son logement après avoir vendu la nue‑propriété ?

Oui, c’est même le principe fondamental de la vente en nue‑propriété. En se réservant l’usufruit, vous conservez le droit d’occuper le bien à vie (usufruit viager) ou pendant une durée fixe (usufruit temporaire).

Vous pouvez :

  • y habiter personnellement,
  • le prêter à un proche,
  • ou le louer (dans certains cas, sous conditions précisées dans l’acte notarié).

Le nu-propriétaire n’a aucun droit d’usage pendant la durée de l’usufruit.

À quel âge cette opération est‑elle la plus avantageuse fiscalement ?

Plus vous êtes âgé, plus l’usufruit est court selon l’espérance de vie statistique, donc plus la nue‑propriété vaut cher. Cela vous permet de maximiser le capital perçu tout en bénéficiant d’un allègement fiscal important sur l’IFI ou les droits de donation/succession.
À partir de 60–65 ans, la vente en nue‑propriété devient particulièrement pertinente. Mais elle peut aussi convenir dès 50 ans si le besoin de liquidité est fort et si le bien a une forte valeur.

Comment la fiscalité s’applique à la plus‑value et à l’IFI dans la vente en nue‑propriété ?

Impôt sur la plus-value immobilière : si le bien vendu n’est pas votre résidence principale, la vente de la nue‑propriété peut générer une plus-value imposable. Celle-ci est calculée au prorata de la nue‑propriété cédée. Des abattements sont appliqués selon la durée de détention (jusqu’à exonération après 22 ans pour l’impôt sur le revenu et 30 ans pour les prélèvements sociaux).
IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) : après la vente de la nue-propriété, vous ne déclarez plus la pleine propriété à l’IFI. Vous déclarez uniquement l’usufruit, ce qui réduit souvent fortement votre base taxable, voire vous en exonère.

Qui paie les gros travaux, la taxe foncière et les charges courantes ?

La répartition des charges dépend du Code civil (articles 605 et 606) et des stipulations du contrat de vente.

  • Travaux d’entretien courant (peinture, petites réparations) : à la charge de l’usufruitier
  • Gros travaux de structure (toiture, murs porteurs, réseaux) : à la charge du nu-propriétaire, sauf clause contraire
  • Taxe foncière : généralement à la charge de l’usufruitier
  • Charges de copropriété : l’usufruitier paie les charges courantes, le nu‑propriétaire les charges exceptionnelles et travaux lourds

Il est essentiel de faire préciser ces points dans l’acte notarié pour éviter tout litige.

Quels sont les risques ou les inconvénients de la vente en nue‑propriété ?

Voici les principaux points à considérer :

  1. Capital immédiat moindre que lors d’une vente en pleine propriété (en moyenne 50 % à 60 % du prix).
  2. Engagement irréversible : une fois la nue-propriété vendue, vous ne pourrez pas vendre le bien en totalité ni en modifier les droits.
  3. Durée longue de l’usufruit viager (le nu-propriétaire devra attendre des années avant d’avoir la pleine propriété).
  4. Relations juridiques entre usufruitier et nu-propriétaire : en cas de litige ou de désaccord sur les travaux, l’usage, les charges…
  5. Accès au crédit parfois restreint ensuite, si votre bien ne vous appartient plus en totalité.

Cependant, bien encadrée par un notaire et un expert indépendant, la vente en nue-propriété reste une solution sécurisée et transparente.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.