Lorsqu’un propriétaire rencontre des difficultés de remboursement de son crédit immobilier, la vente à réméré représente souvent une issue méconnue mais particulièrement efficace. Cette opération, encadrée par le Code civil (articles 1659 à 1673), permet de vendre temporairement son bien tout en conservant le droit prioritaire de le racheter dans un délai déterminé. Pour les ménages ou dirigeants d’entreprise encore engagés dans un crédit en cours, elle offre la possibilité de solder les dettes sans perdre définitivement le patrimoine. En d’autres termes, c’est une solution de financement temporaire qui redonne du souffle financier et préserve la propriété à long terme.
Comprendre la vente à réméré lorsqu’un crédit est en cours
La vente à réméré consiste à vendre un bien immobilier avec une clause de rachat. Le vendeur reçoit des liquidités immédiates qui lui permettent de rembourser les dettes urgentes ou les échéances de crédit impayées. Le bien est ensuite occupé en tant que locataire pendant la durée du contrat, jusqu’à ce que le vendeur soit en mesure d’exercer son droit de rachat. Dans le cas d’un crédit en cours, la vente à réméré sert principalement à désintéresser la banque et à stopper les procédures de saisie avant qu’elles ne s’aggravent (voir Procédure de saisie immobilière : schéma et explications). En pratique, le notaire utilise le produit de la vente pour rembourser intégralement le prêt hypothécaire et radier l’inscription du créancier sur le bien. Cela libère le propriétaire de son passif immédiat tout en lui laissant la possibilité de récupérer son logement ultérieurement, une fois sa situation financière rétablie.
Les avantages de la vente à réméré en cas de crédit en cours
Le premier avantage de la vente à réméré est la rapidité. Contrairement à un rachat de crédit ou à une procédure de surendettement, cette solution n’exige pas de passer par une banque. Elle s’adresse directement à des investisseurs privés ou institutionnels, ce qui permet de débloquer les fonds en quelques semaines. Le propriétaire en difficulté peut ainsi rembourser immédiatement son crédit en cours, éviter la déchéance du terme et stopper toute action judiciaire. Le deuxième avantage réside dans la flexibilité. Pendant la durée du contrat, le vendeur conserve la jouissance du bien, souvent moyennant une indemnité d’occupation bien inférieure à une mensualité de crédit classique. Cette période lui offre le temps nécessaire pour stabiliser ses revenus, restructurer sa dette ou vendre un autre actif. Enfin, le réméré permet de préserver le patrimoine familial. Contrairement à une vente classique, le bien n’est pas définitivement perdu. Le vendeur garde un droit de rachat prioritaire, qu’il peut exercer à tout moment dans le délai prévu au contrat, généralement compris entre 12 et 36 mois.
Bon à savoir
La vente à réméré est compatible avec un crédit hypothécaire en cours, à condition que la valeur du bien couvre le montant total du capital restant dû, des éventuels impayés et des frais annexes. Le notaire se charge d’ajuster la répartition des sommes pour solder les dettes avant de transférer le reliquat au vendeur. Pour approfondir, lire Crédit hypothécaire : fonctionnement et conditions.
Vente à réméré et crédit immobilier : comment cela se déroule ?
Le processus se déroule en plusieurs étapes encadrées par un notaire. Le propriétaire contacte un intermédiaire spécialisé qui évalue la faisabilité du réméré en fonction de la valeur du bien et du montant de l’encours de crédit. Un investisseur acquéreur est ensuite sollicité pour racheter temporairement le bien. Le prix de vente est versé au notaire, qui l’utilise pour rembourser intégralement la banque. Une fois la dette soldée, le vendeur signe un contrat de vente à réméré avec faculté de rachat à un prix fixé dès l’origine. Le vendeur peut continuer d’occuper le logement tout en travaillant à sa réhabilitation financière. Au terme du contrat, il a la possibilité de racheter le bien soit grâce à un nouveau financement, soit via la revente d’un autre actif.
Erreur fréquente
Certains propriétaires confondent la vente à réméré avec un rachat de crédit. Or, la première est une opération immobilière, tandis que le second est un produit bancaire. Dans le réméré, le propriétaire vend son bien pour générer de la trésorerie immédiate ; dans un rachat de crédit, il s’endette à nouveau pour alléger ses mensualités. Le réméré ne crée donc pas de nouvelle dette : il libère le vendeur de ses engagements financiers.
Exemple concret
Un couple propriétaire de sa résidence principale a contracté un prêt immobilier de 240 000 €. À la suite d’une baisse de revenus, plusieurs mensualités restent impayées et la banque prononce la déchéance du terme. Pour éviter la saisie, le couple opte pour une vente à réméré. Le bien est cédé à un investisseur pour 300 000 €, permettant de rembourser la banque, les frais et les dettes annexes. Le couple continue d’occuper le logement pendant deux ans, verse une indemnité d’occupation mensuelle, puis rachète le bien grâce à un nouveau prêt obtenu après régularisation de sa situation. L’opération leur a permis d’éviter la saisie tout en conservant leur maison.
À retenir
La vente à réméré avec un crédit en cours est une solution juridique de dernière chance pour éviter la saisie immobilière. Elle transforme un endettement insurmontable en levier de redressement, tout en maintenant la stabilité du foyer. En revanche, elle nécessite une gestion rigoureuse et un accompagnement professionnel, car les délais de rachat doivent être strictement respectés pour ne pas perdre définitivement le bien.
Le rôle du notaire et la sécurisation juridique
Le notaire joue un rôle central dans la vente à réméré. Il vérifie la validité de la clause de rachat, encadre le transfert des fonds et s’assure que toutes les dettes sont bien remboursées avant la signature définitive. Il veille également à la transparence du contrat, notamment sur la durée du réméré, le prix de rachat et les indemnités d’occupation. Ce cadre légal protège les deux parties : le vendeur conserve son droit de rachat et l’acquéreur bénéficie d’une garantie solide sur le bien.
Le financement du rachat après la période de réméré
Une fois la situation stabilisée, le vendeur peut solliciter un nouveau financement pour racheter son bien. Cette étape repose sur la reconstitution de la solvabilité. Les banques se montrent généralement plus favorables à un nouveau prêt lorsque le passif antérieur a été soldé grâce au réméré. Dans certains cas, le vendeur choisit de vendre le bien sur le marché libre à un prix supérieur à celui convenu dans le contrat, réalisant ainsi une plus-value tout en régularisant sa situation.
Conseil d’expert
Pour réussir une vente à réméré avec un crédit en cours, il est essentiel de bien évaluer la valeur du bien et le montant des dettes à rembourser. Une sous-évaluation peut compromettre le rachat futur, tandis qu’une surestimation peut décourager les investisseurs. L’accompagnement par un courtier ou un spécialiste du réméré permet d’obtenir un montage équilibré et sécurisé.
FAQ – Vente à réméré et crédit en cours
Peut-on faire une vente à réméré avec un crédit en cours ?
Oui, à condition que la valeur du bien permette de rembourser intégralement le prêt en cours et les éventuelles dettes connexes.
La banque doit-elle donner son accord ?
Non, le notaire rembourse directement la banque avec le produit de la vente. L’établissement n’a donc pas besoin d’approuver l’opération.
Combien de temps dure une vente à réméré ?
La durée varie généralement entre 12 et 36 mois. Elle dépend des capacités du vendeur à rétablir sa situation financière et à exercer son option de rachat.
Peut-on racheter son bien avant la fin du contrat ?
Oui, le vendeur peut exercer son droit de rachat à tout moment dès qu’il dispose des fonds nécessaires.
La vente à réméré affecte-t-elle le dossier de crédit du vendeur ?
Non, au contraire : elle permet de régulariser les dettes et d’assainir le profil financier, facilitant ainsi l’accès futur à un nouveau crédit.


