Quel est le coût d’une hypothèque ?

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
14 November 2025

Contracter une hypothèque implique bien plus que la simple garantie d’un prêt. Derrière cette sécurité juridique se cache un ensemble de frais, taxes et formalités souvent méconnus des emprunteurs. Avant de signer un acte hypothécaire, il est essentiel de comprendre combien coûte réellement cette opération, à la fois au moment de la mise en place et à la levée de la garantie.

Comprendre le principe de l’hypothèque

L’hypothèque est une garantie réelle consentie à un créancier (souvent une banque) sur un bien immobilier. Elle assure le remboursement du prêt : si l’emprunteur ne s’acquitte pas de sa dette, le créancier peut faire vendre le bien pour récupérer les sommes dues.

Cette garantie doit obligatoirement être établie par acte notarié et publiée au service de publicité foncière (SPF). L’acte hypothécaire donne ainsi un droit de préférence et de suite au créancier, le plaçant en position prioritaire en cas de défaillance du débiteur.

Mais cette sécurité a un prix : le coût d’une hypothèque regroupe plusieurs composantes, à la fois fiscales, administratives et notariales.

Les principaux frais liés à une hypothèque

Le coût total d’une hypothèque dépend du montant du prêt garanti et du type d’opération (crédit immobilier, professionnel, rachat, prêt hypothécaire in fine, etc.). En moyenne, il représente 1 % à 2 % du montant du prêt.

Les frais se décomposent en quatre grandes catégories :

  1. Les émoluments du notaire, c’est-à-dire sa rémunération pour la rédaction et la gestion de l’acte.
  2. Les taxes de publicité foncière, reversées à l’État et au Trésor public.
  3. Les débours, correspondant aux frais avancés par le notaire pour obtenir les documents et formalités.
  4. Les frais de mainlevée, à prévoir en fin de prêt pour lever l’hypothèque.

1. Les émoluments du notaire

Le notaire joue un rôle central dans la constitution d’une hypothèque. Il rédige l’acte, en vérifie la validité et en assure la publication officielle. Ses émoluments sont fixés par décret et proportionnels au montant garanti.

En moyenne, les honoraires du notaire pour un acte hypothécaire s’élèvent à 0,3 % à 0,5 % du capital emprunté, avec un minimum d’environ 250 à 300 euros.

Ces émoluments couvrent :

  • La rédaction de l’acte de prêt hypothécaire ;
  • Les vérifications juridiques et cadastrales ;
  • Le dépôt au service de publicité foncière ;
  • Les formalités de notification et d’enregistrement.

Il ne s’agit pas de “frais de notaire” au sens classique d’un achat immobilier, mais bien de frais liés à la constitution d’une garantie.

2. Les taxes de publicité foncière

Toute hypothèque doit être publiée au service de publicité foncière pour devenir opposable aux tiers. Cette publication engendre une taxe de publicité foncière, calculée en pourcentage du montant garanti.

Son taux varie selon la nature de l’acte et la localisation, mais en général :

  • 0,715 % du capital garanti pour la plupart des départements ;
  • Une part fixe de environ 15 € à 25 € pour les frais d’enregistrement.

Cette taxe est intégralement reversée à l’État et ne peut pas être négociée. Elle constitue la part la plus importante du coût fiscal de l’hypothèque.

3. Les débours et frais administratifs

Les débours représentent les sommes avancées par le notaire pour le compte de son client. Ils incluent :

  • Les frais de demande de documents cadastraux et hypothécaires ;
  • Les copies authentiques et extraits d’actes ;
  • Les correspondances administratives et timbres fiscaux ;
  • Les frais de télétransmission et de suivi de dossier.

Ces débours sont généralement compris entre 200 € et 400 €, selon la complexité du dossier et le volume de documents nécessaires.

4. Les frais de mainlevée d’hypothèque

Une fois le prêt intégralement remboursé, l’hypothèque ne disparaît pas automatiquement. Elle doit faire l’objet d’une mainlevée, c’est-à-dire d’un acte notarié constatant la fin du droit du créancier.

Cette mainlevée engendre de nouveaux frais :

  • Rédaction de l’acte par le notaire ;
  • Publication au service de publicité foncière ;
  • Taxes et débours.

Le coût moyen d’une mainlevée d’hypothèque se situe entre 0,3 % et 0,5 % du montant initial garanti, soit entre 400 € et 900 € pour un prêt de 200 000 €.

Ces frais sont souvent à la charge de l’emprunteur, sauf mention contraire dans le contrat de prêt.

Hypothèque conventionnelle et prêt notarié : une nuance importante

L’hypothèque conventionnelle ne doit pas être confondue avec le privilège de prêteur de deniers (PPD). Ce dernier est une garantie similaire mais moins coûteuse, applicable uniquement aux biens existants.

En comparaison :

  • Le PPD ne nécessite pas de taxe de publicité foncière (économie de 0,715 % du montant garanti).
  • L’hypothèque conventionnelle reste la seule solution pour garantir un bien en construction, un terrain ou un financement professionnel.

Ainsi, même si elle est plus onéreuse, l’hypothèque conventionnelle offre une flexibilité juridique et une sécurité renforcée.

Le coût de l’hypothèque dans un rachat de crédit

Lors d’un rachat de crédit, la nouvelle banque exige souvent une nouvelle hypothèque sur le bien immobilier. Dans ce cas, deux opérations coexistent :

  1. La mainlevée de l’ancienne hypothèque ;
  2. La mise en place d’une nouvelle garantie.

Cela signifie que l’emprunteur paie deux fois des frais notariés et fiscaux, augmentant le coût global du refinancement.

Pour limiter ces coûts, certaines banques privilégient la garantie par caution (via Crédit Logement, SACCEF, CAMCA, etc.), souvent moins chère et plus souple à lever.

Hypothèque professionnelle : un coût spécifique

Pour les entreprises et professions libérales, l’hypothèque conventionnelle sert fréquemment à garantir un prêt de trésorerie, un investissement immobilier ou un refinancement de dettes.

Les frais sont similaires à ceux d’une hypothèque classique, mais peuvent être légèrement plus élevés en raison de la complexité juridique des actes et du volume des formalités. Les honoraires du notaire sont alors ajustés en fonction du nombre d’intervenants (société, gérant, associés).

Durée d’inscription et incidence sur le coût

Une hypothèque conventionnelle est en principe inscrite pour 20 ans maximum. Si le prêt est remboursé avant cette échéance, la mainlevée peut être effectuée à tout moment, mais elle reste payante.

En revanche, si aucune mainlevée n’est demandée, l’hypothèque devient caduque à l’issue du délai de vingt ans. Cette expiration ne génère pas de frais, mais peut retarder une vente ou une donation en cas d’inscription toujours active au fichier foncier.

Comment réduire le coût d’une hypothèque ?

Plusieurs solutions permettent d’alléger les coûts liés à l’hypothèque :

  1. Comparer les offres de prêt avec et sans hypothèque. Certaines banques acceptent des garanties alternatives (caution, nantissement).
  2. Négocier la répartition des frais. Le contrat de prêt peut prévoir que la banque prenne à sa charge tout ou partie des frais de garantie.
  3. Prévoir la mainlevée dès la signature. En anticipant cette formalité, on évite les mauvaises surprises en fin de prêt.
  4. Opter pour une caution bancaire. Dans certains cas, elle revient 20 à 40 % moins cher qu’une hypothèque.

Hypothèque et coût total du crédit

Le coût d’une hypothèque s’ajoute au coût du crédit lui-même. Pour calculer le Taux Annuel Effectif Global (TAEG), les banques intègrent ces frais dans leur estimation, mais de manière partielle. Il est donc recommandé de les vérifier séparément pour obtenir une vision complète du financement.

Sur un prêt immobilier moyen de 250 000 €, l’hypothèque peut représenter entre 2 500 € et 4 000 €, soit l’équivalent de plusieurs mois d’intérêts.

Hypothèque et mainlevée : le coût oublié

Beaucoup d’emprunteurs découvrent le coût de la mainlevée seulement au moment de revendre leur bien. Cette dépense imprévue peut retarder la transaction, surtout si la banque tarde à délivrer l’attestation de remboursement.

Il est donc judicieux d’intégrer le coût de la mainlevée d’hypothèque dans la planification financière dès le début du prêt, au même titre que les frais de dossier ou d’assurance emprunteur.

FAQ – Coût d’une hypothèque

Le coût d’une hypothèque est-il inclus dans les frais de notaire ?
Non. Les frais d’hypothèque sont distincts des frais d’acquisition. Ils concernent uniquement la constitution de la garantie.

Peut-on éviter de payer la taxe de publicité foncière ?
Non, sauf si le prêt est garanti par un privilège de prêteur de deniers (PPD).

Combien coûte une mainlevée ?
Environ 0,3 à 0,5 % du montant initial garanti.

L’hypothèque est-elle obligatoire pour tous les prêts immobiliers ?
Non. Elle dépend du montant du prêt, du profil de l’emprunteur et des politiques de la banque.

Le coût est-il déductible fiscalement ?
Non, sauf dans le cadre d’un investissement locatif professionnel ou d’un financement d’entreprise.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.