Hypothèque légale du notaire : rôle, fonctionnement et formalités

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
14 November 2025

L’hypothèque légale est une garantie prévue par la loi qui permet à certains créanciers d’obtenir un droit sur un bien immobilier sans avoir besoin d’un accord préalable avec le propriétaire. Parmi ces créanciers, le notaire bénéficie lui aussi d’une hypothèque légale pour garantir le paiement des sommes qui lui sont dues dans le cadre de son activité professionnelle. Cette garantie lui permet d’assurer la sécurité de ses honoraires, avances ou débours engagés pour le compte de ses clients. En pratique, l’hypothèque légale du notaire obéit à des conditions strictes de fond et de forme, notamment en matière d’inscription et de publicité foncière.

Qu’est-ce que l’hypothèque légale du notaire ?

L’hypothèque légale du notaire découle des dispositions du Code civil relatives aux hypothèques d’origine légale. Elle est attribuée au notaire pour garantir le paiement des sommes dont il est créancier à raison de son ministère. Il s’agit d’un droit de garantie sur les immeubles appartenant au débiteur, qui lui permet de se faire rembourser en priorité en cas de vente ou de saisie du bien. Cette hypothèque ne naît pas automatiquement : elle doit être constatée et inscrite auprès du service de publicité foncière pour devenir opposable aux tiers.

Le notaire ne peut cependant pas l’utiliser librement. Il doit démontrer l’existence d’une créance certaine, liquide et exigible née à l’occasion de ses fonctions. Ce droit est d’interprétation stricte et ne s’applique que lorsque la loi le prévoit expressément.

Dans quels cas le notaire peut-il recourir à l’hypothèque légale ?

Le notaire peut faire inscrire une hypothèque légale dans plusieurs situations :

  • Lorsque son client ne règle pas ses honoraires ou émoluments après une prestation notariale importante, notamment une vente ou une succession ;
  • Lorsqu’il a avancé des fonds pour le compte de son client (frais d’acte, débours, droits fiscaux) et que ceux-ci ne lui sont pas remboursés ;
  • Lorsqu’il agit en qualité de représentant des parties et engage sa responsabilité financière.

Cette garantie s’applique exclusivement aux créances professionnelles liées à son activité notariale. Elle ne peut donc pas être utilisée pour d’autres dettes personnelles ou commerciales.

L’inscription de l’hypothèque légale par le notaire

Pour être valable, l’hypothèque légale du notaire doit être inscrite au service de publicité foncière (SPF) du lieu où se situe le bien immobilier du débiteur. Cette formalité est indispensable pour rendre la sûreté opposable aux autres créanciers.

L’inscription doit mentionner :

  • l’identité du notaire créancier et du débiteur,
  • le montant de la créance,
  • la désignation du bien concerné,
  • la date et le fondement juridique de la créance.

Une fois enregistrée, l’hypothèque confère au notaire un rang hypothécaire correspondant à la date de son inscription. Plus l’inscription est ancienne, plus la priorité de paiement du notaire sera forte en cas de vente du bien.

Durée et effets de l’hypothèque légale du notaire

L’hypothèque légale du notaire est valable dix ans à compter de la date de son inscription. Elle peut être renouvelée si la créance n’est pas encore soldée avant l’expiration de ce délai. Durant cette période, le notaire dispose d’un droit de préférence (il est payé avant les autres créanciers sur le produit de la vente) et d’un droit de suite (la garantie suit le bien même en cas de revente).

Tant que la dette n’est pas intégralement réglée, le bien reste grevé d’une charge qui limite la liberté de son propriétaire. Pour procéder à une revente ou à un nouvel emprunt, il sera nécessaire d’obtenir une mainlevée de l’hypothèque après paiement complet des sommes dues au notaire.

Radiation et mainlevée de l’hypothèque légale du notaire

Une fois la dette acquittée, le notaire doit effectuer une mainlevée de l’inscription. Cette formalité s’effectue auprès du service de publicité foncière, soit par l’acte du notaire lui-même, soit à la demande du débiteur muni d’une attestation de paiement.

La mainlevée met fin à l’hypothèque et rétablit la pleine liberté du bien. À défaut de radiation, l’hypothèque reste visible sur l’état hypothécaire pendant dix ans et peut compliquer une revente ou un nouveau financement.

Les frais de mainlevée sont généralement modestes (entre 100 et 300 euros selon les situations) et comprennent les émoluments du notaire ainsi que les droits d’enregistrement.

Hypothèque légale du notaire et protection du débiteur

Même si elle protège le notaire, cette hypothèque ne peut être utilisée de manière abusive. Le notaire doit justifier l’existence réelle et certaine de sa créance, sous peine d’engager sa responsabilité civile et disciplinaire. Le débiteur dispose de recours, notamment la contestation de l’inscription devant le juge de l’exécution, s’il estime que la créance n’est pas fondée ou que les conditions légales ne sont pas réunies.

Cette protection garantit un équilibre entre les droits du créancier et ceux du débiteur, tout en assurant la transparence des relations financières entre le notaire et son client.

FAQ – Hypothèque légale du notaire

Qu’est-ce qu’une hypothèque légale du notaire ?
C’est une garantie légale permettant au notaire d’assurer le paiement de ses honoraires ou débours en obtenant un droit sur un bien immobilier appartenant à son client débiteur.

Le notaire peut-il inscrire une hypothèque sans autorisation du client ?
Oui, s’il dispose d’une créance née de ses fonctions et que la loi lui reconnaît ce droit. Cependant, l’inscription doit être fondée sur une dette réelle et justifiée.

Combien de temps dure une hypothèque légale du notaire ?
Elle dure dix ans à compter de son inscription, renouvelable si la dette subsiste.

Que se passe-t-il après le paiement de la dette ?
Le notaire procède à une mainlevée, c’est-à-dire la radiation de l’hypothèque, ce qui libère le bien de toute charge.

Peut-on contester une hypothèque légale du notaire ?
Oui, le débiteur peut saisir le juge de l’exécution pour contester la validité ou le montant de la créance.

Quels biens peuvent être grevés par cette hypothèque ?
Tout bien immobilier appartenant au débiteur peut être concerné : maison, appartement, terrain ou local professionnel.

Quel est le coût d’une hypothèque légale du notaire ?
Les frais comprennent l’acte notarié, les droits d’inscription au SPF et les émoluments liés à la publicité foncière, pour un montant moyen entre 150 et 400 euros.

Le notaire peut-il cumuler plusieurs hypothèques légales ?
Oui, s’il détient plusieurs créances distinctes sur des biens différents, mais chaque inscription doit correspondre à une créance précise et justifiée.

En résumé

L’hypothèque légale du notaire est une mesure de protection essentielle pour garantir le paiement des sommes dues au professionnel dans l’exercice de ses fonctions. Elle assure la sécurité des transactions et renforce la confiance entre le notaire et son client. Bien que légitime, cette garantie doit toujours être utilisée avec rigueur et dans le strict respect des conditions légales pour préserver l’équilibre entre les droits des deux parties.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.