L’hypothèque judiciaire est une sûreté réelle immobilière prévue par le Code civil français, permettant à un créancier d’obtenir une garantie sur un bien immobilier appartenant à son débiteur. Cette garantie prend appui sur une décision de justice et vise à assurer le paiement d’une dette reconnue par un tribunal. En encadrant strictement sa création, sa publicité et ses effets, le Code civil fait de l’hypothèque judiciaire un outil essentiel de protection des droits des créanciers.
Fondement juridique dans le Code civil
L’hypothèque judiciaire trouve son fondement dans les articles 2412 à 2435 du Code civil.
Elle est expressément mentionnée à l’article 2412, alinéa 1, qui dispose :
“L’hypothèque judiciaire résulte des jugements de condamnation.”
Ce texte établit que le droit d’hypothèque judiciaire découle de la force exécutoire d’un jugement. Elle ne naît pas d’un contrat entre le créancier et le débiteur, mais de plein droit, en vertu d’une décision judiciaire.
Le Code civil distingue deux formes principales d’hypothèques judiciaires :
- L’hypothèque judiciaire définitive, résultant d’un jugement passé en force de chose jugée.
- L’hypothèque judiciaire provisoire, autorisée avant jugement pour préserver les droits du créancier dans l’attente d’une décision définitive (article 2123 du Code de procédure civile d’exécution).
Conditions d’existence
Nécessité d’un titre exécutoire
L’hypothèque judiciaire ne peut être constituée que si le créancier dispose d’un titre exécutoire (article L. 111-3 du Code des procédures civiles d’exécution).
Il s’agit notamment :
- d’un jugement civil de condamnation ;
- d’un arrêt de cour d’appel ;
- d’une ordonnance exécutoire ;
- d’un acte notarié revêtu de la formule exécutoire.
Identité du débiteur et existence d’une créance certaine
La créance doit être liquide et exigible, et le débiteur clairement identifié.
Ces éléments conditionnent la validité de l’inscription au service de la publicité foncière.
Effets juridiques de l’hypothèque judiciaire
Droit de préférence
L’article 2425 du Code civil confère au créancier hypothécaire un droit de préférence, c’est-à-dire la priorité sur le prix de vente du bien grevé. En cas de saisie immobilière, le créancier hypothécaire est payé avant les autres.
Droit de suite
L’article 2426 lui reconnaît un droit de suite : même si le bien est vendu à un tiers, le créancier peut le poursuivre entre les mains du nouvel acquéreur pour faire valoir sa garantie.
Effet sur les tiers
L’inscription au service de la publicité foncière rend l’hypothèque opposable à tous, garantissant au créancier un rang prioritaire par rapport aux inscriptions ultérieures.

Procédure d’inscription prévue par le Code civil
Formalité de publicité
Conformément à l’article 2428 du Code civil, l’inscription hypothécaire doit être faite au service de la publicité foncière du lieu de situation de l’immeuble.
L’inscription contient :
- la date et la nature du jugement ;
- le montant de la créance garantie ;
- la désignation du bien immobilier grevé ;
- les identités du débiteur et du créancier.
Délai et validité
Le créancier dispose d’un délai de deux mois après le jugement pour inscrire l’hypothèque tout en conservant son rang prioritaire.
Une fois inscrite, elle reste valable dix ans (article 2434 du Code civil).
Elle peut être renouvelée avant son expiration par une réinscription.
Intervention du notaire
La demande d’inscription passe par un bordereau d’inscription établi par un notaire.
Le notaire joue un rôle central : il vérifie le titre exécutoire, rédige le bordereau et s’assure du dépôt au service de la publicité foncière.
Hypothèque judiciaire provisoire et Code civil
Bien que la forme définitive de l’hypothèque soit prévue par le Code civil, la forme provisoire découle du Code des procédures civiles d’exécution.
Elle est autorisée avant jugement, sur autorisation du juge, lorsque la créance paraît fondée en son principe (articles L. 511-1 et suivants).
Une fois le jugement rendu, l’hypothèque provisoire devient définitive par transformation.
Coût de l’inscription judiciaire
L’inscription d’une hypothèque judiciaire entraîne divers frais légaux :
- Émoluments du notaire (rédaction du bordereau et démarches) ;
- Droits de publicité foncière (0,05 % du montant garanti) ;
- Contribution de sécurité immobilière (0,10 %) ;
- Taxes additionnelles et débours administratifs.
Le coût global moyen oscille entre 500 € et 900 €, selon la nature du jugement et le nombre de biens grevés.
Radiation et extinction selon le Code civil
Causes d’extinction
Selon les articles 2434 à 2437 du Code civil, l’hypothèque judiciaire s’éteint :
- par le paiement intégral de la dette ;
- par la mainlevée consentie par le créancier ;
- par la prescription après dix ans sans renouvellement ;
- par la disparition du bien hypothéqué.
Mainlevée et publicité
La mainlevée doit être donnée par acte notarié et publiée au service de la publicité foncière pour supprimer la garantie.
Sans cette radiation, l’hypothèque continue de figurer sur les registres malgré le remboursement.
Intérêt pratique de l’hypothèque judiciaire
Pour le créancier, cette hypothèque constitue un outil juridique efficace :
- elle empêche le débiteur de vendre ou hypothéquer son bien sans régler la dette ;
- elle garantit la recouvrabilité du jugement ;
- elle offre une priorité de paiement incontestable.
Pour le débiteur, en revanche, elle peut représenter un frein patrimonial majeur, limitant sa capacité à emprunter ou à disposer librement de ses biens.

Conclusion
L’hypothèque judiciaire, telle que régie par le Code civil, incarne l’un des piliers de la protection des créanciers.
Encadrée par des règles strictes, elle assure une garantie solide après décision de justice, tout en respectant les droits de publicité et de transparence immobilière.
Son efficacité repose sur la rigueur de la procédure d’inscription et sur la force exécutoire du titre judiciaire.
Pour tout créancier confronté à une créance impayée, elle représente un moyen de pression légal et une sécurité patrimoniale indéniable.
FAQ – Hypothèque judiciaire et Code civil
Qu’est-ce qu’une hypothèque judiciaire selon le Code civil ?
C’est une sûreté réelle sur un bien immobilier accordée au créancier en vertu d’un jugement de condamnation (article 2412 du Code civil).
Quelle est la différence entre hypothèque judiciaire provisoire et définitive ?
La provisoire est accordée avant jugement sur autorisation du juge ; la définitive découle d’un jugement exécutoire.
Quel est le délai d’inscription ?
Deux mois à compter du jugement pour conserver le rang prioritaire.
Combien de temps dure une hypothèque judiciaire ?
Dix ans à compter de son inscription, renouvelable avant expiration.
Comment la radier ?
Par un acte notarié de mainlevée inscrit au service de la publicité foncière.
Quel article du Code civil encadre l’hypothèque judiciaire ?
Les articles 2412 à 2435 du Code civil précisent son régime juridique.


