L’hypothèque conventionnelle est un outil souvent méconnu dans la gestion d’une succession. Elle peut pourtant représenter une solution de financement précieuse lorsqu’un héritier souhaite racheter des parts d’indivision, régler des droits de succession ou financer le partage d’un patrimoine immobilier. En associant la valeur d’un bien à une garantie hypothécaire, il devient possible d’obtenir un crédit pour liquider une succession sans vendre le bien familial. Cet article explique le fonctionnement de l’hypothèque conventionnelle appliquée au financement d’une succession, ses avantages, ses risques et les conditions prévues par le Code civil.
Qu’est-ce qu’une hypothèque conventionnelle
L’hypothèque conventionnelle est une garantie immobilière par laquelle un débiteur accorde à un créancier un droit sur un bien immobilier sans en perdre la propriété. Elle est dite « conventionnelle » car elle résulte d’un contrat librement signé entre les parties, établi par acte notarié et inscrit au service de la publicité foncière. Elle permet au prêteur d’être prioritaire en cas de vente du bien si la dette n’est pas remboursée.
L’hypothèque conventionnelle est définie par le Code civil, notamment aux articles 2393 et suivants. Elle constitue un moyen sûr pour un prêteur de garantir le remboursement d’un prêt, tout en laissant à l’emprunteur la jouissance de son bien.
Le financement d’une succession et ses contraintes
Lors d’une succession, les héritiers doivent souvent faire face à des besoins financiers immédiats : paiement des droits de succession, compensation entre cohéritiers, entretien ou rénovation d’un bien hérité. Lorsque la succession comprend un patrimoine immobilier, les liquidités nécessaires peuvent manquer pour procéder au partage. La vente du bien devient alors la solution par défaut, même si les héritiers souhaitent le conserver.
Le financement de succession par crédit hypothécaire est une alternative à cette vente. En plaçant le bien en garantie, l’héritier peut obtenir un financement pour racheter la part des autres héritiers ou pour régler les frais liés à la succession, tout en gardant le bien dans le patrimoine familial.
L’hypothèque conventionnelle comme garantie du financement de succession
Le crédit hypothécaire de financement de succession repose sur une hypothèque conventionnelle. Cette dernière vient sécuriser le prêt accordé à l’héritier. Le bien immobilier hérité sert alors de garantie au prêteur. Si l’héritier ne rembourse pas le prêt, la banque peut faire valoir ses droits sur le bien, selon les dispositions prévues dans l’acte notarié.
Cette garantie est particulièrement adaptée lorsque la succession porte sur un bien immobilier libre de dettes. Elle permet d’obtenir un financement à taux raisonnable, souvent plus avantageux qu’un prêt à la consommation, puisque la garantie réelle limite le risque pour le prêteur.

Comment fonctionne l’hypothèque conventionnelle dans une succession
Le processus se déroule en plusieurs étapes précises. L’héritier sollicite un financement auprès d’une banque ou d’un organisme spécialisé. Le prêteur évalue la valeur du bien immobilier destiné à être hypothéqué. Si le dossier est accepté, un notaire rédige l’acte d’hypothèque conventionnelle, précisant le montant du prêt, la durée, le taux et le bien concerné. Cet acte est ensuite inscrit au service de publicité foncière.
Une fois cette formalité accomplie, les fonds sont versés à l’héritier, qui peut alors régler les droits de succession, indemniser les autres héritiers ou entreprendre des travaux sur le bien. À la fin du remboursement, l’hypothèque est levée par un acte notarié de mainlevée.
Les avantages de l’hypothèque conventionnelle pour le financement de succession
L’hypothèque conventionnelle présente plusieurs avantages majeurs. Elle permet de conserver le bien hérité au lieu de le vendre pour régler les dettes successorales. Elle facilite également le rachat de parts entre cohéritiers en offrant une solution de financement adossée à la valeur même du patrimoine transmis. De plus, elle permet de négocier des taux plus bas que pour un crédit non garanti, grâce à la sécurité apportée au prêteur.
Sur le plan patrimonial, cette solution aide à préserver la continuité familiale. Elle évite de disperser les biens à la suite d’un décès et permet à un héritier de maintenir la possession d’un logement ou d’un local professionnel transmis dans la succession.
Les limites et risques de l’hypothèque conventionnelle
Comme tout crédit hypothécaire, l’hypothèque conventionnelle comporte des contraintes. Les frais de notaire et d’inscription peuvent être significatifs. En cas de non-remboursement, le bien hypothéqué peut être saisi et vendu pour rembourser le créancier. De plus, la mise en place du prêt nécessite un accord entre les cohéritiers si le bien n’a pas encore été partagé, ce qui peut rallonger les délais.
Cette solution reste donc adaptée aux héritiers disposant d’une capacité de remboursement stable. Il est recommandé d’être accompagné d’un notaire et d’un conseiller financier pour structurer le financement dans les meilleures conditions.
Cadre juridique de l’hypothèque conventionnelle appliquée à la succession
L’hypothèque conventionnelle relève des dispositions des articles 2393 à 2424 du Code civil. Ces textes précisent les modalités de constitution, les effets et l’extinction de la garantie. Dans le cadre d’une succession, elle doit être consentie par les héritiers majeurs ou par le représentant légal des mineurs. L’acte notarié mentionne la nature du bien, la valeur garantie et les conditions de remboursement.
L’inscription au service de publicité foncière rend l’hypothèque opposable à tous et assure au prêteur un droit de priorité sur le bien. Lorsque la dette est remboursée, la mainlevée met fin à l’hypothèque et libère définitivement le bien.
Hypothèque conventionnelle et rachat de parts successorales
Le rachat de parts entre héritiers est l’un des cas les plus fréquents d’utilisation d’un crédit hypothécaire garanti par hypothèque conventionnelle. L’héritier souhaitant conserver le bien emprunte la somme nécessaire pour indemniser les autres. Le bien hérité sert de garantie à l’établissement prêteur. Cette opération permet de régler la succession sans conflit et de maintenir le patrimoine dans la famille.
Ce type de montage est fréquent dans les successions comprenant un bien à forte valeur sentimentale, comme une maison de famille ou un domaine professionnel.
Alternatives au financement hypothécaire dans une succession
En complément ou en alternative à l’hypothèque conventionnelle, d’autres options existent. L’héritier peut envisager un prêt personnel successoral, une avance sur héritage ou un financement par rachat de parts via une société civile immobilière. Ces dispositifs ne nécessitent pas toujours de garantie réelle, mais ils offrent des montants plus limités et des taux plus élevés.

Conclusion
L’hypothèque conventionnelle appliquée au financement d’une succession est une solution de financement équilibrée entre sécurité juridique et préservation du patrimoine familial. En adossant le crédit à la valeur d’un bien hérité, elle permet à un héritier d’obtenir les fonds nécessaires pour régler les droits de succession ou racheter des parts sans vendre le bien. Encadrée par le Code civil et établie par acte notarié, elle offre une garantie solide au prêteur et une opportunité stratégique à l’emprunteur. Dans une logique de transmission patrimoniale, elle constitue un outil efficace pour financer la succession tout en protégeant la valeur du patrimoine transmis.
FAQ – Hypothèque conventionnelle et financement de succession
Qu’est-ce qu’une hypothèque conventionnelle dans une succession ?
C’est une garantie immobilière établie par acte notarié qui permet à un héritier d’obtenir un financement en mettant un bien hérité en garantie, sans en perdre la propriété.
Pourquoi utiliser une hypothèque conventionnelle pour financer une succession ?
Elle permet d’obtenir immédiatement des liquidités pour payer les droits de succession, racheter les parts des cohéritiers ou financer le partage, sans devoir vendre le bien familial.
Peut-on hypothéquer un bien avant le partage de la succession ?
Oui, mais seulement si tous les héritiers donnent leur accord. Si l’un refuse, l’hypothèque ne peut être consentie qu’après le partage.
Comment fonctionne le crédit hypothécaire pour financer une succession ?
Un héritier demande un prêt, le prêteur évalue le bien, un notaire rédige l’acte d’hypothèque puis l’inscription est publiée. Une fois les fonds reçus, l’héritier règle les droits ou rachète les parts.
L’hypothèque conventionnelle permet-elle d’éviter la vente d’un bien hérité ?
Oui. C’est son principal avantage : elle permet de conserver le bien dans le patrimoine familial tout en obtenant les fonds nécessaires pour liquider la succession.
Quels sont les risques d’une hypothèque conventionnelle dans une succession ?
En cas de non-remboursement, le bien peut être saisi. L’acte entraîne aussi des frais notariés et d’inscription, et nécessite parfois l’accord de tous les héritiers avant le partage.
Peut-on utiliser une hypothèque conventionnelle pour racheter la part d’un cohéritier ?
Oui, c’est l’un des usages les plus fréquents. L’héritier emprunte la somme nécessaire et indemnise les cohéritiers pour devenir pleinement propriétaire.
Quels frais s’appliquent à une hypothèque conventionnelle dans une succession ?
Frais de notaire, taxe de publicité foncière, frais d’inscription, frais de dossier bancaire et éventuellement frais d’évaluation ou de courtage.
Comment se lève une hypothèque conventionnelle après remboursement du prêt ?
Par un acte de mainlevée notarié, puis par la radiation au service de publicité foncière, qui libère définitivement le bien.
Peut-on hypothéquer un bien qui fait l’objet d’une succession en présence d’héritiers mineurs ?
Oui, mais la décision relève du juge des tutelles ou du représentant légal. L’acte doit impérativement protéger l’intérêt du mineur.
Quelles alternatives existent au financement hypothécaire d’une succession ?
Prêt personnel successoral, avance sur héritage, rachat de parts via une SCI ou accord amiable entre héritiers. Ces solutions offrent parfois moins de fonds ou des taux plus élevés.
La banque peut-elle refuser d’accorder un crédit hypothécaire pour une succession ?
Oui, si la valeur du bien est insuffisante, si la situation financière de l’héritier n’est pas stable ou si l’indivision empêche la constitution de la garantie.


