L’hypothèque conventionnelle, régie par le Code civil français, est l’un des instruments juridiques les plus anciens et les plus sûrs pour garantir le remboursement d’un prêt. Elle permet à un créancier — souvent une banque ou un établissement de crédit — d’obtenir une garantie réelle immobilière sur le bien d’un débiteur, sans que celui-ci perde la possession de son bien. Cette sûreté est strictement encadrée par les articles 2393 à 2424 du Code civil, qui en fixent la nature, les conditions de validité et les effets juridiques.
Définition de l’hypothèque conventionnelle selon le Code civil
L’article 2393 du Code civil définit l’hypothèque comme :
« L’hypothèque est un droit réel sur les immeubles affectés à l’acquittement d’une obligation. Elle les suit dans quelques mains qu’ils passent. »
Autrement dit, l’hypothèque est un droit réel accessoire : elle garantit le paiement d’une dette en conférant au créancier :
- un droit de préférence : il est payé en priorité sur le prix de vente du bien ;
- un droit de suite : il peut saisir le bien hypothéqué même s’il a été vendu à un tiers.
L’hypothèque conventionnelle est celle qui résulte d’un contrat conclu librement entre les parties, contrairement à l’hypothèque légale ou judiciaire.
Les conditions de validité d’une hypothèque conventionnelle
Selon le Code civil, pour qu’une hypothèque conventionnelle soit valable, plusieurs conditions doivent être réunies :
a) Une créance certaine, liquide et exigible
L’hypothèque ne peut garantir qu’une dette réelle et déterminée, actuelle ou future, mais identifiable dans son montant et sa cause.
b) Un bien immobilier appartenant au débiteur
Seuls les immeubles présents peuvent être hypothéqués. L’article 2397 du Code civil précise que l’hypothèque ne peut porter sur des biens meubles.
c) Un acte notarié
L’article 2416 du Code civil impose que toute hypothèque conventionnelle soit constatée par acte authentique reçu par un notaire.
Cet acte doit préciser :
- l’identité du débiteur et du créancier,
- la nature du bien,
- la somme garantie,
- la durée de l’hypothèque.
d) Une inscription au service de la publicité foncière
Sans inscription hypothécaire, l’hypothèque est inopposable aux tiers (art. 2424 du Code civil).
L’inscription confère au créancier une priorité sur les autres créanciers.
Les effets juridiques de l’hypothèque conventionnelle
a) Le droit de préférence
Le créancier hypothécaire est payé avant les autres créanciers, selon le rang de son inscription.
b) Le droit de suite
Même si le bien est vendu, le créancier conserve son droit et peut poursuivre la saisie du bien entre les mains de l’acquéreur.
c) L’obligation du débiteur
Le débiteur reste propriétaire et peut jouir du bien, mais il doit maintenir sa valeur (pas de détérioration ou de vente sans accord du créancier).
La durée et la radiation de l’hypothèque conventionnelle
a) Durée légale
Selon l’article 2421 du Code civil, l’inscription hypothécaire a une durée maximale de 30 ans.
Elle peut être renouvelée avant expiration pour conserver son effet.
b) Mainlevée
Lorsque la dette est remboursée, le créancier délivre une mainlevée d’hypothèque.
L’article 2422 du Code civil prévoit que la radiation doit être demandée au service de la publicité foncière, souvent par le notaire, pour effacer la garantie.
Exemple concret : application dans le financement immobilier
Un entrepreneur sollicite un prêt de 400 000 € pour acquérir un local commercial.
La banque exige une hypothèque conventionnelle sur ce bien comme garantie.
Un acte est établi par un notaire, puis inscrit au fichier immobilier.
Si l’entrepreneur rembourse le prêt, l’hypothèque est levée.
En cas de non-remboursement, la banque peut saisir et vendre le bien conformément au Code civil.

Avantages et limites de l’hypothèque conventionnelle
Avantages
- Garantie solide pour le créancier.
- Possibilité pour l’emprunteur d’obtenir un meilleur taux.
- Maintien de la propriété du bien pendant la durée du prêt.
Inconvénients
- Coût de l’acte notarié et de l’inscription.
- Mainlevée payante à la fin du prêt.
- Risque de saisie en cas d’impayé.
L’hypothèque conventionnelle dans la pratique notariale
Le notaire joue un rôle central :
- il rédige l’acte authentique,
- il effectue l’inscription hypothécaire,
- et il procède à la radiation une fois la dette éteinte.
Son intervention garantit la validité juridique et la sécurité des transactions.
FAQ – Hypothèque conventionnelle et Code civil
Quelle est la base légale de l’hypothèque conventionnelle ?
Articles 2393 à 2424 du Code civil.
L’acte doit-il être notarié ?
Oui, conformément à l’article 2416 du Code civil.
Quelle est la durée d’une inscription hypothécaire ?
30 ans, renouvelable avant expiration.
Peut-on hypothéquer un bien déjà hypothéqué ?
Oui, mais le rang de chaque créancier dépend de la date d’inscription.
Quand l’hypothèque s’éteint-elle ?
En cas de paiement intégral, de mainlevée ou de prescription (30 ans).
Conclusion
L’hypothèque conventionnelle, telle que régie par le Code civil, constitue une garantie immobilière essentielle dans le droit français.
Elle concilie la sécurité du créancier et la souplesse pour le débiteur, tout en étant encadrée par une rigueur notariale et légale stricte.
Outil de confiance, elle reste aujourd’hui une pierre angulaire du financement immobilier et professionnel, tant pour les particuliers que pour les entreprises.


