Quelle est la durée d’une hypothèque conventionnelle

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
14 November 2025

Lorsqu’un prêt immobilier ou professionnel est garanti par une hypothèque conventionnelle, l’une des questions les plus fréquentes concerne la durée de cette garantie. Combien de temps reste-t-elle inscrite ? Est-elle automatiquement levée après le remboursement du prêt ? Ou faut-il effectuer une démarche particulière ? Comprendre la durée d’une hypothèque conventionnelle est essentiel pour anticiper les coûts, éviter les blocages lors d’une vente et gérer sereinement la fin du crédit.

Comprendre la nature juridique de l’hypothèque conventionnelle

L’hypothèque conventionnelle est une sûreté réelle immobilière consentie volontairement par un propriétaire à un créancier. Elle est prévue par le Code civil, notamment aux articles 2393 et suivants. Elle permet au prêteur de saisir le bien immobilier hypothéqué si le débiteur ne rembourse pas sa dette. Contrairement à d’autres formes de garanties comme le privilège de prêteur de deniers ou le nantissement, l’hypothèque conventionnelle s’applique à tous types de biens, y compris les terrains, immeubles en construction ou biens professionnels.

La durée d’une hypothèque n’est pas celle du prêt en lui-même. Elle correspond à la période pendant laquelle le droit du créancier reste inscrit et opposable à tous. En pratique, cette durée dépend de l’inscription hypothécaire réalisée au service de publicité foncière et du type de financement garanti.

Quelle est la durée légale d’une hypothèque conventionnelle ?

En droit français, la durée d’une hypothèque conventionnelle est limitée à 20 ans maximum à compter de la date de son inscription au service de publicité foncière. Cette limite est fixée par l’article 2434 du Code civil. Passé ce délai, l’hypothèque devient caduque, même si le prêt initial court encore.

Il est possible de prévoir une durée plus courte dans l’acte notarié, en fonction de la durée du prêt. Par exemple :

  • Pour un prêt immobilier sur 15 ans, l’hypothèque sera inscrite pour 15 ans ;
  • Pour un prêt professionnel de 10 ans, elle sera limitée à 10 ans ;
  • Pour un crédit in fine sur 20 ans, elle sera généralement inscrite pour la durée maximale.

Cette inscription détermine la validité de la garantie. Au-delà du délai prévu, l’hypothèque s’éteint automatiquement, même sans mainlevée.

La durée de l’inscription hypothécaire et ses conséquences

L’inscription hypothécaire matérialise le droit du créancier sur le bien immobilier. Elle donne à la banque un droit de suite et un droit de préférence : elle peut faire vendre le bien pour récupérer sa créance avant les autres.

Une fois l’inscription effectuée, la durée court de plein droit à compter de la date d’enregistrement. Si le prêt n’est pas intégralement remboursé à l’issue du délai, le créancier doit demander le renouvellement de l’inscription pour conserver sa garantie.

Ce renouvellement doit impérativement être effectué avant l’expiration du délai de 20 ans, faute de quoi la garantie tombe automatiquement.

Le renouvellement de l’hypothèque : procédure et durée supplémentaire

L’hypothèque conventionnelle peut être renouvelée par le créancier, pour une nouvelle durée de 20 ans maximum. Ce renouvellement n’est pas automatique. Il nécessite :

  • Un nouvel acte notarié (souvent simplifié) ;
  • Une nouvelle publication au service de publicité foncière ;
  • Le paiement de frais et taxes associés.

La demande de renouvellement doit intervenir avant la date de péremption de l’inscription initiale. Si cette date est dépassée, le créancier perd toute garantie, même si la dette n’est pas éteinte.

Le coût d’un renouvellement est généralement inférieur à celui d’une première inscription, mais il reste à la charge du débiteur, sauf clause contraire.

Hypothèque et durée du prêt : les deux notions à ne pas confondre

Beaucoup d’emprunteurs pensent que la durée de l’hypothèque correspond à la durée du prêt, mais ce n’est pas toujours exact.

Prenons un exemple concret :
Une hypothèque inscrite pour 20 ans peut garantir un prêt de 15 ans. Si le prêt est remboursé intégralement au bout de 15 ans, l’hypothèque subsiste pendant encore 5 ans, sauf mainlevée. Pendant ce laps de temps, elle reste inscrite sur le bien, ce qui peut gêner une vente ou une nouvelle garantie.

Inversement, si un prêt de 25 ans est garanti par une hypothèque inscrite sur 20 ans, le créancier devra la renouveler avant la 20e année pour maintenir son droit jusqu’à l’échéance du crédit.

Hypothèque conventionnelle et mainlevée : quand et pourquoi ?

L’hypothèque ne s’éteint pas automatiquement après le remboursement du prêt. Même si la dette est soldée, l’inscription reste active au fichier foncier jusqu’à l’expiration du délai prévu.

Pour faire disparaître officiellement cette garantie, il faut demander une mainlevée d’hypothèque, réalisée par un notaire. Cette opération consiste à publier un acte constatant la fin du droit du créancier.

La mainlevée peut être demandée à tout moment après le remboursement intégral du prêt. Elle est souvent exigée lors d’une vente immobilière ou d’un refinancement, car une inscription hypothécaire empêche la réutilisation du bien comme garantie.

Que se passe-t-il à l’expiration de la durée d’une hypothèque ?

Une fois la durée de 20 ans écoulée, l’hypothèque devient caduque de plein droit. Cela signifie que le créancier ne peut plus s’en prévaloir pour obtenir paiement ou exercer de saisie.

Cependant, la mention de l’hypothèque peut encore apparaître sur les documents du service de publicité foncière pendant un certain temps. Elle est alors simplement “éteinte” juridiquement, mais non effacée matériellement.

Pour clarifier la situation, notamment en cas de vente, il est recommandé de demander au notaire de produire un état hypothécaire actualisé, confirmant la péremption de la garantie.

Hypothèque et revente du bien avant la fin du prêt

Lorsqu’un bien grevé d’une hypothèque est vendu avant la fin du prêt, deux situations se présentent :

  1. Le prêt est remboursé intégralement avec le produit de la vente. Dans ce cas, la mainlevée d’hypothèque est réalisée simultanément à la transaction.
  2. Le prêt est transféré sur un nouveau bien. Dans cette hypothèse, la banque peut maintenir l’hypothèque en la déplaçant sur le bien de remplacement, via un acte de subrogation.

Dans les deux cas, la durée initiale de l’hypothèque reste la même. Elle n’est pas réinitialisée, sauf en cas de renouvellement formel.

Durée de l’hypothèque et financement professionnel

Dans le cadre d’un prêt professionnel garanti par hypothèque conventionnelle, la durée dépend du type de financement :

  • Pour un crédit de trésorerie ou un rachat de dettes, l’inscription est souvent limitée à 10 ou 15 ans ;
  • Pour un prêt d’investissement immobilier ou un financement d’acquisition, elle peut atteindre 20 ans.

Certaines structures de financement, comme les holdings ou SCI professionnelles, demandent des durées adaptées à leurs plans de remboursement et à la nature de l’actif hypothéqué.

Hypothèque partielle, renouvelée ou prorogée : les subtilités à connaître

Une hypothèque peut porter sur la totalité d’un bien ou sur une fraction de sa valeur. En cas de remboursement partiel du prêt, le créancier peut accepter de réduire la portée de l’hypothèque, sans mainlevée totale.

La prorogation de l’hypothèque, distincte du renouvellement, permet de prolonger la garantie pour une durée supplémentaire sans créer un nouveau droit. Elle doit toutefois être publiée au même titre qu’une inscription initiale.

Ces mécanismes sont souvent utilisés dans les financements à long terme ou dans les cas de restructuration de dette.

Quels sont les frais liés à la durée et au renouvellement ?

Toute modification liée à la durée d’une hypothèque (renouvellement, prorogation, réduction) entraîne des coûts :

  • Rédaction d’un acte notarié ;
  • Taxes de publicité foncière ;
  • Émoluments et débours.

Le coût d’un renouvellement se situe en moyenne entre 0,3 % et 0,5 % du montant garanti, selon le barème en vigueur. Ces frais sont généralement à la charge de l’emprunteur, sauf clause spécifique dans le contrat de prêt.

Hypothèque et prescription : la durée de recours du créancier

Même après la péremption de l’inscription hypothécaire, le créancier conserve la possibilité d’agir en justice pour réclamer sa créance, dans la limite du délai de prescription civile (souvent 5 ans à compter du dernier incident de paiement).

Cependant, sans hypothèque en vigueur, il perd son droit de préférence sur le bien. Son action devient alors simple et non prioritaire par rapport aux autres créanciers.

FAQ – Durée d’une hypothèque conventionnelle

Combien de temps dure une hypothèque conventionnelle ?
Elle dure au maximum 20 ans à compter de son inscription au service de publicité foncière.

L’hypothèque s’éteint-elle automatiquement à la fin du prêt ?
Non, elle reste inscrite jusqu’à expiration du délai prévu ou jusqu’à la mainlevée.

Peut-on prolonger une hypothèque ?
Oui, le créancier peut demander un renouvellement avant la fin du délai initial.

Que se passe-t-il après 20 ans ?
L’hypothèque devient caduque de plein droit, sans frais, mais peut toujours apparaître sur les registres.

Faut-il payer pour lever une hypothèque avant 20 ans ?
Oui, la mainlevée est un acte notarié payant, généralement entre 400 € et 900 €.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.