Transmettre son patrimoine tout en disposant de liquidités peut sembler contradictoire. Pourtant, il est possible de donner un bien immobilier tout en conservant la possibilité d’en tirer des revenus ou d’obtenir de la trésorerie. Grâce à des mécanismes juridiques comme le démembrement de propriété, la réserve d’usufruit ou le crédit hypothécaire, un propriétaire peut anticiper sa succession, aider ses proches et améliorer sa situation financière sans vendre son bien.
La donation immobilière : un levier pour anticiper la transmission
La donation de patrimoine immobilier consiste à transférer tout ou partie de la propriété d’un bien à un bénéficiaire, souvent un enfant. Elle permet d’anticiper la succession tout en profitant d’abattements fiscaux importants. Contrairement à une vente, la donation ne nécessite pas de contrepartie financière et s’effectue généralement devant notaire. Elle peut être réalisée sous différentes formes selon les objectifs du donateur.
Donner sans se démunir : la clé de la réserve d’usufruit
Le moyen le plus sûr de donner sans se priver de ressources consiste à effectuer une donation avec réserve d’usufruit. Le parent donne la nue-propriété du bien à ses enfants mais conserve l’usufruit, c’est-à-dire le droit d’habiter ou de louer le bien. Les loyers perçus constituent une source de trésorerie régulière. À son décès, les enfants deviennent automatiquement propriétaires du bien en pleine propriété sans droits supplémentaires à payer.
Le démembrement de propriété pour équilibrer transmission et revenus
Le démembrement de propriété est un mécanisme souple qui permet de séparer la propriété d’un bien en deux droits distincts :
- L’usufruit, qui donne le droit d’utiliser le bien ou d’en percevoir les loyers.
- La nue-propriété, qui correspond au droit de disposer du bien.
En combinant ces deux droits, il est possible d’organiser une donation tout en conservant une source de revenus. La valeur de la nue-propriété donnée dépend de l’âge du donateur, selon un barème fiscal précis.
L’intérêt du démembrement temporaire
Dans certains cas, le démembrement peut être temporaire. Par exemple, un parent peut conserver l’usufruit pendant dix ans avant de le transférer automatiquement à ses enfants. Ce dispositif permet d’aider financièrement ses proches tout en conservant un revenu pendant une période déterminée. Il offre une grande flexibilité pour ajuster la transmission aux besoins de chacun.
Le crédit hypothécaire : une solution pour obtenir de la trésorerie
Lorsqu’un bien immobilier est déjà transmis ou démembré, il est encore possible d’en tirer des liquidités grâce à un crédit hypothécaire. Ce type de prêt permet d’emprunter de l’argent en mettant un bien en garantie, sans le vendre. Les fonds obtenus peuvent servir à compléter ses revenus, à financer une donation en argent ou à soutenir les projets de ses enfants. Le propriétaire conserve la pleine jouissance de son bien tout au long du prêt.
Le prêt de trésorerie hypothécaire
Le prêt de trésorerie hypothécaire est une variante spécifique du crédit hypothécaire. Il s’adresse notamment aux propriétaires âgés disposant d’un patrimoine immobilier mais de peu de liquidités. En plaçant une hypothèque sur leur bien, ils peuvent obtenir un capital ou des mensualités régulières. Cette trésorerie peut ensuite être utilisée pour financer une donation, aider un enfant ou améliorer leur confort de vie.
La combinaison entre donation et crédit hypothécaire
Un parent peut parfaitement combiner une donation et un crédit hypothécaire. Par exemple, il peut donner la nue-propriété d’un bien à ses enfants tout en conservant l’usufruit et en contractant un prêt hypothécaire sur ce dernier. Les loyers perçus permettent de rembourser le crédit, tandis que la donation réduit les droits de succession futurs. Cette stratégie permet de conjuguer transmission, revenus et liquidités.
Les abattements fiscaux applicables
La donation de patrimoine immobilier bénéficie d’abattements fiscaux importants. Chaque parent peut donner jusqu’à 100 000 euros de valeur nette par enfant sans droits à payer, renouvelable tous les quinze ans. En combinant la donation avec la réserve d’usufruit, la valeur taxable est encore réduite, puisque seule la nue-propriété est prise en compte. Cela permet de transmettre progressivement un bien tout en limitant la fiscalité.
La donation-partage pour stabiliser la transmission
La donation-partage permet de répartir les biens entre les héritiers de son vivant en fixant leur valeur au jour de la donation. Cette formule évite les litiges au moment de la succession. Elle peut s’appliquer à un bien immobilier donné en nue-propriété ou en pleine propriété. Elle assure une équité entre les enfants tout en permettant aux parents de conserver un certain contrôle sur leur patrimoine.
Le rôle du notaire dans la donation immobilière
Le notaire est indispensable pour sécuriser toute donation immobilière. Il établit l’acte, évalue le bien, calcule les droits éventuels et procède à l’enregistrement au service de publicité foncière. Il conseille également sur le choix entre la pleine propriété, la nue-propriété ou la donation avec réserve d’usufruit. Son accompagnement garantit la légalité et la transparence de l’opération.
Les précautions à prendre avant de donner
Avant d’effectuer une donation, il est essentiel de vérifier que l’opération ne compromet pas la sécurité financière du donateur. Donner sans réserve d’usufruit signifie se déposséder du bien définitivement. Il est donc recommandé de conserver un droit d’usage ou de revenus pour maintenir son autonomie. De même, il faut veiller à ne pas léser d’autres héritiers, sous peine de contestation ultérieure.
La fiscalité des revenus générés après donation
Lorsqu’un bien donné en nue-propriété continue de générer des loyers, ceux-ci restent imposés au nom du donateur usufruitier. Les enfants ne sont imposés qu’à partir du moment où ils deviennent pleins propriétaires. Cette distinction fiscale permet de continuer à bénéficier des revenus du bien tout en préparant la transmission.
Alternatives à la donation classique
Pour ceux qui ne souhaitent pas donner immédiatement, d’autres solutions existent :
- Le viager hypothécaire, qui permet d’obtenir une rente sans vendre le bien ;
- Le prêt familial, financé par un crédit hypothécaire ;
- L’assurance-vie, permettant de transmettre un capital en dehors de la succession.
Ces dispositifs offrent un bon compromis entre liquidité et conservation du patrimoine.
Conclusion
Faire une donation de patrimoine immobilier tout en dégageant de la trésorerie est tout à fait possible. Grâce au démembrement, à la réserve d’usufruit ou au crédit hypothécaire, il est envisageable d’aider ses enfants, d’anticiper sa succession et de maintenir ses revenus. L’essentiel est de choisir le bon montage, adapté à sa situation personnelle, avec l’aide d’un notaire pour garantir la sécurité et la pérennité de l’opération.
FAQ – Donation de patrimoine immobilier et trésorerie
Peut-on donner un bien sans perdre ses revenus ?
Oui, en réalisant une donation avec réserve d’usufruit, vous conservez les loyers ou le droit d’usage.
Faut-il passer par un notaire ?
Oui, c’est obligatoire pour toute donation immobilière afin d’assurer sa validité juridique.
Peut-on emprunter sur un bien donné en nue-propriété ?
Oui, le donateur usufruitier peut contracter un crédit hypothécaire sur la part qu’il détient encore.
Quels sont les abattements applicables ?
100 000 euros par parent et par enfant, renouvelables tous les quinze ans.
Est-il possible de combiner donation et crédit hypothécaire ?
Oui, c’est une stratégie fréquente pour transmettre tout en obtenant de la trésorerie.


