L’hypothèque est une sûreté réelle immobilière qui permet à un créancier de garantir le remboursement de sa créance sur un bien appartenant à son débiteur. En cas de non-paiement, le créancier dispose du droit de faire vendre le bien pour obtenir le règlement des sommes dues. En droit français, le Code civil distingue plusieurs types d’hypothèques, dont les plus courantes sont l’hypothèque judiciaire et l’hypothèque légale. Ces deux formes de garantie diffèrent notamment par leur origine, leur mode de création et leurs conditions de mise en œuvre.
Définition de l’hypothèque judiciaire
Fondement juridique
L’article 2412 du Code civil prévoit que l’hypothèque judiciaire est une sûreté résultant d’une décision de justice.
Elle est accordée à un créancier dont la créance a été reconnue par un jugement, une ordonnance ou un autre titre exécutoire.
Cette hypothèque confère au créancier un droit réel sur les immeubles du débiteur afin de garantir le paiement de la dette. Si le débiteur ne s’exécute pas, le créancier peut demander la vente forcée du bien hypothéqué.
Les formes de l’hypothèque judiciaire
Le Code civil distingue deux types d’hypothèques judiciaires :
- L’hypothèque judiciaire provisoire : elle est autorisée par le juge avant toute décision définitive. Elle a une fonction conservatoire et doit être confirmée par une décision au fond.
- L’hypothèque judiciaire définitive : elle découle d’une décision passée en force de chose jugée et produit tous ses effets juridiques.
Conditions et formalités
Pour être valable, l’hypothèque judiciaire nécessite :
- une créance certaine, liquide et exigible reconnue par le juge ;
- un titre exécutoire ;
- une inscription au service de la publicité foncière.
Sans cette inscription, l’hypothèque n’est pas opposable aux tiers.

Définition de l’hypothèque légale
Fondement juridique
L’hypothèque légale, prévue par les articles 2400 et suivants du Code civil, résulte directement de la loi et non d’une décision judiciaire.
Elle vise à protéger certaines catégories de créanciers dont la situation est expressément prévue par le législateur.
Contrairement à l’hypothèque judiciaire, elle existe de plein droit, sans qu’il soit nécessaire d’obtenir une décision de justice.
Les principales hypothèques légales
Le Code civil distingue plusieurs hypothèques légales, notamment :
- L’hypothèque légale du vendeur : elle garantit le paiement du prix de vente d’un immeuble.
- L’hypothèque légale du copartageant : elle assure le paiement des soultes lors d’un partage successoral ou d’une indivision.
- L’hypothèque légale du mineur ou du majeur protégé : elle protège le patrimoine des personnes sous tutelle ou curatelle.
- L’hypothèque légale du Trésor public : elle garantit le recouvrement des dettes fiscales.
Conditions d’opposabilité
Même si elle existe de plein droit, l’hypothèque légale doit souvent être inscrite au service de la publicité foncière pour être opposable aux tiers.
Cette formalité est généralement accomplie par le notaire ou par l’administration compétente, selon la nature de la créance.
Effets juridiques communs
Malgré leurs différences d’origine, les deux hypothèques produisent des effets similaires :
- Droit de suite : le créancier peut faire saisir et vendre le bien, même s’il a été revendu à un tiers.
- Droit de préférence : le créancier hypothécaire est payé en priorité sur le prix de vente de l’immeuble.
- Publicité foncière : l’inscription rend la sûreté opposable à tous.
Ces droits sont régis par les articles 2425 à 2434 du Code civil.
Conclusion
L’hypothèque judiciaire et l’hypothèque légale poursuivent la même finalité : garantir le paiement d’une dette grâce à une sûreté immobilière.
Cependant, leur différence essentielle réside dans leur origine :
- l’hypothèque judiciaire découle d’une décision du juge ;
- l’hypothèque légale résulte directement de la loi.
Toutes deux nécessitent une inscription pour être opposables aux tiers et sont soumises à une durée de validité de dix ans renouvelable.
En pratique, l’hypothèque légale intervient souvent dans des contextes de succession, de vente ou de protection patrimoniale, tandis que l’hypothèque judiciaire s’applique à l’issue d’une procédure contentieuse.


