Dette fiscale et surendettement : solutions légales pour propriétaires

Boris Intini
Directeur général de PraxiFinance
Mis à jour le
12 November 2025

Être propriétaire ne protège pas toujours contre les difficultés financières. Lorsqu’une dette fiscale vient s’ajouter à des crédits, des impayés ou des charges courantes, le risque de surendettement devient réel. Beaucoup craignent de devoir vendre leur maison pour apurer leurs dettes, mais des dispositifs légaux permettent d’éviter cette issue. Le droit français prévoit plusieurs solutions pour rétablir la situation financière des ménages, même lorsqu’ils possèdent un bien immobilier.

Comprendre la dette fiscale et le surendettement

Une dette fiscale correspond à une somme due à l’État au titre d’un impôt impayé : impôt sur le revenu, taxe foncière, TVA, droits de succession ou autres. Le surendettement, quant à lui, survient lorsqu’une personne ne peut plus faire face à l’ensemble de ses dettes exigibles, y compris les dettes fiscales. Les propriétaires peuvent être concernés s’ils ont accumulé plusieurs emprunts, subi une baisse de revenus ou rencontré un événement imprévu. Contrairement aux idées reçues, posséder un bien immobilier n’exclut pas la possibilité de bénéficier d’une protection légale.

Les signes d’une situation de surendettement

Certains indicateurs doivent alerter : des mensualités impayées, des relances du Trésor public, un découvert permanent ou des dettes qui augmentent malgré les paiements. Ces signaux traduisent un déséquilibre entre les ressources et les charges. Agir dès les premiers signes permet d’éviter que la dette fiscale ne déclenche des procédures de saisie ou des majorations coûteuses.

La procédure de surendettement : un droit accessible

La procédure de surendettement, gérée par la Banque de France, s’adresse à toute personne physique de bonne foi incapable de rembourser ses dettes. Elle est ouverte aux propriétaires sous certaines conditions, notamment lorsque la valeur du bien ne permet pas un remboursement immédiat des créanciers. Le dépôt d’un dossier suspend la plupart des poursuites, y compris celles du Trésor public. L’objectif est de permettre un rééchelonnement, une réduction, voire un effacement partiel des dettes, sans passer par la vente forcée du logement.

Les conditions pour déposer un dossier à la Banque de France

Pour qu’un dossier soit recevable, le demandeur doit résider en France et ne pas exercer d’activité indépendante. Il doit démontrer qu’il est dans l’impossibilité manifeste de rembourser ses dettes. La bonne foi est un critère essentiel : les dettes doivent résulter de difficultés réelles, non d’une mauvaise volonté. Le dossier doit contenir la liste complète des dettes, y compris fiscales, les justificatifs de revenus, les charges et les biens détenus.

La place de la dette fiscale dans la procédure de surendettement

Les dettes fiscales sont intégrées dans le plan de redressement au même titre que les autres créances. L’administration fiscale participe à la négociation et accepte souvent des aménagements : délais supplémentaires, réduction des majorations ou effacement partiel. Dans certains cas, une suspension complète des poursuites est accordée pendant l’examen du dossier. Cette approche vise à permettre au contribuable de se redresser sans risquer la perte immédiate de son patrimoine.

Les mesures possibles après acceptation du dossier

Si la commission juge le dossier recevable, plusieurs solutions peuvent être proposées :

  • Un plan de remboursement adapté à la capacité financière du demandeur ;
  • Une suspension temporaire des paiements pour permettre un rééquilibrage ;
  • Une réduction ou un effacement partiel de la dette fiscale ;
  • Une réorganisation globale des dettes avec suppression des intérêts et pénalités.

Ces mesures sont encadrées par la loi et doivent être validées par le juge des contentieux de la protection lorsqu’elles impactent le patrimoine immobilier.

Les propriétaires et la protection de la résidence principale

La loi protège dans certains cas la résidence principale du débiteur. La commission de surendettement n’impose pas systématiquement la vente du logement, surtout si sa valeur ne permettrait pas de solder la dette. Elle cherche d’abord à préserver un équilibre entre les droits des créanciers et les besoins essentiels du foyer. Toutefois, si la valeur du bien est importante et dépasse largement les dettes, la vente peut être envisagée comme solution raisonnable.

L’alternative du plan d’apurement fiscal

En parallèle de la procédure de surendettement, il est possible de négocier un plan d’apurement directement avec le Trésor public. Ce dispositif permet d’étaler la dette fiscale sur plusieurs mois, voire plusieurs années, tout en évitant les majorations et poursuites. Les deux démarches peuvent être complémentaires : la Banque de France pour les dettes privées, et le Trésor pour la dette fiscale. Cette combinaison permet souvent de trouver un équilibre durable.

La remise gracieuse en cas de situation critique

Pour les contribuables dont les ressources ne permettent aucun remboursement, la remise gracieuse reste une option. Elle peut être demandée en parallèle ou après la procédure de surendettement. L’administration peut effacer tout ou partie des impôts, notamment les pénalités et intérêts de retard. Cette mesure exceptionnelle s’applique surtout lorsque la dette compromet la stabilité du logement ou la santé financière du foyer.

Le rôle du notaire et du conseiller financier

Le notaire peut accompagner les propriétaires dans l’évaluation de leur patrimoine et dans la recherche de solutions juridiques, comme une hypothèque temporaire pour garantir un plan de remboursement. Le conseiller financier, quant à lui, aide à préparer le dossier de surendettement, à établir un budget réaliste et à dialoguer avec les services fiscaux. Ces professionnels permettent de trouver la meilleure stratégie pour éviter la saisie et conserver le bien immobilier.

Comment prévenir le surendettement fiscal ?

La prévention passe par une gestion rigoureuse du budget et une communication proactive avec les impôts. En cas de difficulté ponctuelle, il est préférable de demander un délai de paiement avant l’échéance plutôt que d’attendre les relances. Ajuster ses acomptes, vérifier ses avis d’imposition et anticiper les variations de revenus permet d’éviter l’accumulation de dettes fiscales.

Conclusion

Le surendettement lié à une dette fiscale n’est pas une impasse. Les propriétaires disposent de solutions légales pour régulariser leur situation sans vendre leur logement. Entre la procédure de surendettement, la remise gracieuse et le plan d’apurement fiscal, il existe des alternatives concrètes et encadrées par la loi. L’essentiel est d’agir rapidement, de prouver sa bonne foi et de solliciter les dispositifs adaptés avant que les poursuites ne soient engagées.

FAQ – Dette fiscale et surendettement

Un propriétaire peut-il déposer un dossier de surendettement ?
Oui, à condition que la valeur du bien ne permette pas de rembourser immédiatement l’ensemble des dettes.

Les dettes fiscales sont-elles effaçables ?
Oui, dans certains cas, la commission ou l’administration peuvent effacer une partie des dettes en fonction de la situation.

La Banque de France peut-elle empêcher la saisie du logement ?
Oui, la procédure suspend la majorité des poursuites pendant l’instruction du dossier.

Faut-il vendre son bien avant de déposer un dossier ?
Non, la vente n’est pas obligatoire. Elle n’est envisagée que si elle constitue une solution proportionnée et équitable.

Combien de temps dure la procédure de surendettement ?
En moyenne, entre six mois et un an selon la complexité du dossier et les négociations entre les créanciers.

Boris Intini est le Directeur Général de PraxiFinance. Régulièrement invité dans les médias pour partager son expertise sur la monétisation immobilière, il contribue à l’enrichissement du site par la rédaction d’articles dédiés aux eneux des propriétaires en recherches actives de liquidités.