Comment faire une demande de remise gracieuse de dette fiscale

Mis à jour le
12 November 2025

Lorsqu’un contribuable ne peut plus régler ses impôts à cause d’une baisse de revenus, d’une maladie ou d’un accident de la vie, l’administration fiscale peut accorder une remise gracieuse. Il s’agit d’un geste exceptionnel de bienveillance, permettant de réduire ou d’effacer une dette fiscale sans passer par une procédure judiciaire. Cette démarche, bien que discrétionnaire, est encadrée par des règles précises. Comprendre son fonctionnement et préparer soigneusement son dossier augmente les chances d’obtenir une réponse positive.

Qu’est-ce qu’une remise gracieuse ?

La remise gracieuse est une mesure exceptionnelle accordée par l’administration fiscale pour alléger tout ou partie d’une dette d’impôt. Elle peut concerner l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, la taxe foncière ou même les pénalités et majorations. Elle ne repose pas sur un droit automatique mais sur une appréciation de la situation du contribuable. L’administration évalue la gravité des difficultés financières, la bonne foi et les efforts déjà fournis pour régulariser la situation.

Qui peut en bénéficier ?

Toute personne, physique ou morale, peut déposer une demande de remise gracieuse. Cette procédure concerne aussi bien les particuliers que les indépendants ou les entreprises confrontées à une baisse de trésorerie. Les profils les plus souvent retenus sont les ménages modestes, les retraités en difficulté, les familles confrontées à des dépenses imprévues ou les contribuables ayant perdu leur emploi. La condition essentielle est de prouver une incapacité réelle et temporaire à régler la dette.

Quels impôts peuvent faire l’objet d’une remise gracieuse ?

La plupart des impôts directs sont concernés : impôt sur le revenu, taxe foncière, taxe d’habitation, contribution à l’audiovisuel public et impôts locaux. En revanche, les impôts indirects comme la TVA ou les droits d’enregistrement relèvent d’autres procédures. Les majorations, intérêts de retard et pénalités sont souvent plus faciles à obtenir en remise que le principal de la dette. L’administration peut aussi accorder une remise partielle en fonction des ressources et du comportement fiscal antérieur.

Quand faire la demande ?

La demande doit être déposée dès que la difficulté de paiement apparaît, idéalement avant que la dette ne soit transmise au service du recouvrement. Plus la démarche est anticipée, plus elle a de chances d’aboutir. Il est possible de la présenter même après une mise en demeure, mais il faut alors justifier de manière précise les causes du non-paiement. En cas de saisie déjà engagée, la remise gracieuse ne suspend pas automatiquement la procédure, sauf décision expresse du comptable public.

Comment rédiger une demande de remise gracieuse ?

La demande doit être formulée par écrit et adressée au service des impôts dont dépend le contribuable. Elle peut être transmise par courrier postal, déposée sur place ou envoyée via le service de messagerie sécurisée sur le site impots.gouv.fr. Le courrier doit rester simple, clair et factuel. Il doit mentionner les références de la dette, expliquer les difficultés rencontrées et formuler une demande précise de remise totale ou partielle. Il est conseillé d’adopter un ton respectueux, sans contestation du bien-fondé de l’impôt, puisque la remise gracieuse ne remet pas en cause la dette elle-même.

Les justificatifs à joindre au dossier

L’administration exige des pièces permettant de vérifier la sincérité de la demande. Parmi les documents les plus courants figurent :

  • Les derniers avis d’imposition et bulletins de salaire ou attestations de pension ;
  • Les relevés bancaires récents pour évaluer la situation financière ;
  • Les justificatifs de charges (loyer, crédits en cours, frais médicaux, pensions) ;
  • Les documents relatifs à un changement de situation (licenciement, divorce, maladie).

Pour les indépendants, il est recommandé d’ajouter les bilans comptables ou attestations de revenus. Un dossier complet et cohérent augmente considérablement les chances d’obtenir un avis favorable.

À qui adresser la demande ?

La demande doit être adressée au service des impôts du lieu de résidence pour les particuliers, ou au service des impôts des entreprises (SIE) pour les professionnels. Le courrier peut être envoyé au comptable public chargé du recouvrement, souvent indiqué sur les avis de paiement. En cas de rejet ou d’absence de réponse, il est possible de saisir la direction départementale des finances publiques ou la commission des remises et modérations.

Comment se déroule l’examen de la demande ?

Après réception, l’administration étudie la demande et peut demander des compléments d’information. Le délai de traitement varie selon les cas, généralement entre un et trois mois. Si la remise est accordée, une notification écrite précise le montant effacé et le solde restant à payer. Si elle est refusée, le contribuable peut déposer une nouvelle demande s’il apporte des éléments nouveaux (évolution de la situation, perte de revenus supplémentaire, etc.).

Quelles sont les chances d’obtenir une réponse positive ?

Le taux d’acceptation dépend largement de la qualité du dossier et de la situation personnelle. Une bonne foi démontrée, une première demande et une situation financière réellement fragile favorisent la décision. À l’inverse, un contribuable ayant déjà accumulé des dettes fiscales répétées ou omis de déclarer certains revenus aura plus de difficultés à obtenir une remise. L’administration apprécie les efforts de paiement et la volonté de régulariser, même partiellement.

Que faire en cas de refus ?

Un refus n’est pas définitif. Il est possible de contester la décision par un recours hiérarchique adressé au directeur des finances publiques du département. En parallèle, le contribuable peut demander un plan d’apurement pour étaler la dette. Si la situation reste bloquée, une procédure de surendettement auprès de la Banque de France peut être envisagée. Cette dernière peut proposer des mesures de réduction ou de suspension des dettes fiscales dans le cadre d’un plan global de redressement.

Conseils pour maximiser ses chances de succès

La sincérité et la précision sont essentielles. Il faut éviter les courriers génériques et privilégier une explication personnelle et détaillée. Joindre des justificatifs récents et complets montre la transparence du demandeur. Il est également utile de proposer une participation symbolique au paiement de la dette, même modeste, pour témoigner de sa bonne foi. Enfin, garder une copie de tous les documents envoyés et noter les échanges avec l’administration facilite le suivi du dossier.

Conclusion

La demande de remise gracieuse de dette fiscale est une procédure accessible à tous les contribuables de bonne foi en difficulté. En présentant un dossier complet et argumenté, il est possible d’obtenir un allègement significatif, voire un effacement total. L’administration privilégie toujours les démarches sincères et anticipées. Agir rapidement, expliquer clairement sa situation et dialoguer avec le service des impôts restent les clés pour sortir durablement d’une situation fiscale délicate.

FAQ – Remise gracieuse de dette fiscale

Peut-on faire une demande en ligne ?
Oui, via le service de messagerie sécurisée du site impots.gouv.fr, rubrique “J’ai un problème de paiement”.

Combien de temps faut-il pour obtenir une réponse ?
En moyenne entre un et trois mois selon la complexité du dossier et la charge de travail du service.

Peut-on obtenir une remise sur les pénalités uniquement ?
Oui, il est courant que seules les pénalités et les majorations soient effacées, le principal restant dû.

La remise gracieuse suspend-elle les poursuites ?
Pas automatiquement. Il faut en faire la demande spécifique dans le courrier adressé au comptable public.

Une remise gracieuse peut-elle être refusée sans justification ?
L’administration doit motiver son refus, mais elle conserve une large marge d’appréciation dans sa décision finale.